14 Córdoba, bien au-delà de ses patios fleuris, a ses propres « simas de la desesperación » où se mêlent humanité et déchéance. Que peut-on apprendre des marges à travers l'œil féroce de Céline ? Cette plongée insolite relie les bas-fonds littéraires aux secrets cachés de ma ville.Une rencontre inattendue entre Córdoba et Céline Marcher dans Córdoba, ce n’est pas seulement flâner dans la Judería ou photographier la lumière dorée sur les murs du pont romain. C’est aussi croiser ces petites rues oubliées où l’histoire s’enlise dans l’ombre – et parfois, je me surprends à penser aux mondes souterrains que décrit Louis-Ferdinand Céline dans ses romans perdus puis retrouvés. Dernièrement, la redécouverte de "Londres", ce texte brut et ravageur écrit juste après "Guerre", m’a frappée comme une révélation : chez Céline, comme dans certaines parcelles méconnues de mon Córdoba natal, il existe une humanité cabossée qui refuse tout vernis. La violence latente, le sentiment d’abandon et la rage sourde ne sont pas réservés au Londres interlope du début du XXe siècle. Dans certains quartiers excentrés de notre ville ou au cœur même des nuits andalouses, résonnent encore les échos d’une marginalité universelle. "Ce n’est pas le pittoresque mais le vrai qui fascine — et parfois glace le sang." Marges cordouanes : humanité en creux sous les arcades Je me souviens d’avoir guidé un groupe d’amis français à travers San Lorenzo à minuit passé. Les touristes étaient loin ; seules quelques silhouettes pressées glissaient sous les lampadaires jaunes. Ici aussi vivent ceux qu’on oublie volontiers : travailleurs précaires venus d’ailleurs, poètes désœuvrés partageant un banc avec des rêveurs brisés… La lecture de Céline bouscule : sa galerie de perdants – proxénètes, drogués ou policiers véreux – pourrait être transposée dans n’importe quelle grande ville méditerranéenne. À Córdoba aussi, derrière le calcaire poli des monuments classés Unesco (patrimoine mondial), subsistent des histoires tues que peu prennent le temps d’écouter. Mais attention : il ne s’agit pas ici d’accabler ou d’exalter la misère. Plutôt d’admettre que toute cité vivante porte en elle son envers nocturne – un espace où se mêlent peur, solidarité inattendue et débrouillardise inventive. Vous pourriez être interessé par La crise de sécheresse à Cordoue : Découvrez le niveau actuel des réserves d’eau aujourd’hui 27 octobre 2023 Medina Azahara : un dernier adieu sans politique de partis 30 octobre 2024 Ce que nous enseignent les bas-fonds littéraires… Pourquoi explorer cette facette moins reluisante ? Parce que comprendre une ville passe aussi par ses zones grises. L’œuvre de Céline — crue comme un ciel sans étoiles — rappelle combien il est dangereux (et stérile) de ne vouloir voir que beauté et harmonie. Dans mes balades nocturnes (parfois pour rédiger un reportage sur l’art urbain), j’ai découvert des fresques murales criant l’espoir ou la colère discrète d’une jeunesse cordouane délaissée (voir ce dossier sur le street art local). Comme chez Céline, pas de morale facile ; simplement des vies qui se débattent. Peut-être faut-il lire ces pages sombres pour oser franchir le seuil du réel — car c’est là que se cachent les ferments du changement ou cette force poétique qui permet à une ville de renaître sans cesse. Entre patrimoine brillant et ombres nécessaires : mon regard sur Córdoba aujourd’hui J’aime rappeler à mes lecteurs qu’un séjour réussi ne consiste pas seulement à collectionner les plus beaux clichés Instagram devant la Mezquita. Osez vous perdre ! Interrogez les contrastes flagrants entre quartiers rénovés et venelles laissées pour compte. Ce n’est pas faire offense à Córdoba que d’évoquer sa complexité humaine. Bien au contraire : c’est rendre hommage à cette capacité andalouse unique d’absorber douleurs collectives et bonheurs fugaces dans un même élan vital. Nous avons tous quelque chose à apprendre en descendant (au moins par l’imagination) dans ces « simas » intérieures où palpite encore une humanité indomptable. Questions fréquentes Y a-t-il des quartiers à éviter lors d’une visite nocturne à Córdoba ? Certains secteurs excentrés méritent prudence tard le soir (comme partout ailleurs). Privilégiez toujours les rues animées et informez-vous auprès des locaux ou guides officiels pour vos explorations hors-piste. Pourquoi rapprocher Céline et Córdoba alors qu’il n’a jamais visité l’Andalousie ? Parce que sa façon brute de dépeindre la marge résonne étonnamment avec ce qu’on ressent parfois en s’aventurant loin des sentiers battus ici — tout comme ailleurs en Méditerranée. Où découvrir la face underground ou alternative de Córdoba ? Essayez l’Axarquía pour son ambiance bohème ou laissez-vous surprendre par certains bars-galeries autour du Campo Madre de Dios ; ouvrez grand les yeux aux graffs discrets près du Guadalquivir ! Photo by Tien Vu Ngoc on Unsplash écrivainLittératureRoman 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Córdoba et le secret du bocadillo basque : une pause gourmande estivale à ne pas manquer entrée suivante Córdoba et James Bond : un voyage inattendu entre mythe et cinéma A lire aussi Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025 Inattendu à Córdoba: Manu Sánchez revient à Cabra,... 1 septembre 2025 À Córdoba, Benamejí en compás: ma nuit au... 31 août 2025 Córdoba flamenco: mes lieux vrais où sentir le... 31 août 2025 Córdoba, Filmoteca: mes secrets pour vivre la rentrée... 30 août 2025 Córdoba, et si une série galicienne réveillait nos... 29 août 2025 Córdoba en Lego: la rentrée comme un local…... 28 août 2025 Córdoba, chirigota del Canijo: la halte immanquable avant... 28 août 2025