12 Et si le génie de Lalo Schifrin résonnait aussi à Córdoba ? Plongez dans l’héritage secret du compositeur de Misión: Impossible, entre jazz, cinéma et Andalousie.Quand Córdoba vibre au rythme de Lalo Schifrin Le 7 mars 2024, le monde a perdu une légende discrète mais essentielle : Lalo Schifrin. Pour beaucoup, son nom évoque instantanément les notes syncopées et inimitables de la musique de "Misión: Impossible". Mais en tant que Cordouane passionnée par la façon dont notre patrimoine s’entrelace avec celui du monde, j’ai envie d’explorer une question rarement posée : que nous dit le parcours d’un tel génie sur notre propre rapport à la culture locale — et comment peut-on, à Córdoba, s’inspirer de sa manière d’unir les mondes ? Si je ferme les yeux dans un patio cordouan un soir d’été, il me semble parfois entendre des échos de jazz s’entremêler aux accords sépharades ou aux palmas flamencas. C’est tout l’art du métissage que Schifrin a porté au sommet. Et ici à Córdoba, terre de brassages ancestraux, c’est un écho qui résonne tout particulièrement. Un Argentin universel : Lalo Schifrin en quelques clés inédites Né à Buenos Aires mais formé à Paris avant d’être propulsé vers le jazz américain grâce à Dizzy Gillespie (rien que ça !), Lalo Schifrin incarne la rencontre fertile des continents. Ce qui m’a toujours frappée chez lui n’est pas seulement sa virtuosité (bien que 5 Grammy Awards et une étoile sur Hollywood Boulevard ne soient pas rien), mais surtout son goût pour la fusion : tango revisité au jazz, percussions latines glissant dans une scène policière hollywoodienne… Dans sa carrière — plus de cent musiques de films dont "Bullitt", "Harry el sucio" (Dirty Harry) ou encore "Starsky & Hutch" — il n’a cessé d’oser des ponts musicaux inattendus. Son Oscar honorifique reçu des mains de Clint Eastwood en 2018 fut comme l’accolade ultime au pouvoir subversif de la diversité musicale. À Córdoba aussi, j’ai souvent observé cette inventivité dans la programmation musicale alternative : festivals jazz-flamenco près du Guadalquivir (Festival Internacional de la Guitarra), fanfares improvisées pendant les nuits blanches… Une effervescence créative bien vivante ! Vous pourriez être interessé par Découvrez les trésors vivants des musées de Baena en mai 7 mai 2025 Plongée dans l’univers de Sheherazade au Gran Teatro 3 avril 2025 Jazz & Al-Andalus : histoire(s) croisées sous les arcades Il suffit d’assister à un concert sur la Plaza Corredera pour sentir combien notre ville aime brouiller les pistes entre les genres. La Judería garde mémoire du dialogue entre traditions juives, arabes et chrétiennes ; aujourd’hui encore se mêlent influences du Maghreb et rythmes contemporains. Or ce dialogue est précisément ce qui fait l’essence du travail de Schifrin. J’ai eu l’occasion un jour d’échanger avec un jeune saxophoniste local après un set endiablé sur les marches du Palacio de Viana. Il me confiait : « Ici on aime faire voyager la musique comme autrefois voyageaient les idées ou les épices ». Une phrase qui aurait pu plaire à Schifrin — lui qui écrivait des quatuors inspirés par le malambo argentin ou le tango pendant la pandémie ! Pour aller plus loin sur le rapport entre musiques métissées et histoire cordouane : L’héritage musical interculturel en Andalousie. Cinéma et héritage vivant : regards croisés entre Hollywood et Mezquita Peut-être vous demandez-vous quel lien tisser avec Córdoba lorsque l’on parle d’un compositeur argentin star aux États-Unis ? Je crois qu’il réside dans cette capacité à rendre universel ce qui est singulier. Prenons la Mezquita-Catedral : elle n’est jamais figée dans son passé glorieux ; chaque visiteur y projette sa propre histoire. De même, chaque note composée par Schifrin évoque autant Buenos Aires que Los Angeles ou Paris… mais aussi nos propres ruelles où flotte un parfum d’aventure digne des grandes bandes originales. Par ailleurs, savez-vous qu’il existe aujourd’hui à Córdoba une petite communauté cinéphile férue de musiques originales ? Plusieurs bars culturels organisent régulièrement des soirées autour des grands thèmes du cinéma mondial. J’y ai assisté récemment à une session hommage où jeunes DJ mixaient des samples jazzy avec quelques notes reconnaissables du fameux thème "Misión: Impossible" – version flamenca ! Les frontières se dissolvent alors sans effort. Conseils pour explorer Córdoba sur une note jazzy (et secrète) Patios sonores : Pendant le festival annuel des patios en mai, ouvrez l’oreille aux groupes locaux qui revisitent souvent standards internationaux… parfois même sous influence argentine ! Bars cultes : Testez le Jazz Café (Calle Rodríguez Marín) où l’on programme souvent du live mêlant soul sud-américaine et groove andalou. Librairies-cinémas : Poussez jusqu’à Sojo Mercado où concerts intimistes côtoient projections rétro — idéal pour goûter cet esprit "mélangeur" cher à Schifrin. Initiations musicales : Certains ateliers municipaux proposent (notamment pour enfants !) des découvertes interactives autour des musiques du monde – renseignez-vous auprès de l’Espace Jeune. Flâner autrement : Emportez vos écouteurs lors d’une balade nocturne dans l’Alcázar Viejo ; créez votre propre bande-son en alternant jazz argentin et guitare andalouse… Sensations garanties ! « Rendre universel ce qui est local » – voilà sans doute ce que nous enseigne Schifrin. Et si on osait appliquer cette maxime lors de nos prochaines escapades ? Questions fréquentes Où écouter du jazz ou des musiques métissées à Córdoba ? Vous trouverez plusieurs bars (comme Jazz Café) programmant régulièrement concerts et jam sessions autour du jazz fusion ou latino-américain. Le Festival International de Guitare accueille également chaque année artistes venus d’horizons très divers. Existe-t-il des événements en hommage au cinéma ou aux compositeurs célèbres ? Oui ! Certaines institutions culturelles locales organisent projections spéciales ou soirées thématiques dédiées aux grandes musiques originales ; consultez les programmes mensuels ou rapprochez-vous des associations cinéphiles cordouanes. Peut-on découvrir facilement ces influences lors d’une visite classique ? Absolument — mais il faut parfois sortir des sentiers battus ! Privilégiez petits concerts intimistes, marchés nocturnes animés ou ateliers musicaux pour ressentir pleinement cette énergie créative. Photo by Oleg Kuzmin on Unsplash bande sonorecompositeurfête de la musique 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Córdoba en terrasse : flamenco au coucher du soleil, secrets d’une expérience inoubliable entrée suivante Córdoba sous le charme de Maka : flamenco fusion comme un local A lire aussi Orchestre de Cordoue : tu le savais ?... 5 septembre 2025 Cordoue, où l’amitié ressemble à un crush: voilà... 5 septembre 2025 Filmoteca de Andalucía à Cordoue : tu le... 4 septembre 2025 À Cordoue, Romero de Torres vs Warhol: tu... 4 septembre 2025 Sorolla revient avec une plage oubliée: ce que... 3 septembre 2025 Córdoba, résidence bretonne: mon carnet d’initié pour une... 3 septembre 2025 Arcana à Córdoba: la Mezquita chuchote une élégance... 2 septembre 2025 Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025