Córdoba et « Mikaela » : un thriller sous la neige à ne pas manquer ?

A woman standing in a parking garage next to a fire hydrant

Et si une tempête de neige transformait l’Espagne en scène de suspense ? Découvrez pourquoi « Mikaela », succès Netflix, intrigue autant que Córdoba elle-même.

Un film espagnol qui bouscule les codes : « Mikaela » débarque sur Netflix

Vous le savez : j’aime explorer les passerelles entre le patrimoine andalou et les grandes histoires du monde. Mais cette fois-ci, laissez-moi vous entraîner sur un terrain inattendu… L’Espagne sous la neige ! Oui, cela paraît presque aussi invraisemblable qu’un patio cordouan recouvert de givre. Pourtant, c’est bien dans ce décor que Daniel Calparsoro place son nouveau thriller : « Mikaela ».

Sorti en janvier 2025 et rapidement arrivé sur Netflix, le film est aujourd’hui l’une des sensations du streaming. Son pitch ? Une tempête historique paralyse tout le pays. Des criminels profitent du chaos pour tenter un braquage d’un furgon blindé immobilisé… sauf qu’ils n’avaient pas compté sur un duo inattendu : un policier usé par la vie (Antonio Resines) et une jeune garde civile pleine d’idéaux (Natalia Azahara).

Je vous propose ici un regard d’initiée : au-delà de l’action, pourquoi ce film séduit-il – ou divise-t-il – autant les spectateurs espagnols ? Et surtout : qu’a-t-il à dire sur notre société en mutation et notre rapport aux catastrophes exceptionnelles ?

Suspense givré : quand la météo devient personnage principal

Loin des clichés de soleil éternel et d’oliveraies dorées, « Mikaela » ose montrer une Espagne frappée par sa plus grande vague de froid historique. Pour moi qui ai grandi à Cordoue – où la neige fait figure de miracle rare –, cette vision m’a profondément marquée.

Calparsoro joue habilement avec nos repères culturels. La neige n’est pas ici qu’un décor spectaculaire : elle symbolise l’imprévu qui bouleverse toutes nos certitudes. Les routes bloquées rappellent que face aux éléments, policiers comme criminels deviennent vulnérables, presque égaux. On retrouve dans cet univers gelé quelque chose de nos propres expériences lors des crues du Guadalquivir ou des rares épisodes de grêle en Andalousie… Ces moments où la nature reprend ses droits et où les solidarités se révèlent.

Ce choix scénaristique répond aussi à une réalité croissante : en 2025 comme ces dernières années, l’Espagne est confrontée à des phénomènes climatiques extrêmes. Voir ce sujet traité dans un polar populaire montre combien il imprègne désormais notre imaginaire collectif.

Un duo improbable mais attachant : Antonio Resines et Natalia Azahara

L’alchimie entre les deux protagonistes porte véritablement le film. Antonio Resines incarne à merveille le flic désabusé – celui dont chaque ride raconte une déception professionnelle ou personnelle. À ses côtés, Natalia Azahara insuffle fraîcheur et détermination ; on sent chez elle toute l’énergie d’une génération prête à affronter un monde instable.

Leur relation m’a rappelé certains binômes croisés lors de reportages dans la province cordouane : ces transmissions entre anciens policiers locaux et jeunes recrues issues parfois du nord ou d’autres régions d’Espagne venues chercher leur premier poste en Andalousie.

Ce contraste n’est jamais caricatural. Au contraire, il donne lieu à des dialogues sincères sur la vocation du service public face au danger… et sur le sens même du courage lorsqu’on ne sait plus si l’adversaire se trouve dehors ou dans nos propres failles.

Braquage sous tension : comment Calparsoro renouvelle-t-il le genre ?

Daniel Calparsoro n’est pas un inconnu pour les amateurs de suspense hispanique (« Asfalto », « El silencio de la ciudad blanca »…). Avec « Mikaela », il signe ici un huis clos à ciel ouvert où chaque minute compte.

