11 Savez-vous que le tube «Là-bas» de Goldman cache un destin bouleversant, lié à la mémoire de Sirima ? Découvrez ce récit entre musique, drame et héritage.Un air familier à Córdoba : comment « Là-bas » résonne loin de Paris En tant que Cordouane passionnée par les histoires qui relient les cultures, je ne peux m’empêcher de ressentir une étrange émotion quand « Là-bas » passe sur les ondes d’un café du quartier San Andrés. Ce titre mythique de Jean-Jacques Goldman et Sirima n’est pas qu’une chanson française parmi d’autres ; il transporte avec lui un pan entier d’humanité, fait d’espoirs migratoires et de rêves brisés. Mais derrière la mélodie que nous connaissons tous se cache une histoire poignante que peu connaissent ici en Andalousie — celle de Sirima Wiratunga. J’ai longtemps cru que ce duo symbolisait simplement l’envie d’ailleurs. Mais c’est en croisant par hasard le documentaire « Elle s’appelait Sirima », diffusé sur France 3 en 2021, que j’ai saisi l’ampleur tragique du destin de cette artiste méconnue. Ce récit est loin des clichés touristiques : il interroge nos liens invisibles avec ceux qui rêvent d’un ailleurs – tout comme tant de Cordouans partis pour Madrid ou Londres. Sirima : entre ombre et lumière d’une voix éteinte trop tôt On sait peu de choses sur Sirima à Córdoba, mais son histoire mériterait d’être racontée sur nos places publiques. Née au Sri Lanka, élevée en Angleterre puis arrivée à Paris à l’âge adulte, elle chantait dans le métro parisien quand un proche de Goldman la découvre. Sa voix habitée fait chavirer Goldman qui cherchait alors une partenaire authentique pour incarner le désir profond du départ dans « Là-bas ». Mais derrière la lumière des projecteurs se cache un drame intime terrible : victime de violences conjugales, elle est assassinée à 25 ans par son compagnon jaloux. Cette réalité crue contraste violemment avec la douceur éthérée du duo qu’elle formait avec Goldman — rappelant que même les histoires les plus inspirantes cachent parfois des abîmes silencieux. Héritages cachés : ce que Córdoba peut retenir du destin de Sirima Ce qui me frappe dans le récit de Sirima, c’est l’idée d’héritage secret. Peu savent que cette jeune femme avait un fils prénommé Kym. Après sa mort brutale en 1989, Kym fut élevé loin du tumulte parisien par sa grand-mère maternelle en Angleterre. La chanson qu’elle lui dédiait sur son album "A Part of Me" – véritable berceuse universelle – transcende toutes les frontières linguistiques et culturelles : Vous pourriez être interessé par Fosforito reçoit la Médaille de la Ville et titre d’Honneur à Málaga 22 octobre 2024 Córdoba rend hommage à Carlos Clementson : secrets d’une voix poétique vivante 2 juin 2025 Je tiendrai ta petite main… Je serai ton soleil et toi ma lune… Cette transmission discrète touche droit au cœur ; elle rappelle aux familles cordouanes séparées par l’émigration ou les aléas de la vie que la mémoire circule autrement qu’à travers le sang ou la géographie. L’histoire de Kym résonne aussi chez ceux dont un parent s’efface brusquement du paysage familial – phénomène hélas fréquent partout dans le monde. Quand la musique devient refuge : mon regard depuis Córdoba À Córdoba comme ailleurs, la musique joue souvent ce rôle apaisant dans nos vies troublées. En flânant rue Alfaros ou sous les arches de la Mezquita au crépuscule, j’ai surpris bien des conversations où chacun partage ses chansons "doudous", celles qui pansent des blessures invisibles. Le parcours tragique mais lumineux de Sirima illustre cette capacité magique qu’a une simple mélodie à réunir autour d’une expérience commune — même lorsqu’elle parle d’exil ou d’absence. En 1994, lors du concert des Enfoirés, Goldman rend hommage à Sirima devant un public bouleversé (un moment émouvant à revoir sur France Télévisions). Pour moi, cet hommage réactive chaque année ici en Andalousie une réflexion précieuse sur nos propres mémoires musicales collectives : comment elles deviennent parfois refuges pour ceux qui restent. Leçons andalouses pour garder vivante l’histoire oubliée de Sirima Pourquoi raconter tout cela ici ? Parce qu’à Córdoba nous savons combien il importe de ne pas laisser sombrer les récits discrets au fond des oubliettes historiques. Nos patios cachent mille secrets transmis par les anciens ; nos processions célèbrent chaque année l’endurance invisible des mères et enfants marqués par l’absence ou l’exil. Découvrir la vie (et non seulement la mort) de Sirima invite à porter un regard neuf sur nos propres familles métissées — bien plus nombreuses qu’on ne croit autour du Guadalquivir ! Cela rejoint aussi une tradition locale forte : celle des coplas chantées jadis pour conjurer le sort et célébrer malgré tout la beauté fragile du quotidien. Pour aller plus loin sur ces thèmes croisées entre histoire personnelle et mémoire collective : Lire cet article approfondi sur la migration féminine et musicale. Comment transmettre ces histoires aux générations futures ? Je rêve qu’ici à Córdoba — ville fière où chaque ruelle porte trace du passage humain — on puisse apprendre aux jeunes générations à honorer ces destins effacés. Pourquoi ne pas intégrer dans nos ateliers artistiques scolaires un module dédié aux voix oubliées comme celle de Sirima ? Ou même organiser un soir d’été une veillée musicale où seraient lus textes et chansons venus "d’ailleurs" mais si proches par leur intensité émotionnelle ? Là réside peut-être le vrai patrimoine immatériel andalou : celui qui sait donner place au silence des absents sans jamais rompre le fil vivant du souvenir partagé. Questions fréquentes Qui était vraiment Sirima Wiratunga ? Sirima était une chanteuse franco-britannique née au Sri Lanka ayant connu une ascension fulgurante grâce à son duo avec Jean-Jacques Goldman («Là-bas») avant sa mort tragique en 1989. Pourquoi « Là-bas » a-t-il eu autant d’impact ? Parce qu’il incarne le rêve universel d’ailleurs ; sa force réside aussi dans l’authenticité vocale unique apportée par Sirima. Où écouter encore aujourd’hui ses chansons moins connues ? On trouve ses albums rares sur plusieurs plateformes comme Deezer ou YouTube Music ainsi que quelques vinyles collectors chez certains disquaires spécialisés. Photo by Peter Herrmann on Unsplash fête de la musiqueMémoireViolence 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Córdoba et l’icône d’Almost Famous : ce que le fameux poster nous dit sur la célébrité… et sur nous-mêmes entrée suivante Córdoba et 13 jours 13 nuits : Ce que l’Afghanistan nous murmure sur nos propres héros A lire aussi Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025 Inattendu à Córdoba: Manu Sánchez revient à Cabra,... 1 septembre 2025 À Córdoba, Benamejí en compás: ma nuit au... 31 août 2025 Córdoba flamenco: mes lieux vrais où sentir le... 31 août 2025 Córdoba, Filmoteca: mes secrets pour vivre la rentrée... 30 août 2025 Córdoba, et si une série galicienne réveillait nos... 29 août 2025 Córdoba en Lego: la rentrée comme un local…... 28 août 2025 Córdoba, chirigota del Canijo: la halte immanquable avant... 28 août 2025