Córdoba et l’essor secret du spiritisme féministe : entre ruelles et révolutions

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Savez-vous que le spiritisme a influencé les pionnières féministes à Córdoba ? Plongez dans ce pan méconnu où luttes sociales, laïcité et croyances s’entrelacent pour façonner notre histoire locale.

Un héritage invisible sous les pavés cordouans

En tant que Cordouane passionnée par l’histoire cachée de ma ville, j’ai été fascinée par la découverte de ce lien inattendu : à Córdoba, au cœur de l’Andalousie du XIXᵉ siècle, certaines des premières militantes féministes mêlaient foi dans l’au-delà et soif d’émancipation sociale. Comment expliquer qu’autant d’intellectuelles engagées — bien loin des clichés sur le folklore méridional — aient vu dans le spiritisme une voie vers la liberté ?

L’ouvrage de Dolors Marín, Visionarias, librepensadoras y espiritistas, éclaire ces destins oubliés. Les ruelles silencieuses de la Judería abritaient autrefois des cercles discrets où ouvrières et bourgeoises échangeaient sur l’avenir… parfois sous l’œil bienveillant des « esprits » invoqués lors de séances confidentielles. Pour beaucoup, le spiritisme était une échappatoire à la tutelle patriarcale et religieuse traditionnelle.

« Croire aux esprits n’était pas fuir le réel mais oser imaginer une société plus juste… » — tel est le témoignage qui revient souvent dans les archives locales.

Le spiritisme comme catalyseur d’engagement social

Si cette histoire reste si peu connue à Córdoba, c’est sans doute parce qu’elle défie nos catégories habituelles. Dans une Andalousie encore très marquée par la religion catholique et le conservatisme social (surtout avant la Seconde République), les cercles spirites offraient un espace inédit : femmes, ouvriers et intellectuels pouvaient débattre sans filtre sur l’avenir politique, l’éducation ou la condition féminine.

Le mouvement spirite s’est imbriqué avec celui des libres-penseurs et du socialisme naissant — bien avant que ne surgissent les premiers syndicats. Certaines figures ont même relié leur engagement anticlérical à une forme de spiritualité moderne : María Josefa Zapata ou Amalia Domingo Soler osaient écrire publiquement pour défendre le droit des femmes tout en relatant leurs contacts avec « l’au-delà ».

Aujourd’hui encore, on peut sentir ce souffle libertaire en arpentant certaines rues populaires du centre ou en visitant les anciens cafés littéraires (beaucoup disparus mais toujours présents dans nos mémoires locales).

Pour creuser plus loin ce sujet passionnant, je vous conseille cet article de référence sur El País.

Pourquoi cet héritage nous parle-t-il aujourd’hui ?

À mes yeux, redécouvrir ces pionnières cordouanes invite à élargir notre regard sur le patrimoine local. Derrière les murs blancs éclatants et les patios parfumés au jasmin se cache un tissu vivant d’idées révolutionnaires – souvent portées par des femmes qui cherchaient autant l’émancipation que la consolation face aux injustices du monde réel.

Ce dialogue entre croyance et raison n’a rien perdu de sa force. En 2025, alors que le débat public redécouvre les liens entre spiritualité personnelle et engagement sociétal (notamment chez les jeunes générations), Córdoba garde cette capacité rare à relier passé méconnu et avenir désirable.

N’hésitez pas à visiter la Bibliothèque Provinciale ou à flâner lors des festivals historiques pour rencontrer celles et ceux qui font vivre cet héritage singulier.

Questions fréquentes

Pourquoi associer spiritisme et féminisme à Córdoba ?

Parce que nombre d’intellectuelles locales ont puisé dans ces courants pour s’émanciper d’un ordre social rigide. C’était aussi une manière de contourner la censure religieuse dominante.

Existe-t-il des lieux emblématiques liés à cette histoire ?

Oui ! Si peu restent visibles aujourd’hui, certains anciens cafés littéraires ou maisons privées du centre historique furent jadis des espaces clés. La bibliothèque provinciale conserve aussi quelques archives précieuses.

Où approfondir ce sujet lors d’une visite ?

Je recommande les collections historiques municipales ou les rendez-vous culturels autour du mois de mars (Journée internationale des droits des femmes), où conférences et expositions mettent souvent en lumière ces figures oubliées.

Photo by Markus Winkler on Unsplash

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