Partager 0FacebookTwitterPinterestEmail 18 Saviez-vous que la spiritualité façonne encore Córdoba ? Découvrez comment le regard de Javier Cercas éclaire nos ruelles d’une lumière nouvelle.L’Europe et la spiritualité : une histoire tissée dans les pierres de Córdoba En tant que journaliste ancrée à Córdoba, j’ai souvent entendu dire que notre ville est un carrefour des cultures. Mais au fil des années, une question m’habite : comment le passé spirituel de l’Europe s’incarne-t-il encore ici, dans nos rues ? La parution du dernier ouvrage de Javier Cercas, El loco de Dios en el fin del mundo, m’a offert une clef inattendue pour revisiter ce mystère. Cet auteur espagnol, bien qu’agnostique revendiqué, rappelle avec force combien « l’Europe est inimaginable sans le christianisme » — une affirmation qui résonne étrangement quand on flâne entre la Mezquita et les églises romanes oubliées de Córdoba. Cercas ne propose pas un essai académique mais un récit ouvert sur l’intime et l’universel. C’est précisément cette approche que je souhaite vous inviter à explorer : comment la quête de sens persiste, parfois silencieusement, au cœur même de notre cité. Entre héritage chrétien et mosaïque cordouane Lorsque j’accompagne des voyageurs francophones dans la Judería ou devant la façade austère de San Bartolomé, je vois leur étonnement : ici se superposent synagogues médiévales, vestiges islamiques et chapelles chrétiennes. Au-delà du décor pittoresque se niche une tension féconde — celle d’un dialogue permanent entre croyances et identités. Cercas raconte avoir été poussé par une interrogation maternelle sur la mort et l’au-delà ; or à Córdoba aussi, chaque pierre semble chuchoter ces questions-là. La Mezquita-Catedral reste bien sûr emblématique : édifiée comme mosquée puis consacrée cathédrale après la Reconquista, elle symbolise la capacité unique de l’Andalousie à métamorphoser son patrimoine religieux tout en conservant son âme plurielle. Les guides vous parleront d’art omeyyade ou gothique ; moi je vous invite à ressentir le poids invisible du sacré dans ses couloirs ombragés. La petite histoire qui devient universelle : méthode Cercas appliquée à Córdoba J’ai aimé lire chez Cercas son obsession pour les « choses toutes petites qui deviennent grandes ». À mon sens, c’est exactement ainsi qu’on découvre Córdoba autrement. Prenez par exemple la tradition locale du "Cristo de los Faroles" — ce Christ illuminé chaque soir sur la Plaza Capuchinos — ou les processions intimes dans nos quartiers durant la Semana Santa. Vous pourriez être interessé par Cordoba décrypte : Les Amours Factices, une Tragédie Moderne 22 avril 2025 Le retour de Lin Cortés au flamenco avec une touche plus funky dans son dernier single 27 mai 2024 Ce sont ces micro-événements collectifs qui racontent beaucoup plus que mille discours savants sur la foi ou le doute andalou. Comme Cercas le suggère si bien, il faut savoir transformer le particulier en universel. Ici, même un simple échange avec un voisin âgé sur les bancs d’une église poussiéreuse peut ouvrir des horizons insoupçonnés sur notre relation au divin et à l’histoire partagée. De l’ombre à la lumière : nouveaux regards sur notre héritage spirituel Il existe aujourd’hui un regain d’intérêt pour cette dimension invisible du voyage — ce que certains appellent tourisme spirituel ou "slow travel". Mais trop souvent, on réduit cela à quelques clichés ésotériques. Ce que j’observe personnellement depuis plusieurs années auprès des visiteurs curieux (et parfois sceptiques), c’est plutôt une envie sincère d’expérimenter autrement : S’imprégner du silence matinal dans les patios secrets des couvents encore habités. S’interroger sur le rôle social actuel des paroisses ouvertes aux migrants. Découvrir comment artistes contemporains cordouans dialoguent avec l’héritage biblique ou coranique dans leurs œuvres. À Córdoba comme ailleurs en Europe méridionale (voir cet excellent article sur le retour du pèlerinage contemporain), il me semble que cette quête ne relève ni d’un folklore figé ni d’une simple curiosité touristique : c’est une manière lucide de renouer avec notre besoin collectif de transcendance — fût-elle sceptique ou revisitée. Javier Cercas : un guide inattendu pour comprendre Córdoba aujourd’hui ? Certains lecteurs pourraient s’étonner qu’un écrivain athée éclaire si brillamment les zones grises du fait religieux en Espagne… Pourtant, sa position extérieure lui permet justement de poser les bonnes questions sans préjugés ni complaisance. Ce regard nuancé fait écho à ce que je ressens face aux débats locaux sur l’avenir du patrimoine chrétien (restauration des ermitages ruraux ? usage civique des anciens monastères ?). D’ailleurs, nombreux sont mes concitoyens — croyants comme non-croyants — qui reconnaissent combien rites ancestraux et grands récits fondateurs continuent d’influencer nos pratiques quotidiennes (jusqu’à nos fêtes païennes “déguisées” en célébrations religieuses…). Le vrai secret de Córdoba n’est-il pas là ? Dans cette capacité à intégrer doute et foi dans une même conversation vivante ? Conseils pratiques pour explorer Córdoba sous l’angle spirituel (sans cliché) Voici quelques pistes originales pour celles et ceux qui souhaitent découvrir notre ville au-delà des circuits balisés : Prendre part à une messe chantée dans une petite paroisse populaire (San Lorenzo ou San Andrés offrent souvent une atmosphère authentiquement cordouane). Flâner tôt le matin autour du Puente Romano lorsque la lumière révèle tout un jeu subtil entre sacré et quotidien. Dialoguer avec les habitants lors des festivals mixtes où se croisent traditions religieuses et culture profane (la Feria en mai n’en finit pas de mêler références chrétiennes… et paganisme joyeux !). Visiter les expositions temporaires au musée diocésain ou au Centro Flamenco Fosforito où se dessinent souvent de nouveaux récits collectifs autour du spirituel. Enfin, n’hésitez pas à consulter le programme annuel publié par le diocèse officiel pour repérer événements ouverts aux visiteurs curieux. Comme toujours en Andalousie : laissez-vous guider par votre instinct… et par vos rencontres fortuites ! Questions fréquentes La dimension spirituelle est-elle vraiment palpable lors d’une visite classique ? Oui ! Même sans démarche religieuse active, on ressent très vite – notamment dans la Mezquita-Catedral ou certaines places silencieuses – cette atmosphère unique où sacré et profane cohabitent subtilement. Peut-on visiter certains lieux sacrés hors des horaires touristiques ? Certaines paroisses ouvrent dès l’aube ou tard le soir spécialement pour prière ou méditation silencieuse – renseignez-vous localement ou demandez conseil aux habitants passionnés ! Existe-t-il des circuits alternatifs centrés sur le dialogue interreligieux ? Absolument : plusieurs associations locales organisent balades guidées axées sur coexistence judéo-chrétienne-musulmane passée… et actuelle ! Renseignez-vous auprès de l’office municipal du tourisme. Photo by Dario Brönnimann on Unsplash écrivainLittératureRoman Partager 0 FacebookTwitterPinterestEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Córdoba au volant : Pourquoi baisser la musique pour se concentrer ? entrée suivante Córdoba, confidences et renaissance : ce que la discrétion de Slimane m’inspire en terres andalouses A lire aussi Tu ne l’avais jamais remarqué ? 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