13 Vous êtes-vous déjà senti compris par une chanson ? The Corrs, à Madrid, ont prouvé que la musique celtique parle aussi aux cœurs cordouans.Quand Córdoba rencontre l’âme celtique : soirée inoubliable avec The Corrs à Madrid En tant que journaliste voyageuse originaire de Córdoba, j’ai toujours été fascinée par les passerelles invisibles qui relient les cultures. C’est sans doute pourquoi le concert de The Corrs à Madrid m’a bouleversée bien au-delà de la simple expérience musicale. Ce soir-là, plus de 5 000 âmes se sont retrouvées autour d’un même feu : celui des émotions humaines universelles portées par un souffle celtique… qui a trouvé un étonnant écho jusque dans le cœur andalou. La prémonition celte au pays du flamenco The Corrs auraient-ils pu imaginer, en écrivant Forgiven, Not Forgotten il y a trente ans, qu’ils raconteraient nos vies ? J’ai vu dans leurs mélodies une étrange parenté avec l’art du duende cordouan — cette manière si andalouse d’apprivoiser la douleur et la passion. La salle madrilène vibrait d’une intensité presque gitane lorsque Sharon faisait chanter son violon : soudain, impossible de ne pas penser aux notes plaintives d’un cante jondo entêtant sur les pavés de la Judería. Mais ce qui frappe surtout chez The Corrs, c’est leur capacité à parler de l’amour sous toutes ses coutures — joie pure ou mélancolie incandescente — tout en restant proches des gens. Andrea s’adresse au public comme à des amis perdus de vue mais jamais oubliés. J’ai reconnu là cette chaleur spontanée qu’on retrouve lors des fêtes populaires à Córdoba : peu importe d’où tu viens, si tu ressens la même chose… tu es des nôtres. Une setlist comme un carnet de souvenirs partagés Les classiques s’enchaînent sans répit : "Only When I Sleep", "Give Me A Reason", "My Lagan Love"… Chaque chanson réveillait en moi un souvenir oublié — un été passé à écouter la radio dans une cour ombragée ; un amour adolescent fugace. Autour de moi, le public espagnol chantait avec ferveur chaque mot comme si leur vie même en dépendait. Ce lien entre public et artistes m’a rappelé les Nuits Blanches cordouanes où l’on danse jusqu’à l’aube dans les patios fleuris : on y célèbre ensemble la vulnérabilité et le réconfort collectif face aux aléas du destin. Cette communion musicale traverse les frontières — preuve que notre soif d’émotions sincères nous relie plus que tout. Vous pourriez être interessé par Córdoba vibre : Chambao et le Flamenco Chill reviennent ! 26 mars 2025 Jorge Ribalta : Prix National de Photographie et Perspective de Classe 3 octobre 2024 Des hymnes universels… ancrés dans l’intime Il est rare qu’un groupe international conserve une telle proximité avec son public après trois décennies et 50 millions d’albums vendus (dont 3 rien qu’en Espagne !). Les Corrs n’ont rien perdu de leur fraîcheur ni de leur humilité : Andrea, pétillante et émue sur scène ; Sharon hypnotique au violon ; Caroline déchaînée à la batterie ; Jim en poète rockeur. Le moment où ils revisitent "Summer Sunshine" a fait jaillir chez moi une nostalgie familière – celle des amours estivaux andalous aussi intenses qu’éphémères. Ces émotions fugitives hantent aussi bien les chansons celtes que nos propres coplas traditionnelles. À cet instant précis, j’ai compris pourquoi tant de Cordouans tombent amoureux du folk irlandais… Le silence sacré d’Ellis Island : quand la musique guérit nos migrations intérieures Impossible d’oublier l’émotion suspendue sur "Ellis Island", dédiée aux migrants irlandais partis vers l’inconnu au début du XXe siècle. Pendant cinq minutes magiques, tout le parc Enrique Tierno Galván est resté figé dans le recueillement – pas un téléphone levé ! Comme lors d’une saeta durant la Semaine