12 Avez-vous déjà écouté du rap cordouan qui fait réfléchir ? Plongez dans Buenos tiempos, l’album né de la rencontre entre Juaninacka et le producteur Ciclo : un bijou alliant introspection, beats pointus et l'âme vibrante de Córdoba.Entre racines cordouanes et sonorités urbaines Quand on parle de Córdoba, ce n’est pas forcément le rap qui vient en premier à l’esprit… Et pourtant ! En tant que Cordouane fière de mes origines et passionnée par les histoires locales qui résonnent loin des clichés touristiques, je ne pouvais pas passer à côté de la sortie de « Buenos tiempos », fruit d’une collaboration exceptionnelle entre Juaninacka, légende du rap espagnol, et le producteur cordouan Ciclo. Ce duo ne s’arrête pas à la simple création musicale : il incarne l’évolution du hip hop andalou. J’ai eu la chance d’assister à quelques sessions studio chez Ruanda Records (à Málaga, mais avec une forte empreinte cordouane), où l’on ressentait une atmosphère presque spirituelle – une alchimie rare entre technique pointue et réflexion existentielle. Un album pour penser le monde… depuis Córdoba Ce qui frappe d’emblée dans « Buenos tiempos », c’est son ambition intellectuelle. Ici, pas question de bling-bling ou de récits superficiels : chaque morceau navigue entre introspection profonde et critique sociale mordante. Juaninacka signe des textes d’une maturité rare – parfois caustiques face aux dérives contemporaines (hyperconnexion, individualisme…), parfois tendres lorsqu’il aborde les promesses du futur ou la mémoire collective. Les références philosophiques abondent : Aristophane, Byung-Chul Han ou encore Marina Garcés s’invitent dans les paroles… Et derrière chaque beat se cache la main experte de Ciclo. Il a su tisser un écrin musical où se croisent cuivres vibrants (signés Zak Nelson), guitares funky (Martin Vereda), talkbox rétro (Sholo Truth) et nappes électroniques élégantes (Gregorio Herreros). Le résultat ? Une bande-son urbaine authentique qui reste viscéralement liée aux pavés de Córdoba. "Un disque qui regarde notre époque sans détourner le regard ni masquer les blessures." De l’artisanat sonore au message universel Ce que j’admire particulièrement dans cette œuvre, c’est sa dimension artisanale. Loin des productions aseptisées qu’on entend trop souvent sur les grandes plateformes internationales, Ciclo revendique un travail minutieux – chaque mixage est soigné au millimètre près. Les arrangements ont été pensés comme des tableaux vivants où s’entrelacent tradition musicale locale (flamenco discret par moments) et influences internationales. Vous pourriez être interessé par Le Conservatoire rend hommage à deux maîtres du flamenco licenciés par la Junta en tant qu’enseignants 7 mars 2024 India Martínez chante pour nourrir 200 bébés vulnérables 13 décembre 2023 L’art visuel accompagne cette démarche : Sergio Albarracín propose une pochette évocatrice capturée par Alejandro Valderas – un hommage subtil à la lumière dorée des fins d’après-midi cordouans. Même le design digital signé Takumi Tomita rappelle les vieux vinyles collectors qu’on déniche dans nos marchés locaux. Pour aller plus loin sur cette scène vibrante je vous conseille cet article détaillé sur Ruanda Records ou encore le site officiel de Juaninacka. Pourquoi cet album compte-t-il pour Córdoba ? Derrière ses airs universels, « Buenos tiempos » est profondément enraciné dans notre ville. Beaucoup ignorent que le mouvement hip hop andalou – bien que discret – porte en lui toute une série de valeurs héritées de notre histoire locale : solidarité face aux difficultés sociales, goût du débat intellectuel hérité des salons littéraires arabes-andalous… En tant que Cordouane amoureuse de ma ville sous toutes ses coutures (du flamenco traditionnel au street art contemporain), j’y retrouve ce mélange unique entre passé lumineux et soif insatiable d’avenir. Cet album est une invitation à redécouvrir Córdoba autrement – loin des patios fleuris ou des processions folkloriques habituelles. Questions fréquentes Qui est vraiment Ciclo dans la scène musicale cordouane ? Ciclo est un producteur reconnu pour son exigence artistique et son engagement envers la culture urbaine locale. Il collabore régulièrement avec des figures majeures du rap national tout en restant proche des jeunes talents andalous. Où écouter l’album « Buenos tiempos » ? Vous pouvez découvrir l’album sur toutes les plateformes numériques classiques (Spotify, Apple Music…) mais aussi en version physique chez certains disquaires indépendants de Córdoba – privilégiez toujours ces derniers si possible pour soutenir la scène locale ! L’album est-il accessible aux non-initiés au rap ? Absolument ! Même si vous n’êtes pas amateur.trice habituel.le du genre, vous serez touché.e par la poésie des textes et la richesse instrumentale soigneusement travaillée. Photo by Timo Strüker on Unsplash Albumautobiographiefête de la musique 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Audiences TV : Intervilles, Visiteurs et Tour de France – Ce que révèlent vraiment les chiffres entrée suivante Córdoba gourmande : La Vidabella, secrets d’une gastrotaberna hors des sentiers battus A lire aussi Orchestre de Cordoue : tu le savais ?... 5 septembre 2025 Cordoue, où l’amitié ressemble à un crush: voilà... 5 septembre 2025 Filmoteca de Andalucía à Cordoue : tu le... 4 septembre 2025 À Cordoue, Romero de Torres vs Warhol: tu... 4 septembre 2025 Sorolla revient avec une plage oubliée: ce que... 3 septembre 2025 Córdoba, résidence bretonne: mon carnet d’initié pour une... 3 septembre 2025 Arcana à Córdoba: la Mezquita chuchote une élégance... 2 septembre 2025 Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025