Córdoba, résidence bretonne: mon carnet d’initié pour une semaine vivante

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TL;DR

  • 🎨 Des artistes bretons secouent Córdoba avec des croquis au soleil
  • 🧭 Ateliers le matin, découvertes patrimoniales et aquarelle l’après-midi
  • 💡 Gala, Romero de Torres et un pont créatif nord-sud inattendu

Córdoba accueille une résidence bretonne et, crois-moi, ce n’est pas un simple échange d’ateliers. Entre l’ombre des patios, l’héritage d’Antonio Gala et des esquisses à ciel ouvert, j’y ai vu naître des dialogues visuels inattendus. Viens, je t’emmène dans les coulisses.

Est-ce que tu savais que des Bretons vont croquer Córdoba en plein soleil ?

C’est officiel: du 9 au 16 septembre 2025, la Fundación Antonio Gala ouvre ses portes à un groupe de peintres venus de Bretagne, emmenés par Boris Foscolo et l’atelier du Thabor. Dit comme ça, ça ressemble à une résidence de plus. En réalité, c’est un choc esthétique savoureux, quasi cinématographique: la lumière rasante sur la pierre blonde, l’odeur d’orange amère, les patios bruissant d’eau… et des carnets qui s’emplissent de gestes au fusain. J’ai vécu assez d’aubes cordouanes pour savoir que cette ville ne se laisse pas capter en photo; il faut la dessiner pour l’entendre respirer.

Ce qui me plaît ici, c’est l’ambition: rapprocher l’œuvre et l’héritage d’Antonio Gala d’un regard venu du nord, tout en mettant la ville à la portée de la main – au sens propre, avec de la peinture à l’huile le matin et de l’aquarelle dehors l’après-midi. On parle de rencontres, de concerts et de dialogues avec des artistes comme Juan Vida, mais surtout d’un apprentissage du regard. C’est pour cela que je te propose un carnet d’initié, nourri de terrain et de coups de cœur.

Pourquoi cette résidence compte vraiment (au-delà de l’agenda)

Córdoba a quatre distinctions UNESCO (patrimoine matériel et immatériel compris): ce n’est pas pour faire joli sur un prospectus. La ville est une leçon de couches: antique, omeyyade, baroque, moderne. Antonio Gala, l’andalou qui connaissait la musique des mots, a su faire vibrer cette polyphonie. Mettre des peintres bretons au cœur de la Fondation qui porte son nom, c’est demander à des oreilles neuves d’écouter la ville autrement.

Ce dialogue nord-sud n’est pas un caprice: la Bretagne et l’Andalousie partagent un culte de la lumière changeante et des matières modestes (ardoise et granit là-bas, chaux et pierre calcaire ici). Quand j’accompagne des visiteurs à l’ombre d’un patio, je les invite souvent à regarder les murs, pas les fleurs: la chaux absorbe la lumière, puis la renvoie comme un souffle. Les artistes qui jouent du fusain et de l’encre vont s’y sentir chez eux. Dans la section suivante, tu verras comment cette grammaire des textures dialoguera avec l’esthétique de Boris Foscolo et des peintres du Thabor.

Foscolo, Thabor et l’école des textures: quand le sable rencontre la chaux

Boris Foscolo aime les gestes forts, le dessin frontal, la scénographie qui vous attrape par les épaules. Son vocabulaire – charbon, encre, huile – n’est pas lisse. Il y ajoute du sable, des fragments de presse, des éléments photographiques… Autrement dit, il traite l’image comme une matière à stratifier. À Córdoba, c’est la ville elle-même qui propose le terrain: grain des murs à la chaux, ombres au cordeau sous les arcs, trames des azulejos. On croirait presque que les façades ont été préparées au gesso par un maître discret.

L’atelier du Thabor, collectif rennais solide, sait faire cohabiter dessin, gravure et sculpture sans chichis. Leur force? Une pratique assidue, parfois « non professionnelle » mais très exigeante – ce qui, crois-moi, libère souvent la main. Je parie que leurs aquarelles capteront la vibration des patios, tandis que les huiles, plus lentes, se frotteront à la Mezquita-Cathédrale et à l’épaisseur de la nuit sur le pont romain. Et avec une spécialiste comme Dolores García pour dérouler l’univers de Julio Romero de Torres, la leçon de chair, de clair-obscur et d’icône populaire promet d’être fructueuse.