Sainte ici à Córdoba : le temps s’arrête pour honorer ceux qui cherchent ailleurs une terre promise. Ce silence complice m’a rappelé combien nos histoires personnelles sont traversées par l’exil volontaire ou forcé – partir pour aimer mieux ; revenir pour se retrouver. Ce sentiment universel résonne fort chez nous aussi (savez-vous que beaucoup d’Andalous ont migré vers Cuba ou l’Argentine ?). Voilà comment une ballade irlandaise devient miroir pour tous ceux qui rêvent ailleurs. Virtuosité instrumentale et fête sans frontière Difficile de ne pas être emporté par leurs morceaux instrumentaux explosifs ! Violons endiablés, flûtes virevoltantes et guitares électriques fusionnent pour transformer Madrid en village celte le temps d’une soirée. Je me suis surprise à claquer des mains comme lors des processions de San Rafael ! Cette énergie brute rejoint celle des tambours lors des romerías cordouanes : preuve que chaque peuple possède sa propre manière – mais toujours collective – de conjurer ses joies et ses peines. Les frontières musicales deviennent alors accessoires devant pareille ferveur. Pourquoi The Corrs restent indémodables en Espagne… et ce que cela dit sur nous ! Il n’y a pas que la nostalgie ou la mode du revival années 90 qui explique leur succès ici (les chiffres parlent d’eux-mêmes : salles combles depuis 1999 !). C’est avant tout leur sincérité émotionnelle qui touche juste — cette capacité rare à traduire en musique ce que chacun ressent sans oser le dire. Cela me rappelle certains monuments vivants de Córdoba (comme le patio de los Naranjos) dont la beauté continue d’émouvoir malgré les siècles qui passent : ce sont moins les pierres ou les notes que les histoires humaines tissées dedans qui font toute la différence. "À force d’écrire sur l’amour et ses cicatrices, The Corrs ont fini par écrire un peu nos vies." Et si c’était cela finalement le secret du patrimoine immatériel partagé ? Celui qui unit Madrid à Dublin… via Córdoba ! Pour aller plus loin sur ce phénomène culturel musical entre Espagne et Irlande : Lire cet article approfondi sur El País Questions fréquentes Pourquoi The Corrs sont-ils si appréciés en Espagne ? Leur mélange unique entre tradition celtique et pop moderne trouve un écho particulier chez les Espagnols friands de mélodies poignantes et chaleureuses. Leur authenticité émotionnelle séduit toutes générations confondues. Y a-t-il des liens culturels entre l’Irlande et Córdoba ? Oui ! Bien plus qu’on ne le pense : migration historique vers le Nouveau Monde, culte partagé pour la fête populaire et goût pour la musique expressive rapprochent ces deux terres riches en patrimoine vivant. Peut-on retrouver cet esprit festif à Córdoba ? Absolument ! De nombreuses soirées mêlent musiques du monde dans nos patios ou bars à tapas modernes. L’ouverture culturelle fait partie intégrante de notre identité locale. Photo by Joel Muniz on Unsplash ConcertFestivalfête de la musique 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Cordoue et les secrets d’un festival sensoriel : l’art, le vin et la musique en harmonie entrée suivante Córdoba, spectacle aérien et secrets gourmands : quand l’exceptionnel plane sur la ville A lire aussi Orchestre de Cordoue : tu le savais ?... 5 septembre 2025 Cordoue, où l’amitié ressemble à un crush: voilà... 5 septembre 2025 Filmoteca de Andalucía à Cordoue : tu le... 4 septembre 2025 À Cordoue, Romero de Torres vs Warhol: tu... 4 septembre 2025 Sorolla revient avec une plage oubliée: ce que... 3 septembre 2025 Córdoba, résidence bretonne: mon carnet d’initié pour une... 3 septembre 2025 Arcana à Córdoba: la Mezquita chuchote une élégance... 2 septembre 2025 Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025