13 Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi tant de familles à Córdoba se retrouvent devant des films « grand public » ? Plongée dans ce rituel, entre plaisir partagé et lassitude collective.Le cinéma familial à Córdoba : un rendez-vous qui interroge En tant que Cordouane passionnée de culture, j’aime explorer nos traditions… même les plus inattendues. Dernièrement, une expérience m’a poussée à réfléchir à l’étrange rituel du cinéma familial. Pourquoi, chaque été, tant de familles cordouanes choisissent-elles ces blockbusters bon enfant – parfois sans grande conviction ni enthousiasme réel ? Est-ce vraiment un plaisir partagé ou simplement une habitude rassurante ? Des salles pleines… mais des cœurs tièdes ? Il suffit d’un samedi soir au Cinesur pour constater le phénomène : files d’attente bondées de parents fatigués, enfants désœuvrés et grands-parents venus profiter de leur carte senior. L’ambiance ? Un mélange de cris enthousiastes (surtout avant la projection), conversations sur les sièges et impatience palpable. Pourtant, malgré le nombre impressionnant de spectateurs pour ce genre de comédies familiales – comme la fameuse saga espagnole qui cartonne chaque été – l’atmosphère reste curieusement plate. J’ai moi-même observé cette scène : des éclats de rire sporadiques lors des gags attendus, quelques soupirs ou regards furtifs vers l’horloge dès la moitié du film. L’expérience cinématographique semble ici réduite à un « acte social », bien plus qu’à un moment magique à partager. "Si se ha acabado, ¿por qué no encienden las luces ya? ¡Me quiero ir!" entend-on d’un enfant excédé dès les premiers crédits. Tradition versus plaisir : où est passée la magie du septième art ? En discutant avec d’autres locaux, j’ai compris que ce rituel va bien au-delà du film lui-même. Aller au cinéma en famille fait partie des habitudes estivales à Córdoba – presque autant que la balade sur les quais du Guadalquivir ou la tournée des terrasses. Mais alors, le plaisir est-il toujours au rendez-vous ? Nombreux sont ceux qui me confient y aller « parce qu’il faut bien occuper les enfants », ou parce que « c’est devenu une tradition ». Cette conformité culturelle rappelle d’autres coutumes : manger des churros le dimanche matin même si on n’en raffole pas tant que ça ; assister aux processions pendant la Semaine Sainte juste parce que « tout le monde y va ». Vous pourriez être interessé par Hommage de la soprano Auxiliadora Toledano à Mozart à Bilbao 4 octobre 2024 Films à ne pas manquer en janvier sur les plateformes 1 janvier 2025 L’humour consensuel : stratégie gagnante ou recette fade ? Les grandes sagas familiales actuelles misent sur un humour passe-partout – souvent blanc, peu subversif et volontairement éloigné de toute polémique. Leur secret réside moins dans l’innovation scénaristique que dans leur capacité à rassembler plusieurs générations dans une même salle sans heurter personne. Mais n’y perd-on pas en authenticité et en créativité ? Certains parents admettent trouver ces films « ennuyeux mais pratiques », préférant sacrifier deux heures d’intérêt personnel pour quelques instants de tranquillité familiale. "A mí no me gustó, pero los chavales se rieron muchíssimo… y ne nous ont pas dérangés pendant deux heures." — Une phrase entendue maintes fois autour de la machine à café lundi matin. Córdoba face aux codes du divertissement populaire espagnol Córdoba n’échappe donc pas à ce mouvement national où la norme l’emporte sur la surprise. On consomme du cinéma comme on consomme du spectacle télévisé populaire – avec cette impression diffuse d’appartenir à une communauté anonyme. Le succès massif d’une saga comme "Padre no hay más que uno" s’explique aussi par son ancrage dans ce qu’on appelle localement « la charca » : cette zone confortable où rien ne dépasse ni ne dérange vraiment. On rit mollement aux blagues sur Taylor Swift ou Omar Montes ; on sourit poliment aux clins d’œil adressés aux parents ; mais rares sont ceux qui quittent la salle véritablement marqués par le film. Jusqu’où ira cette routine collective ? Peut-être sommes-nous entrés dans une époque où le