10 Et si la Génération Beta à Cordoue vivait comme dans les années 50 ? Plongée inédite sur l’enfance sans écrans, entre héritages locaux et défis modernes.Une nouvelle génération d’enfants… sans écrans ? En tant que journaliste basée à Cordoue et témoin privilégiée des mutations de notre société andalouse, je m’interroge souvent sur l’avenir de nos enfants. Les débats autour de l’impact des écrans sur les plus jeunes n’ont rien d’abstrait ici : ils traversent nos familles, nos écoles, nos patios. Dernièrement, la France secoue le débat en annonçant vouloir limiter drastiquement l’accès aux écrans pour la future « Génération Beta » (ceux qui naîtront dès 2025), à travers des lois inédites. Mais que signifierait concrètement ce retour à une enfance à la mode des années 50 – et comment ce mouvement résonne-t-il dans une ville comme Cordoue où l’apprentissage passe tant par le sensoriel et la tradition ? Retour vers le futur : pourquoi maintenant ? À Cordoue comme ailleurs en Europe, on ne compte plus les alertes lancées par les pédiatres sur les risques liés à l’exposition précoce aux tablettes et smartphones : troubles du langage, difficultés d’attention ou encore sommeil perturbé sont devenus des inquiétudes centrales. J’ai discuté récemment avec des enseignants du quartier San Basilio : plusieurs m’ont confié observer chez certains enfants un appauvrissement du vocabulaire et moins de capacité à collaborer en groupe – un phénomène qu’ils attribuent au temps passé devant les écrans. Ce qui surprend aujourd’hui, c’est la réponse politique inédite portée notamment par la ministre française Catherine Vautrin : interdiction totale des écrans de 0 à 3 ans, restriction jusqu’à 6 ans, pas de smartphone avant 11 ans… Des règles impensables il y a dix ans ! Ce virage s’accompagne d’une prise de conscience partagée par nombre de familles cordouanes : faut-il vraiment tout miser sur le numérique quand notre ville regorge d’alternatives sensorielles et culturelles ? Vivre son enfance « comme avant »… mais à Cordoue Dans mes souvenirs d’enfance ici – bien loin des réseaux sociaux –, la vie s’organisait autour du patio familial ou des places ombragées. Les jeux étaient simples mais fédérateurs : cache-cache dans la Judería, marelle tracée sur les pavés ou concours d’imitation lors des fêtes locales. Aujourd’hui encore, certains quartiers perpétuent ces traditions avec fierté. On observe par exemple un retour en force des ateliers manuels proposés dans les centres culturels (notamment Casa Árabe ou le Museo Julio Romero de Torres) où l’on apprend à fabriquer ses propres jouets avec matériaux naturels. Ce que j’ai constaté lors de reportages récents ? Quand on coupe (même partiellement) l’accès aux écrans chez les tout-petits – comme l’expérimentent certaines crèches pilotes en Andalousie – le changement est saisissant : plus d’échanges verbaux entre enfants, créativité décuplée lors des activités artistiques et… une capacité étonnante à retrouver le plaisir simple du jeu libre. Vous pourriez être interessé par Guadalmellato : le réservoir déborde avec plus de 85% de capacité 12 novembre 2024 IES Aguilar, Eslava et Góngora demandent le BIC pour leurs planisphères 11 novembre 2024 Quelles limites pour ce modèle ? Entre utopie et contraintes réelles Soyons honnêtes : il serait illusoire d’imaginer une rupture totale avec le numérique. À Cordoue même, beaucoup de parents travaillent hors domicile ou jonglent avec plusieurs emplois ; pour eux, la tablette peut sembler une bouée pratique. Mais un nouvel équilibre se dessine peu à peu. J’ai pu échanger avec Lucia et Javier, parents dans le quartier Figueroa : « On limite désormais les dessins animés au week-end seulement et on encourage nos filles à participer aux ateliers cuisine du marché Victoria », expliquent-ils fièrement. Le défi reste immense car tout n’est pas transposable partout – en zone rurale ou défavorisée par exemple. Mais il est fascinant de voir cette nouvelle conscience collective émerger aussi en Espagne : dans certaines régions pionnières (Asturies, Catalogne…), des lois limitent déjà l’utilisation du numérique scolaire ou imposent un retour progressif au papier. Pour aller plus loin sur ces démarches éducatives innovantes et inspirantes, je recommande vivement cet article détaillé proposé par l’UNESCO sur