Córdoba, espoirs et désillusions : ce que la fermeture d’une école de Zuckerberg révèle sur l’engagement social

Three children walk along a dirt path.

Comment un projet ambitieux pour enfants démunis, soutenu par Mark Zuckerberg, a-t-il pu échouer malgré des milliards ? Décryptage inédit à Cordoue.

Quand le rêve philanthropique s’effondre : l’école Zuckerberg vue depuis Cordoue

Il est rare qu’un projet éducatif financé par l’une des fortunes les plus colossales de la planète fasse la une des journaux… pour annoncer sa fermeture. Cela m’a interpellée en tant que Cordouane habituée à voir nos propres associations locales se battre avec trois bouts de ficelle. Comment expliquer qu’une école américaine pour enfants défavorisés, soutenue par Mark Zuckerberg et Priscilla Chan, n’ait pas survécu malgré des millions ? Cette histoire résonne étrangement jusqu’aux ruelles de notre Judería.

Un modèle « tout-en-un » qui fascinait…

Dès son lancement en 2016, The Primary School avait tout pour inspirer : un lieu offrant éducation, suivi social et santé aux familles les plus vulnérables. À Cordoue, on observe souvent avec admiration (et parfois jalousie) ce genre d’innovation anglo-saxonne. Mais derrière la vitrine, le modèle reposait quasi exclusivement sur les fonds de la Chan Zuckerberg Initiative (CZI), sans réelle stratégie pour attirer soutien public ou engagement communautaire massif.

En Andalousie aussi, j’ai vu trop d’associations ambitieuses disparaître faute d’ancrage local ou de relais institutionnels. Il ne suffit pas d’injecter des millions : il faut tisser une toile de confiance et de participation citoyenne.

L’argent ne fait pas tout : fragilités cachées

La presse internationale s’est focalisée sur un chiffre vertigineux : +79 milliards de dollars pour Zuckerberg en 2024 ! Pourtant, son école n’a jamais réussi à « prouver » assez de résultats concrets ni à justifier sa dépendance exclusive à un mécène. Un paradoxe qui scandalise beaucoup de parents américains – tout comme cela indignerait n’importe quelle famille du quartier San Lorenzo si une fondation du même genre fermait du jour au lendemain.

Ce scénario soulève une question brûlante aussi ici : comment conjuguer innovation sociale et viabilité économique ? Dans mes reportages à travers l’Andalousie rurale ou urbaine, je constate que les projets qui survivent sont ceux qui savent mobiliser le tissu associatif local et diversifier leurs sources.

La communication : entre espoir déçu et opacité

Selon le New York Times, aucune raison officielle n’a filtré côté CZI. Les familles découvrent la nouvelle sans préparation ni accompagnement digne de ce nom. Ce manque de transparence rappelle tristement certaines annonces municipales précipitées chez nous – comme lors de la fermeture surprise d’un centre jeunesse dans mon quartier l’an dernier.

À quoi sert l’innovation sociale si elle n’écoute pas ses bénéficiaires ? Ce point me semble universellement valable : on ne construit pas la confiance sur des promesses non tenues ou des stratégies incomprises.

Changement politique et priorités mouvantes : un contexte américain mais une portée mondiale

Au-delà du cas Zuckerberg, difficile d’ignorer que le climat politique américain évolue. Beaucoup voient dans cette fermeture un recentrage stratégique vers la recherche scientifique et l’intelligence artificielle — tendances qui se retrouvent aussi en Europe ! En Andalousie comme ailleurs, le financement privé fluctue selon les modes et alliances politiques.

Le retour de Donald Trump au pouvoir aurait-il influencé ces choix ? Les liens entre grands donateurs tech et pouvoir politique sont désormais scrutés jusque dans nos rédactions locales — preuve que globalisation rime avec interconnexion… même dans le secteur solidaire !

L’enseignement pour Cordoue et ailleurs : quelles pistes retenir ?

À l’heure où beaucoup d’acteurs locaux cherchent comment pérenniser leurs actions sociales face aux incertitudes budgétaires (que ce soit au cœur de Cordoue ou dans les pueblos alentours), cette histoire américaine offre plusieurs enseignements précieux :

  • Diversifier impérativement ses sources (publics privés, collectivités locales, crowdfunding citoyen)
  • Valoriser les résultats tangibles dès le départ, afin d’attirer plus facilement nouveaux partenaires (et convaincre)
  • Construire une gouvernance partagée avec bénéficiaires et acteurs locaux : c’est leur implication qui garantit la survie du projet quand l’argent vient à manquer.
  • Préparer une communication transparente dès qu’apparaît la moindre difficulté majeure : mieux vaut prévenir que guérir !

Si vous êtes curieux·se de découvrir comment certaines initiatives cordouanes conjuguent innovation sociale durable et implication communautaire forte, je vous recommande cet excellent dossier du magazine français La Vie.

Témoignage : quand solidarité rime avec enracinement local

Permettez-moi une anecdote personnelle : il y a quelques années, j’ai suivi sur plusieurs mois l’association "Crecer Juntos" à Córdoba. Leur secret ? Une équipe issue du quartier lui-même ; ils ont su convaincre commerçants locaux, paroisses et écoles publiques d’appuyer leur action autour du soutien scolaire. Résultat : même après des coupes budgétaires régionales en 2022–2023, le projet tient debout grâce à cette formidable énergie collective — preuve que persévérance locale peut pallier bien des manques institutionnels…

Questions fréquentes

Pourquoi The Primary School était-elle si dépendante du mécénat privé ?

La structure n’a jamais réellement développé de stratégie pour attirer fonds publics ou partenariats solides hors du cercle initial. Sa singularité – offrir éducation ET services sociaux/santé – nécessitait un budget conséquent difficilement compensable sans mécène majeur.

Est-ce courant qu’un projet philanthropique ferme brutalement malgré son succès apparent ?

Oui hélas : beaucoup d’initiatives sociales prestigieuses disparaissent lorsqu’elles restent déconnectées des réseaux locaux ou incapables d’assurer leur financement autrement qu’à travers quelques grands donateurs privés.

Existe-t-il des modèles alternatifs plus résilients ?

Absolument ! En Andalousie par exemple : gouvernance participative locale, mutualisation entre associations voisines et levées régulières de fonds auprès habitants/bénéficiaires permettent souvent une meilleure longévité aux projets éducatifs.

Photo by Aleks Habarovs on Unsplash

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