Córdoba et le choc Brokeback Mountain : ce que la culture ne montre pas toujours

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Et si l’affaire Brokeback Mountain révélait bien plus sur Hollywood ? Plongez dans une réflexion croisée entre cinéma, société… et notre Andalousie.

Quand le cinéma dévoile les failles d’une époque

En tant que journaliste basée à Cordoue et passionnée par les passerelles culturelles entre mondes, je n’ai pu m’empêcher de repenser à cette soirée étrange où ‘Brokeback Mountain’ – ce film bouleversant d’Ang Lee – est passé à côté de la statuette suprême aux Oscars. Bien sûr, Hollywood semble bien loin des patios de ma ville… mais l’écho de cette injustice traverse les frontières. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas qu’une histoire de cinéma. C’est une histoire d’invisibilisation qui résonne aussi dans nos sociétés européennes.

La scénariste Diana Ossana a exprimé sa déception en découvrant que Clint Eastwood, figure tutélaire du 7e art américain, n’avait même pas vu le film. À ce moment précis, elle a senti que tout était perdu pour ‘Brokeback Mountain’, malgré un parcours sans faute durant toute la saison des prix. La raison ? Elle pointe une homophobie latente au cœur même du système hollywoodien.

Cette anecdote n’est pas anecdotique. Dans chaque recoin du monde, y compris à Cordoue – ville carrefour où se croisent cultures et identités –, on observe parfois le même mécanisme : l’exclusion subtile ou directe de récits qui dérangent l’ordre établi.

Une réaction universelle face à la différence

En écoutant Diana Ossana parler des réactions du public devant les scènes fortes du film – certains spectateurs quittant la salle précipitamment, d’autres restant figés sur leur siège jusqu’aux larmes –, j’ai pensé aux débats qui secouent encore aujourd’hui notre société andalouse.

Car Cordoue n’a jamais cessé d’être un laboratoire vivant de tolérance… et parfois d’intolérance. Des ruelles de la Judería aux débats sur les fêtes locales inclusives ou non, chaque génération se confronte à sa propre manière à l’altérité.

Comme le film d’Ang Lee l’a révélé au grand public américain en 2005, il existe ici aussi une tentation de fermer les yeux ou de détourner le regard lorsqu’une œuvre bouscule les conventions – qu’elle parle d’amour interdit dans le Wyoming ou célèbre la diversité lors du Festival des Patios.

Ce parallèle m’interpelle : comment pouvons-nous collectivement devenir ce public qui reste assis jusqu’à la dernière image et accepte d’être touché là où ça fait mal ?

Cordoue : miroir inattendu des fractures culturelles

Si vous me demandez ce que cette histoire a à voir avec l’Andalousie et Cordoue… tout ! Notre ville est depuis toujours un carrefour : juifs, chrétiens, musulmans ont forgé ensemble une identité complexe dont nous sommes fiers mais qui nécessite encore aujourd’hui vigilance et remise en question.

La lutte contre l’invisibilisation des minorités se joue aussi ici. L’ouverture culturelle ne va jamais de soi ; elle s’entretient comme on entretient un jardin ombragé au cœur d’un patio cordouan. Un exemple récent ? Les débats autour de l’inclusion LGBTQ+ dans les festivals locaux – sujets souvent absents des brochures touristiques mais pourtant au centre des discussions citoyennes (et c’est bien dommage).

À mon sens, voyager – ou même vivre – à Cordoue prend tout son sens quand on comprend cette tension féconde : entre fierté patrimoniale et volonté constante de bâtir une société plus juste pour tous.

Conseils pratiques pour explorer Cordoue autrement (et en conscience)

• Osez discuter avec les habitants lors des fêtes locales ; posez-leur vos questions sur les évolutions sociétales.
• Partez hors saison découvrir des lieux gérés par des associations militantes (Casa Árabe propose régulièrement des projections et débats passionnants).
• Cherchez les petites librairies engagées du centre-ville qui mettent en avant littérature queer ou œuvres alternatives (mon coup de cœur : Luque Librería).
• Si vous voyagez en famille ou avec des amis ouverts à la réflexion sociale, programmez une visite guidée sur le thème « Cordoue plurielle » proposée par plusieurs guides indépendants.
• Enfin… soyez prêt à sortir de votre zone de confort : c’est là que commence le vrai voyage !

Pourquoi continuer à raconter ces histoires ?

Parce qu’il faut oser regarder là où d’autres détournent la tête. Parce que chaque génération peut choisir : rester debout ou partir devant une scène dérangeante — ou s’asseoir et écouter vraiment.

‘Brokeback Mountain’ nous enseigne que même lorsque toutes les récompenses semblent promises à ceux qui ouvrent la voie vers plus de tolérance, il existe encore beaucoup à faire — autant sur les tapis rouges hollywoodiens que dans nos propres rues pavées sous la lumière dorée andalouse.

Pour aller plus loin sur le sujet du dialogue interculturel en Espagne contemporaine : Dossier thématique El País

Questions fréquentes

Pourquoi évoquer Hollywood en parlant de Cordoue ?

L’affaire ‘Brokeback Mountain’ met en lumière un phénomène universel : la résistance aux récits qui dérangent l’ordre social établi. En tant que ville carrefour culturel, Cordoue vit aussi ces tensions autour de l’inclusion et du regard porté sur la diversité.

Existe-t-il des initiatives LGBTQ+ visibles à Cordoue ?

Oui ! Depuis quelques années, plusieurs associations organisent événements culturels, rencontres littéraires ou projections engagées pour promouvoir visibilité et dialogue autour des identités queer dans notre région.

Comment voyager « responsable » à Cordoue face à ces enjeux ?

Soyez curieux(se), informé(e) et ouvert(e) ! Privilégiez rencontres authentiques avec habitants impliqués localement ; participez à des activités qui valorisent mixité sociale et échanges interculturels ; documentez-vous avant votre venue grâce aux ressources mentionnées ci-dessus.

Photo by Caleb Woods on Unsplash