Le rythme est tendu sans jamais tomber dans l’excès pyrotechnique hollywoodien. La caméra capte le silence feutré imposé par la neige, puis surgissent des éclats de violence ou d’humanité inattendus.

Petit clin d’œil local : certaines scènes dialoguent subtilement avec notre tradition cinématographique andalouse où la nature sauvage fait souvent office de miroir aux passions humaines – pensez aux films inspirés par Lorca ou même Carlos Saura.

Malgré quelques maladresses pointées par certains critiques (notamment une résolution jugée trop rapide), il faut reconnaître au réalisateur son talent pour planter une atmosphère unique. On ressort du film avec cette sensation étrange d’avoir partagé une aventure collective… tout en restant bien au chaud devant son écran !

Pour approfondir votre connaissance du cinéma espagnol contemporain, je vous recommande ce dossier très complet proposé par Caimán Cuadernos de Cine.

Reception mitigée mais phénomène populaire : pourquoi tant d’engouement malgré tout ?

Soyons honnêtes : les notes des spectateurs oscillent autour de 2,3/5 alors que la critique professionnelle reste polie sans être enthousiaste (3/5). Mais « Mikaela » cartonne sur Netflix depuis deux semaines dans 19 pays… Pourquoi ce paradoxe ?

Mon avis personnel : nous avons tous besoin actuellement d’histoires ancrées dans le réel mais teintées d’espoir discret. Le format court (1h30), l’efficacité narrative et surtout cette représentation inhabituelle d’une Espagne fragile séduisent bien plus que des blockbusters formatés.

Et si ce film nous plaît malgré ses défauts, c’est peut-être parce qu’il reflète nos propres contradictions face aux crises actuelles : envie de sécurité mais fascination pour le danger ; nostalgie des repères stables mais curiosité envers l’inconnu… Un miroir imparfait mais authentique.

Pour aller plus loin sur la question du succès parfois inattendu des films sur plateformes numériques en Espagne : Analyse détaillée chez El País.

Cordoue vue autrement : quelles résonances locales pour « Mikaela » ?

Impossible pour moi de ne pas faire le lien avec notre vie quotidienne à Cordoue. Cette histoire venue du froid me rappelle combien notre ville sait aussi se réinventer sous pression. Lorsqu’en 2010 la ville fut surprise par une chute exceptionnelle de neige (la dernière vraiment marquante), les ruelles blanchies devinrent méconnaissables – mais elles révélèrent aussi la solidarité cordouane sous son meilleur jour.

À travers « Mikaela », c’est tout un pan invisible de l’Espagne contemporaine qui s’invite à table : celui qui conjugue traditions locales (l’importance donnée aux liens familiaux) et défis modernes (climat imprévisible, tensions sociales). Pour qui souhaite comprendre comment évolue notre société ibérique loin des clichés touristiques… ce film constitue un repère original.

En somme : rien ne vaut une promenade dans les quartiers sud après avoir vu ce polar enneigé pour ressentir pleinement le contraste ! Et si vous voulez prolonger l’expérience suspense chez nous ? Essayez donc une visite guidée nocturne des ruelles médiévales — émotions garanties !

Questions fréquentes

Le film « Mikaela » est-il adapté à tous les publics ?

Oui ! Malgré son suspense soutenu et quelques scènes intenses typiques du genre policier, « Mikaela » reste accessible dès 14 ans environ selon moi — rien de réellement choquant ni ultra-violent.

Faut-il être fan de films policiers pour apprécier « Mikaela » ?

Pas nécessairement ! Le climat extrême et la dynamique humaine entre personnages donnent au film une dimension universelle qui séduira aussi ceux qui aiment explorer l’Espagne autrement.

Peut-on retrouver des décors andalous dans « Mikaela » ?

Non — ici tout se déroule principalement dans le centre-nord ibérique sous la neige ! Mais les thèmes abordés font écho aux réalités vécues partout en Espagne y compris chez nous à Cordoue lors des épisodes climatiques extrêmes.

Photo by Polina Lavor on Unsplash

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