l’éducation numérique et ses enjeux mondiaux. Héritage culturel cordouan versus tentation digitale globale Cordoue possède une richesse patrimoniale qui constitue un terrain de jeu infini pour stimuler les jeunes esprits sans écran : visites théâtralisées de la Mezquita-Catedral pour découvrir l’histoire autrement ; balades contées dans les jardins califaux où l’on s’émerveille devant mille senteurs ; festivals de flamenco ouverts aux familles… Ce sont autant d’occasions d’ancrer l’apprentissage dans le réel. D’ailleurs – petite anecdote personnelle ! –, mon neveu Pablo (7 ans) me confiait récemment préférer « écouter Abuela raconter ses souvenirs plutôt que regarder YouTube ». Cette transmission orale multigénérationnelle reste très vivace ici – elle pourrait bien devenir un modèle envié alors que beaucoup cherchent aujourd’hui à ralentir. Nouvelles pratiques parentales et résistances familiales : témoignages cordouans Cependant tout n’est pas simple… Car refuser totalement le numérique peut créer un sentiment d’exclusion chez certains enfants face aux camarades mieux équipés techniquement. D’après mon enquête auprès d’associations locales telles qu’AMPASur (Association des Parents d’Élèves), il y a désormais une vraie demande pour accompagner familles et enseignants vers cette transition douce : ateliers pratiques pour apprendre à gérer ensemble le temps digital mais aussi espaces collectifs pour partager astuces anti-écran. Beaucoup se posent alors cette question cruciale : jusqu’où aller sans risquer la fracture générationnelle ? Ici encore j’observe que c’est la qualité du lien social qui prévaut : organiser plus fréquemment sorties nature au parc Cruz Conde ou pique-niques intergénérationnels fait toute la différence selon moi. Que retenir pour demain ? Leçons andalouses pour une Génération Beta heureuse Si je devais résumer ma vision après avoir vu tant de familles s’adapter ces dernières années : réinventer une enfance moins connectée ne signifie pas renoncer au progrès, mais repenser notre rapport collectif au temps, au jeu et à la découverte sensorielle. La tradition andalouse offre là-dessus une source intarissable ; encore faut-il oser renouer avec cette sagesse locale parfois oubliée sous la pression du digital globalisé. En définitive : Cordoue nous montre qu’il est possible d’offrir aux enfants un cadre sécurisant ET stimulant sans céder entièrement aux sirènes technologiques – tout est question d’équilibre subtil entre patrimoine vivant… et usage raisonné du numérique ! Questions fréquentes Les écoles de Cordoue appliquent-elles déjà ces restrictions ? Certaines écoles pilotes commencent effectivement à limiter l’usage quotidien des tablettes ou ordinateurs dès la maternelle. Mais chaque établissement adapte sa politique selon son projet pédagogique propre. Existe-t-il des alternatives concrètes aux jeux numériques dans la ville ? Absolument ! Nombreuses sont les associations proposant jeux traditionnels andalous dans les parcs ou ateliers créatifs adaptés dès trois ans (danse flamenca junior, poterie…). Comment réagir si mon enfant se sent isolé sans écran face à ses amis ? Misez sur l’ouverture sociale : inviter ses camarades lors d’activités extérieures ou organiser ensemble des sorties culturelles renforce naturellement son intégration — sans exclure totalement le monde digital non plus. Photo by Jan Huber on Unsplash Développementenfancetechnologie 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Córdoba et le culte du cinéma culte : Ce que la saga Harold & Kumar m’évoque ici entrée suivante Córdoba : l’exposition de José María Baez à la Sala Vimcorsa, un voyage sensoriel inattendu A lire aussi Lucena, Feria del Valle: et si on dépassait... 30 août 2025 Córdoba, Ronda Norte: un monastère du VIIIe siècle... 27 août 2025 Córdoba Live : dessous inédits d’un festival qui... 16 août 2025 Córdoba, monuments : ce que la Mezquita ne... 12 août 2025 Mercredi, Netflix et le mystère asiatique : pourquoi... 8 août 2025 Booking, arnaques et galères : comment éviter la... 8 août 2025 Córdoba, mannequins et normes : ce que Zara... 7 août 2025 Madrid : Pourquoi tant de Madrilènes rêvent d’ailleurs... 7 août 2025 Casques anti-drones russes : l’arme secrète qui chamboule... 5 août 2025 Cartes Steam : l’arnaque méconnue qui piège nos... 5 août 2025