cinéma familial n’est plus là pour provoquer ni éveiller – mais juste pour offrir une pause cérébrale bienvenue. À Córdoba comme ailleurs en Espagne, il devient le prétexte idéal pour engloutir un paquet XXL de popcorn et poster un selfie en famille sur WhatsApp… tout en gardant l’esprit tranquille et peu sollicité. Pourtant (et c’est là mon vœu secret), j’aimerais voir revenir un peu plus d’audace dans notre programmation locale ! Pourquoi ne pas oser davantage les films familiaux qui interrogent, surprennent et éveillent vraiment petits et grands ? Quelques festivals locaux commencent timidement à proposer autre chose (Festival Eutopía), mais il reste encore du chemin avant que cela devienne tendance. Les enjeux cachés : confort culturel ou manque d’alternatives ? Ce phénomène n’est-il qu’un symptôme du confort culturel moderne… ou cache-t-il aussi un manque criant d’alternatives accessibles pour les familles cordouanes ? Dans certains quartiers populaires où l’offre artistique se réduit comme peau de chagrin hors saison touristique, il ne reste guère que ces grands cinémas commerciaux – souvent perçus comme l’unique sortie abordable. La situation évolue néanmoins lentement : quelques associations citoyennes militent pour diversifier les projections jeunesse (Córdoba Ciudad Cultural), notamment via des ateliers ou cycles thématiques originaux. Mais soyons honnêtes : il faudra encore convaincre beaucoup de monde avant que ces initiatives sortent du cercle confidentiel. Ce qui rendrait vraiment unique notre cinéma familial cordouan… Privilégier les séances interactives (débat après-film avec animateurs) Mettre en valeur nos propres histoires locales adaptées pour petits et grands (légendes andalouses revisitées !) Inviter réalisateurs/trices locaux à présenter leurs courts-métrages familiaux en avant-première lors des fêtes scolaires par exemple. Proposer plus souvent des formats hybrides (ciné-goûters musicaux au Patio de los Naranjos par exemple !) — cela existe ponctuellement, mais mériterait d’être renforcé ! En somme : Córdoba regorge d’énergie créative — il serait dommage que notre cinéma familial s’en tienne éternellement aux recettes toutes faites. Osons sortir doucement de notre “charca” culturelle sans perdre ce goût si précieux du partage collectif ! Questions fréquentes Pourquoi tant de familles cordouanes continuent-elles d’aller voir ces comédies familiales même si elles semblent s’ennuyer ? Parce que c’est devenu un rituel convivial rassurant : on y va « comme tout le monde », surtout quand il fait trop chaud dehors ou qu’il n’y a pas mieux ailleurs. C’est aussi l’assurance d’un moment paisible… même si la magie n’est plus toujours là ! Existe-t-il des alternatives originales pour vivre autrement le cinéma en famille à Córdoba ? Oui ! De plus en plus de collectifs proposent des séances thématiques interactives (ciné-goûters, ateliers-débats…) ainsi que des projections hors normes lors des festivals culturels locaux. Il suffit parfois d’oser sortir des sentiers battus ! Ces films commerciaux nuisent-ils réellement à la créativité locale ? Pas forcément — ils répondent avant tout à une demande sociale précise. Cependant, il serait enrichissant qu’ils cohabitent davantage avec des propositions plus audacieuses afin d’élargir horizons et imaginaires chez petits et grands. Photo by Jake Yoon on Unsplash CinémaFilmhumour 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Córdoba, famille et résilience : Ce que l’histoire de Laure Manaudou nous inspire entrée suivante Festival de la Guitarra de Córdoba : secrets et émotions à vivre en 2024 A lire aussi Orchestre de Cordoue : tu le savais ?... 5 septembre 2025 Cordoue, où l’amitié ressemble à un crush: voilà... 5 septembre 2025 Filmoteca de Andalucía à Cordoue : tu le... 4 septembre 2025 À Cordoue, Romero de Torres vs Warhol: tu... 4 septembre 2025 Sorolla revient avec une plage oubliée: ce que... 3 septembre 2025 Córdoba, résidence bretonne: mon carnet d’initié pour une... 3 septembre 2025 Arcana à Córdoba: la Mezquita chuchote une élégance... 2 septembre 2025 Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025