Le programme, vu depuis le terrain: où regarder, quand sortir, quoi emporter

Le matin, ateliers pratiques (huile ou acrylique). L’après-midi, virées dessin/aquarelle à l’air libre, visites patrimoniales, vernissage de Juan Vida à Espacio Gala, concerts et causeries. Sur le papier, c’est carré; sur place, la lumière commande. Mes repères d’initié:

  • Heures d’or: commence tôt. Entre 8h et 10h, la chaux devient crème; après 18h30, les ombres dessinent la ville.
  • Lieux à saisir: la ruelle des fleurs pour un exercice de perspective courte; la rive près du pont romain pour les contre-jours; la Plaza del Potro pour croquer silhouettes et façades, puis filer au musée Julio Romero de Torres.
  • Palette: embarque un ocre jaune, un terre d’ombre brûlée, un bleu de Prusse pour la pierre au crépuscule et un vert émeraude pour les pots de géraniums – oui, même s’ils sont rouges, le vert portera le contraste.

Pratique: prends un carnet à papier mixte (180–200 g) pour passer du fusain à l’aquarelle sans drame, des pinces pour contrer le vent et un petit pulvérisateur d’eau – la ville est sèche, tes lavis te remercieront. Dans la section suivante, on parle de ce que cette semaine change pour la scène locale.

Effet papillon: ce que la résidence apporte à Córdoba (et inversement)

On sous-estime souvent la puissance d’une semaine intense. Pourtant, ce type de résidence agit comme une chambre d’écho: les artistes repartent avec des séries en germination, et la ville garde le souvenir de regards qui la réinventent. À Córdoba, on a parfois souffert d’un trop-plein d’images cartes postales. Or, voir un collectif rennais creuser la matière – sable, encre, découpe – peut inviter à relire la Mezquita non pas comme un monument, mais comme un palimpseste de gestes.

Côté public, ces rencontres décloisonnent. Les curieux croisent les chevalets, posent des questions, restent pour le concert du soir. On sort de la consommation express pour entrer dans un temps long – celui qui fait les liens. Pour la ville, c’est du miel: plus de conversations, plus d’archives visuelles, plus de retours. Pour les artistes, c’est un laboratoire ouvert où chaque coin de rue devient un atelier. Et si tu veux t’y glisser, la section suivante te donne la marche à suivre.

Comment suivre, rencontrer, participer (sans badge VIP)

Note les dates: 9–16 septembre 2025. Les ateliers du matin sont pensés pour les résidents; en revanche, certaines rencontres, vernissages et visites commentées sont généralement accessibles au public dans la limite des places. Le réflexe gagnant: contacter la Fundación Antonio Gala avant de te déplacer pour confirmer horaires et inscriptions.

Pendant les sessions en plein air, observe à distance respectueuse, puis engage la conversation une fois la pose terminée: la plupart des artistes adorent raconter leurs choix de papier ou la logique de leur palette. Si tu dessines toi-même, glisse un petit carnet dans ton sac – on croque mieux en duo. Et garde l’œil ouvert: les meilleures scènes se jouent souvent à l’angle d’une calleja, quand un rayon frappe un mur et que tout bascule.

Questions Fréquentes

Quand a lieu la résidence artistique à Córdoba et où se déroule-t-elle ?

Elle se tient du 9 au 16 septembre 2025 au sein de la Fundación Antonio Gala, avec des sorties dans la ville pour des sessions de dessin et d’aquarelle. Les temps forts incluent un vernissage à Espacio Gala et des rencontres publiques.

Quelles activités sont ouvertes au public pendant la résidence ?

Selon la programmation, des vernissages, concerts, causeries et visites guidées sont généralement accessibles, souvent avec jauge limitée. Renseigne-toi directement auprès de la Fondation pour les horaires et modalités d’inscription.

Qui est Boris Foscolo et pourquoi son approche est-elle intéressante ici ?

Artiste et enseignant, il mêle dessin, scénographie et expérimentation (charbon, encre, huile, sable, fragments imprimés). Son travail de stratification visuelle résonne avec l’architecture et les textures de Córdoba.

Où découvrir l’univers de Julio Romero de Torres à Córdoba ?

Au musée qui lui est dédié, sur la Plaza del Potro, parfait pour comprendre ses figures iconiques et l’usage du clair-obscur. La visite guidée par une spécialiste éclaire le regard avant de reprendre le carnet.

Photo by Veronika Scherbik on Unsplash

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