11 Et si la transition verte menaçait nos oliveraies ? À Córdoba, le documentaire "Renovables forzosas" met en lumière un combat insoupçonné.Un nouveau visage pour la campagne andalouse : le choc entre oliviers et panneaux solaires En flânant autour de Córdoba, il m’est impossible d’ignorer ces paysages typiques – des collines tapissées d’oliviers centenaires, témoins silencieux de siècles d’histoire et de traditions familiales. Mais depuis peu, une nouvelle silhouette s’impose à l’horizon : celle des vastes champs de panneaux solaires. Cette mutation rapide soulève ici bien plus qu’un simple débat technique sur l’avenir énergétique. À travers le documentaire "Renovables forzosas", présenté récemment à Córdoba, c’est toute la complexité de cette transformation qui s’invite dans notre quotidien. L’histoire du village de Lopera (Jaén), racontée avec justesse et émotion par Francisco Javier Fernández Bordonada, nous touche directement tant les enjeux résonnent aussi chez nous – à Morente ou dans la Campiña cordobesa. "Ce n’est pas seulement une lutte contre des machines ou des projets industriels : c’est un combat pour préserver un mode de vie ancestral face à un progrès parfois imposé sans nuance." — María Pourquoi ce documentaire fait tant parler à Córdoba ? Córdoba n’est pas étrangère aux débats houleux sur les mégaplantas photovoltaïques. Ici comme à Lopera, nombreux sont ceux qui redoutent que la transition énergétique se fasse au détriment de leur patrimoine agricole. "Renovables forzosas" offre une plongée rare dans la réalité quotidienne des habitants confrontés à l’expropriation de terres, à la disparition des habitats naturels et à la montée d’une incompréhension presque palpable entre villes et campagnes. J’ai été particulièrement frappée par la diversité des témoignages recueillis dans le film : agriculteurs aux mains calleuses mais au verbe franc, militants associatifs passionnés, experts lucides sur les défis climatiques… Ce kaléidoscope humain donne chair aux statistiques souvent froides que l’on lit sur la transition énergétique espagnole. De l’oliveraie à la mégaplanta : récit d’une fracture rurale Derrière chaque projet de centrale solaire géante se cache une multitude d’histoires individuelles. À Lopera – dont le destin croise celui du hameau cordouan de Morente – c’est tout un village qui refuse de voir ses oliviers arrachés pour céder place au progrès venu d’ailleurs. J’ai pu échanger avec quelques membres des plateformes locales comme Aliente, fédérant aujourd’hui plus de deux cents associations préoccupées par ces bouleversements. Vous pourriez être interessé par Espions en Espagne : derrière le rideau de la réalité 10 mars 2025 Paco de Lucena : au coeur de l’oubli et de la renaissance d’un prodige du flamenco cordobés du XIXe siècle 11 février 2024 Leur constat est nuancé : oui, il faut accélérer vers les énergies renouvelables ; non, cela ne doit pas signifier sacrifier notre biodiversité ni balayer nos paysages millénaires. La problématique n’est donc pas binaire – elle interroge notre capacité collective à concilier urgence climatique et respect du tissu rural. Les bénéfices réels… et les angles morts du modèle actuel L’Espagne est aujourd’hui leader européen en capacité solaire installée (près de 25 GW fin 2023 selon Red Eléctrica). Dans les faits, ces mégaplantas ont permis de réduire les émissions carbone tout en créant quelques emplois locaux temporaires. Mais le revers reste lourd : morcellement foncier irréversible, perte du savoir-faire paysan, fractures sociales accrues… De nombreux experts interviewés par Bordonada soulignent également les risques d’une trop forte concentration industrielle aux mains de grands groupes énergétiques internationaux – ce qui peut marginaliser encore davantage les communautés rurales déjà fragilisées (voir cet article approfondi). « Transition énergétique oui… mais pas à n’importe quel prix ! » entend-on désormais jusque dans les cafés animés du centre historique cordouan. Mon expérience personnelle : entre fascination technologique et nostalgie rurale En parcourant ces nouvelles zones industrielles qui défigurent parfois nos horizons familiers, je ressens un mélange d’admiration pour l’ingéniosité humaine… et une profonde tristesse devant ce que nous risquons de perdre. Ayant grandi entourée d’oliviers — où chaque arbre raconte une histoire — je mesure le traumatisme vécu par ceux qui voient leur monde basculer. Pourtant, j’ai aussi croisé des jeunes ingénieurs locaux convaincus qu’une énergie propre bien pensée pourrait revitaliser nos villages si elle était mieux intégrée et accompagnée socialement. Le débat n’a rien d’évident ! Vers une coexistence apaisée ? Pistes pour un dialogue constructif en Andalousie Face au sentiment d’impuissance qui gagne certains habitants (parfois exclus du processus décisionnel), plusieurs initiatives émergent pour repenser la transition verte : Appui aux coopératives solaires citoyennes gérées localement, Plans d’intégration paysagère minimisant l’impact visuel, Compensation équitable pour les agriculteurs expropriés, Dialogues transparents entre élus locaux, entreprises et riverains avant tout projet. Ces pistes montrent qu’il est possible — si on y met collectivement du cœur — de transformer un conflit en occasion unique pour tisser du lien social autour d’un enjeu universel : notre futur énergétique commun. Pour aller plus loin : ouvrir le débat dans nos villages cordouans Je vous invite vivement à assister aux projections-débats comme celle organisée à Cinesur el Tablero ou lors des prochains festivals. Rien ne vaut le partage direct d’expériences pour sortir des caricatures habituelles ville-campagne. Notre Andalousie regorge d’idées neuves — sachons en faire bon usage sans perdre notre âme ! Pour découvrir toutes les actions menées ou participer aux réflexions locales : Plateforme Campiña Norte Stop Megaplantas. Le coin des questions Faut-il boycotter l’énergie solaire produite ici ? Non ! Il s’agit plutôt de demander une production responsable, concertée avec les habitants et respectueuse du territoire. Y a-t-il des alternatives concrètes aux mégaplantas ? Oui : autoconsommation collective locale, panneaux sur bâtiments publics ou friches industrielles plutôt que sur terres agricoles fertiles. Les collectivités locales ont-elles leur mot à dire ? Dans l’idéal oui, mais trop souvent elles se retrouvent sous pression face aux intérêts économiques puissants. D’où l’importance du débat public ! Photo by EqualStock on Unsplash agricultureDocumentaireénergie renouvelable 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Star Wars à Córdoba : ce que la Force nous inspire… même loin d’une galaxie lointaine entrée suivante Córdoba Live : Vivre un concert urbain inédit avec Cruz Cafuné A lire aussi Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025 Inattendu à Córdoba: Manu Sánchez revient à Cabra,... 1 septembre 2025 À Córdoba, Benamejí en compás: ma nuit au... 31 août 2025 Córdoba flamenco: mes lieux vrais où sentir le... 31 août 2025 Córdoba, Filmoteca: mes secrets pour vivre la rentrée... 30 août 2025 Córdoba, et si une série galicienne réveillait nos... 29 août 2025 Córdoba en Lego: la rentrée comme un local…... 28 août 2025 Córdoba, chirigota del Canijo: la halte immanquable avant... 28 août 2025