Córdoba et Cervantès : une soirée à Castro del Río qui réveille l’âme andalouse

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Savez-vous que Castro del Río fait revivre Cervantès d’une façon unique ? Découvrez comment la culture locale s’empare du mythe, entre art et héritage.

Un soir à Castro del Río : quand Cervantès reprend vie

Quand on pense à Cervantès, l’image du génial auteur de Don Quichotte flotte aussitôt dans notre imaginaire — mais avez-vous déjà envisagé de le rencontrer non pas dans les pages jaunies d’un livre, mais au détour d’une ruelle blanche d’Andalousie ? C’est ce que propose Castro del Río depuis quelques années, en se faisant le cœur battant d’un renouveau cervantin. J’ai eu la chance d’assister à la présentation des actas des Journées Cervantines au Théâtre Cervantes de la ville. Ce fut bien plus qu’un simple événement littéraire : une immersion sensorielle et collective dans l’héritage vivant de la culture andalouse.

L’accueil chaleureux typiquement local m’a tout de suite rappelé pourquoi j’aime tant explorer ces coins d’Andalousie où chaque pierre semble raconter une histoire. Le projet, mené par l’Academia Cervantina et soutenu par des fondations locales telles que Caja Rural ou Antonio Gala, prend racine dans le territoire tout en s’ouvrant généreusement au monde entier. À mes yeux, c’est là toute la magie de Cordoue : tisser des liens entre passé et présent pour mieux nous rassembler.

Dialogues inspirés : art vivant et mémoire collective

Un moment fort fut sans conteste le dialogue sur scène entre Augusto Ferrer-Dalmau, peintre passionné d’histoire, et María José Solano, écrivaine au regard affûté. Ferrer-Dalmau présentait son œuvre « Cervantes en Lepanto », exposée jusqu’au 6 juillet au musée Antonio Villa-Toro. L’artiste raconte avoir voulu capturer l’instant où Miguel de Cervantes n’était pas encore le grand homme de lettres que nous connaissons, mais un jeune soldat blessé lors de la bataille navale décisive de Lépante.

Ce tableau m’a fascinée par son intensité : on y sent la douleur physique mêlée à cette détermination farouche qui forge un destin hors du commun. Saviez-vous que Ferrer-Dalmau a même étudié la position exacte du doigt sur l’épée pour respecter l’escrime du XVIe siècle ? Ce niveau de détail incarne parfaitement ce que j’admire dans les initiatives culturelles locales : un profond respect pour l’authenticité.

La parole retrouvée : actualité brûlante du Quichotte

La journaliste Susanna Griso nous a ensuite offert une lecture vibrante de trois passages fondamentaux du Quichotte — un choix qui m’a surprise par sa modernité. Les conseils avisés donnés à Sancho sur le bon gouvernement résonnent étrangement avec nos préoccupations actuelles autour de l’éthique publique… Mais c’est surtout le monologue féministe de Marcela qui a jeté un frisson parmi les spectateurs.

Comme Griso le soulignait avec émotion après sa lecture : « On croirait que cela a été écrit aujourd’hui ! » Effectivement, difficile d’imaginer plus actuelle qu’une dénonciation franche des stéréotypes assignés aux femmes… Cela m’a poussée à relire ces passages avec un œil neuf ; voilà toute la force du patrimoine vivant !

L’art total : musique renaissance sous voûtes andalouses

Impossible de parler de cette soirée sans évoquer la Camerata Antonio Gala dont le quatuor à cordes a enveloppé le public dans des harmonies anciennes. Pour moi qui ai grandi entourée des sons bigarrés des processions cordouanes et des nuits gitanes sur les bords du Guadalquivir, entendre ces pièces renaissance avait quelque chose d’inédit — comme si toute l’histoire musicale andalouse se réunissait sous les voûtes du théâtre pour rendre hommage à Cervantès.

Ces instants rappellent combien la culture ici ne se limite jamais à un seul art : elle circule entre peinture, littérature et musique dans une ronde festive où chacun est invité à entrer dans la danse.

Pourquoi Castro del Río ? Petite histoire d’un engagement local

Vous vous demandez peut-être pourquoi cette petite ville choisit-elle de porter haut ce flambeau cervantin ? Pour comprendre ce choix, il faut se pencher sur son histoire et son identité fièrement ancrées dans l’oliveraie cordouane. Castro del Río fut longtemps carrefour commercial et intellectuel entre Cordoue et Grenade ; selon certaines sources (encore débattues), Cervantès lui-même aurait séjourné ici lors d’un passage mouvementé en Andalousie (source complémentaire).

L’initiative actuelle vise ainsi à réaffirmer ce lien mythique tout en insufflant une nouvelle dynamique culturelle capable d’attirer curieux locaux comme voyageurs internationaux. C’est aussi une manière très andalouse — je dirais même très cordouane ! — de mêler fierté patrimoniale et ouverture généreuse.

Participer ou soutenir cet élan culturel : conseils pratiques & pistes secrètes

Si vous êtes passionné.e.s par Cervantès ou simplement curieux.se.s de vivre une expérience culturelle immersive en dehors des circuits touristiques classiques, je vous conseille vivement :

  • De visiter le musée Antonio Villa-Toro pendant l’exposition temporaire (jusqu’au 6 juillet)
  • De vous renseigner auprès de l’Académie Cervantine sur les événements futurs — certains sont ouverts aux non-initiés !
  • D’explorer les ruelles historiques autour du théâtre avant ou après une représentation ; on y découvre souvent des artisans qui perpétuent les gestes anciens.
  • De prendre part aux lectures publiques ou ateliers proposés lors des Journées Cervantines chaque printemps.
  • Et surtout… osez échanger avec les habitants : ils sont intarissables sur leur patrimoine !

En partageant cet enthousiasme local pour un monument universel tel que Don Quichotte ou Marcela la libre bergère, vous repartirez forcément enrichi.e.s — c’est tout ce que je souhaite aux lecteurs francophones avides d’expériences authentiques.

Liens utiles & ressources complémentaires

Pour prolonger cette découverte ou préparer votre séjour cervantin à Castro del Río :

N’oubliez pas qu’en Andalousie chaque manifestation culturelle est prétexte à rencontre… parfois jusque tard sous les étoiles !

Le coin des questions

Est-ce que ces événements sont accessibles aux visiteurs étrangers ?

Oui ! La plupart des manifestations sont pensées pour inclure tous les publics – il suffit parfois d’un mot (en français ou en anglais) pour être accueilli chaleureusement par les organisateurs.

Peut-on voir le tableau "Cervantes en Lepanto" après juillet ?

L’exposition principale se termine début juillet ; cependant il arrive souvent que certaines œuvres restent visibles dans des expositions temporaires locales – consultez régulièrement le site du musée Antonio Villa-Toro pour être informé.e.s !

Y a-t-il d’autres villes andalouses marquées par l’esprit cervantin ?

Oui : Baena organise également ses propres journées thématiques autour du Quichotte ; Séville garde la trace administrative (et carcérale) de Miguel… Mais nul part ailleurs on ne ressent autant cette chaleur participative qu’à Castro del Río.

Photo by Erik Mclean on Unsplash

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