Córdoba, monuments d’un autre temps : l’incroyable rifa où deux pesetas suffisaient pour gagner une Ford !

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TL;DR

  • 🎲 Une simple rifa à deux pesetas a offert une Ford à un Cordouan chanceux !
  • 🚗 La voiture était le symbole ultime du luxe et du progrès à Córdoba en 1923.
  • 💃 Derrière ce coup d’éclat : l’audace d’une femme engagée au cœur d’une société en mutation.

As-tu déjà entendu parler de la fameuse rifa cordouane qui permettait, il y a un siècle, de repartir en Ford flambant neuve pour seulement deux pesetas ? Plonge avec moi dans ce pan méconnu de l’histoire où la chance pouvait changer une vie et où les femmes osaient, tout en finesse, secouer les traditions !

Tu savais qu’on pouvait rafler une Ford pour le prix d’un café ?

Imagine-toi en juin 1923 dans les ruelles vibrantes de Córdoba. Pas encore d’embouteillages modernes ni de files devant les parkings souterrains. Pourtant, un certain Francisco Villarejo Magán va se retrouver propriétaire d’un bolide américain mythique – un Ford T étincelant – après avoir déboursé l’équivalent d’une modeste pause-café : deux pesetas. Incroyable ? Et pourtant…

La nouvelle se répand comme une traînée de poudre dans la ville. On rêve tous de cette fortune soudaine. Mais cette histoire cache aussi un parfum d’émancipation insoupçonnée…

Quand la loterie changeait tout : petite mise en scène historique

L’affaire commence sous l’impulsion d’Ángeles Carbonell y Morand de Fresneda – épouse du général Miguel Fresneda et héritière de la célèbre famille Carbonell (oui oui, celle des huiles mythiques). À la tête d’une association catholique féminine (l’Acción Católica de la Mujer), Ángeles joue habilement avec les codes pour porter la voix des femmes… sans jamais froisser vraiment l’ordre établi du régime Primo de Rivera.

Objectif ? Financer des œuvres éducatives et caritatives destinées aux femmes grâce à cette rifa totalement inédite. Avec sept mille billets proposés aux habitants avides d’un avenir plus rapide (et plus brillant), c’est le frisson collectif assuré.

Le tirage lui-même s’organise comme un événement mondain : urne scellée devant notaire et témoins officiels, extrait solennel par la main innocente du petit Antonio Morales y Sapte… Le numéro gagnant (le fameux 1113) entre alors dans la légende locale.

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Le mythe du Ford T à Córdoba : vitesse = modernité + prestige

En ces années folles espagnoles, posséder ne serait-ce qu’une bicyclette relevait déjà du privilège ; mais alors, une voiture importée des États-Unis ? C’était le nec plus ultra !

Le Ford Modèle T, star absolue chez Henry Ford à Détroit depuis 1908, coûtait outre-Atlantique trois cents dollars – mais ici son prix grimpait aussitôt avec taxes et rêves d’Amérique. Pour Córdoba, voir débarquer un tel engin équivalait au passage du noir & blanc à la couleur !

Gagner cette auto lors d’une rifa populaire valait mille anecdotes autour du brasero familial… Mon propre grand-oncle me racontait encore gamin comment le gagnant roulait fièrement dans les faubourgs sous les regards ébahis – aujourd’hui cela ressemble presque à décrocher un aller simple pour Mars sur Netflix.

L’audace féminine discrète derrière le folklore

Ce qui rend cette histoire si croustillante aujourd’hui n’est pas juste la chance insolente ou le clinquant mécanique. Non ! C’est aussi ce petit vent subtilement révolutionnaire soufflé par Ángeles Carbonell y Morand de Fresneda.

Dans un contexte où la femme espagnole était priée de rester discrète et pieuse, elle orchestre – via son rôle caritatif – toute une opération médiatique doublée d’un geste social fort. On est loin des militantes affichées mais bel et bien sur le terrain : financer l’éducation féminine tout en offrant aux familles modestes un rêve fou accessible… Voilà ce que j’appelle faire avancer les lignes sans avoir l’air d’y toucher !

C’est peut-être ça le vrai chic andalou : changer l’histoire par petites touches sans jamais hausser le ton…

Héritage local : entre archives vivantes et souvenirs collectifs

Aujourd’hui encore au sein du superbe Archivo Histórico Provincial de Córdoba dort précieusement l’acte notarié qui retrace cette aventure digne d’une nouvelle de García Márquez.

Les Cordouans continuent – souvent sans s’en rendre compte – à cultiver cet esprit où hasard heureux et solidarité s’entrelacent subtilement. Chaque coin de rue recèle sa petite légende urbaine. Cette fameuse rifa prouve que notre patrimoine ne se résume pas qu’aux pierres romaines ou aux patios fleuris… Il vit aussi dans ces moments suspendus où tout devient possible pour quelques pesetas.

Questions Fréquentes

Comment fonctionnaient les rifas solidaires à Córdoba au début du XXe siècle ?

À l’époque, ces loteries étaient organisées par des associations locales (souvent religieuses) pour récolter des fonds destinés à l’aide sociale ou éducative. Elles étaient très populaires car elles permettaient à chacun(e) de rêver grand avec peu.

Pourquoi la voiture était-elle si prisée lors des rifas ?

Posséder une voiture représentait alors non seulement un luxe inaccessible mais aussi le summum du progrès moderne. Gagner un tel véhicule changeait radicalement le statut social !

Qui était Ángeles Carbonell y Morand de Fresneda ?

Issue d’une grande famille industrielle cordouane (huile Carbonell), elle fut pionnière dans l’engagement social féminin discret mais efficace via ses activités associatives dès les années 1920.

Photo by Annie Spratt on Unsplash

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