10 Avez-vous déjà ressenti la magie d’un soir andalou devant la Mezquita ? Découvrez l’histoire singulière du guitariste Momo, figure emblématique de Córdoba.Sous le charme de la porte : une rencontre unique avec Momo Lorsque je flâne à la tombée du jour autour de la Mezquita-Catedral de Córdoba — mon terrain de jeu favori depuis l’enfance — il m’arrive souvent d’être happée par une ambiance qui suspend le temps. Ce n’est pas qu’une question d’architecture ou de lumière dorée ; c’est une présence humaine. Celle de Mohamed Abdellah, que tout le monde ici surnomme simplement « Momo », le guitariste égyptien qui fait vibrer la Puerta de San Sebastián. On pourrait croire à un cliché : un musicien inspiré par les pierres ancestrales d’Andalousie… mais ce serait passer à côté du cœur battant qui rend ce coin si vivant. Momo n’est pas là pour impressionner — il est là pour partager. Sa trajectoire incarne mieux que mille discours cette rencontre improbable entre le passé arabo-andalou et les rêves modernes venus d’ailleurs. Le destin cordouan d’un musicien du Nil Ce qui me frappe chez Momo, c’est sa manière très instinctive d’habiter l’espace. Il dit lui-même que « la porte l’a choisie ». Pour comprendre ce lien mystérieux, il faut remonter au Caire, où sa passion pour la guitare naît après avoir vu une scène marquante dans "Vicky Cristina Barcelona" (si, si !). Un vrai coup de foudre artistique… Mais son chemin fut tout sauf linéaire. En Égypte, entre études et petits boulots pour survivre (du Banque d’Égypte aux organismes éducatifs), Momo se forme au Conservatoire d’Alexandrie auprès du maître Hossam Elshafey. Pourtant, le flamenco restait un rêve lointain faute d’environnement propice. Jusqu’à ce que Córdoba s’impose comme évidence — grâce aux figures locales comme Paco Peña ou Rafael Trenas qui peuplent ses souvenirs musicaux. Son arrivée ici ? Comme tant d’autres voyageurs initiés par le hasard et la nécessité : des démarches administratives longues, un sac rempli de partitions et ce sentiment profond que quelque chose “l’attendait” sur les rives du Guadalquivir. Vous pourriez être interessé par Les grands noms du flamenco rendent hommage à Paco de Lucía lors d’un concert aux Latin Grammy à Cadix 2 avril 2024 Eduardo Mendoza : Pulgarcito, plus influent que Tolstoï et Dostoïevski 5 novembre 2024 Jouer sous la porte : plus qu’une scène… un rituel La première fois que j’ai croisé Momo sous la Puerta de San Sebastián, j’ai perçu ce curieux équilibre entre fragilité et puissance typique des grands moments flamencos. Il confie choisir son répertoire selon « le moment, l’énergie des gens présents ». Rien n’est figé ; chaque soirée devient unique parce qu’il s’adapte à ce qui flotte dans l’air. Ce qui distingue vraiment son art : cette sincérité brute héritée du flamenco. Pour lui, jouer dans la rue est plus exigeant — on affronte le froid, les bruits parasites… mais aussi des sourires complices et parfois une larme surprise chez ceux qui s’arrêtent. Ce n’est pas anodin : ici à Córdoba, ville-monde bercée par mille cultures et légendes musicales en savoir plus, la frontière entre artiste local et voyageur inspiré devient poreuse. Quand musique classique épouse flamenco andalou Si vous tendez bien l’oreille lors d’un passage en soirée près de la Mezquita-Catedral, vous devinerez parfois dans son jeu des échos d’Albéniz ou des fragments subtils empruntés à Paco Peña ou Manolo Sanlúcar. Car Momo revendique haut et fort cette hybridation entre formation classique (son premier amour) et plongée passionnée dans l’univers flamenco. Lui-même avoue ne pas toujours oser aller vers les pièces les plus techniques du répertoire gitan andalou ; mais cela ne freine jamais sa quête quotidienne pour progresser. Cette humilité nourrit un style personnel reconnaissable parmi mille autres musiciens ambulants. Sa philosophie ? Privilégier l’émotion vraie sur toute démonstration virtuose : « Ce n’est pas la perfection qui touche les gens mais l’authenticité ». Je retrouve là une vérité universelle partagée par nombre d’artistes andalous. Vivre avec (et pour) Córdoba au quotidien Momo incarne parfaitement cette dimension invisible du patrimoine local — celle faite non seulement de vieilles pierres mais aussi des instants éphémères vécus chaque soir entre musiciens et habitants curieux. Son quotidien est empreint de simplicité : pratique matinale après une prière, travail corporel au gymnase l’après-midi (“pour garder énergie et paix intérieure”, dit-il), puis cuisine maison avant le grand rendez-vous musical au coucher du soleil. Ses projets futurs ? Préparer concours au conservatoire (espérons que 2025 lui sera favorable !) et organiser bientôt un concert intime dans un lieu chargé d’histoire cordouane. Mais surtout continuer coûte que coûte à faire battre son cœur sous les arches millénaires découvrir plus sur les traditions musicales locales. Pourquoi sa musique captive autant ? J’ai longtemps cherché à expliquer ce magnétisme particulier dont jouissent certains artistes urbains ici à Córdoba. Chez Momo, c’est peut-être cet alliage rare entre sincérité orientale assumée et respect viscéral pour l’héritage andalou qui frappe immédiatement. Son jeu alterne douceur méditative et envolées fiévreuses dignes des tablaso flamencos. Il privilégie toujours une écoute active du public — sans jamais forcer le trait ni sacrifier sa vérité intérieure. Même face à un silence glacial ou aux regards distraits de touristes pressés, il reste fidèle à lui-même : “Ce soir-là sans lumière où j’ai joué quand même… c’était magique ! On sentait presque mieux chaque note.” Pour moi — native de cette ville fascinante — c’est exactement cela “l’esprit cordouan” : créer ensemble une expérience authentique sans rien céder au spectaculaire superficiel. Un pont vivant entre Égypte et Andalousie Que peut-on apprendre en rencontrant Momo sur son bout de trottoir lumineux ? Que le patrimoine se joue aussi dans ces échanges simples où chacun apporte son histoire… Pour vous imprégner pleinement de cet esprit, je conseille toujours de prendre le temps : De venir écouter quelques morceaux au pied des remparts (de préférence hors saison touristique pour plus d’intimité). D’échanger quelques mots avec les musiciens ambulants : souvent ils livrent volontiers anecdotes ou recommandations cachées sur Córdoba. De prolonger votre balade jusque vers la Puerta de Almodóvar ou devant le Palacio de Congresos où Momo a parfois posé ses valises musicales – chaque endroit révèle une facette différente du dialogue entre passé musulman, chrétien, juif… En fin de compte, c’est là tout le charme intemporel de Córdoba : accueillir celles et ceux dont le parcours nourrit notre patrimoine vivant — loin des circuits formatés ! Questions fréquentes Où rencontrer Momo lors d’une visite à Córdoba ? Généralement sous la Puerta de San Sebastián à partir du coucher du soleil ; il joue aussi parfois près des autres portes historiques ou lors d’événements spéciaux en ville. Peut-on assister gratuitement à ses prestations ? Oui ! Les concerts improvisés dans la rue sont gratuits mais il est toujours apprécié (et respectueux) d’offrir une petite contribution si vous avez aimé sa musique. Comment suivre ses actualités ou réserver une prestation privée ? Pour connaître ses dates spéciales ou organiser un concert privé intimiste dans un patio typique cordouan, il vaut mieux échanger directement avec lui lors d’une rencontre – il préfère nettement cela aux réseaux sociaux traditionnels ! Quel est son répertoire favori ? Un mélange sincère entre œuvres classiques espagnoles (Albéniz…) et pièces flamenco revisitées selon son humeur ; il adapte toujours selon l’ambiance. Photo by Adrien Stachowiak on Unsplash baile flamencoFestival de la Guitarefête de la musique 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Clair Obscur : l’insolite succès vidéoludique qui intrigue jusqu’à ses propres stars entrée suivante Córdoba face au défi du logement saisonnier : secrets d’une hôtelière locale A lire aussi Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025 Inattendu à Córdoba: Manu Sánchez revient à Cabra,... 1 septembre 2025 À Córdoba, Benamejí en compás: ma nuit au... 31 août 2025 Córdoba flamenco: mes lieux vrais où sentir le... 31 août 2025 Córdoba, Filmoteca: mes secrets pour vivre la rentrée... 30 août 2025 Córdoba, et si une série galicienne réveillait nos... 29 août 2025 Córdoba en Lego: la rentrée comme un local…... 28 août 2025 Córdoba, chirigota del Canijo: la halte immanquable avant... 28 août 2025