10 Avez-vous déjà ressenti la peur pure dans une salle obscure ? Retour sur Alien, le choc de 1979 qui a bouleversé le public… et mes souvenirs de cinéphile à Córdoba.Quand le cinéma bouleverse : souvenirs d’Alien à Córdoba Je me souviens comme si c’était hier de la première fois que j’ai entendu parler du film "Alien, le 8ᵉ Passager" à Córdoba. Nous étions bien loin des blockbusters calibrés ou des effets spéciaux omniprésents que l’on retrouve aujourd’hui sur Disney+. En cette fin des années 1970, les salles obscures étaient un sanctuaire pour les amateurs de frissons et d’imaginaire. Ridley Scott venait tout juste d’imposer une révolution au croisement de la science-fiction et de l’horreur. Mais surtout… il avait réussi à faire courir – littéralement ! – les spectateurs hors du cinéma. "Le son était parfait. Les gens sortaient en hurlant !" témoignait Terry Rawlings, monteur du film. À Córdoba aussi, l’ambiance n’était pas moins électrique. Dans nos cinémas historiques – pensez au mythique Gran Capitán ou au Coliseo San Andrés – l’arrivée d’Alien fut une onde de choc dont on parle encore entre passionnés. Un choc visuel inédit pour une époque innocente Pour comprendre ce qui s’est joué lors des premières projections d’Alien à Córdoba (et ailleurs), il faut se remettre dans le contexte : Star Wars venait tout juste de souffler un vent épique sur le monde deux ans plus tôt ; mais personne n’était préparé à la claustrophobie ténébreuse et à l’angoisse viscérale qu’allait distiller Ridley Scott. La scène du "chestburster" (littéralement "la créature qui jaillit de la poitrine") avec John Hurt est devenue légendaire. Dans notre Andalousie encore peu habituée aux excès sanguinolents hollywoodiens, cette séquence provoqua évanouissements et cris. Les gérants eux-mêmes étaient affolés ! Cela m’a toujours fascinée : comment un simple film peut-il renverser nos repères émotionnels ? Comment expliquer que les spectateurs aient pu quitter leur fauteuil – parfois en courant – alors qu’aujourd’hui cette scène est étudiée comme chef-d’œuvre ? Vous pourriez être interessé par María José Llergo, originaire de Cordoue, sera récompensée du prix José Luis Perales lors du festival Estival Cuenca 17 avril 2024 Nouveautés de bandes dessinées à découvrir en janvier 2025 2 janvier 2025 L’expérience cordouane : quand voir Alien devient un rite initiatique En tant que Cordouane fière de ses racines et exploratrice invétérée, je vois un parallèle amusant entre la découverte d’un monument oublié dans notre Judería et celle d’une œuvre culte comme Alien. On entre sans trop savoir ce qui nous attend… puis on ressort transformé. À l’époque, aller voir Alien était presque un acte subversif. Il fallait convaincre ses amis d’oser franchir le pas ; certains se lançaient des défis pour tenir sans détourner les yeux pendant la scène fatidique. Plus tard dans la soirée, attablés devant un flamenquín ou quelques tapas sous les voûtes blanches du centre historique, chacun y allait de sa théorie : pourquoi ce monstre ? Qu’incarne-t-il vraiment ? La force du collectif : peurs partagées et souvenirs gravés Ce qui distingue profondément cette expérience cordouane (et espagnole) tient aussi dans notre manière très méditerranéenne de vivre ensemble nos émotions fortes. À chaque projection marquante correspond une discussion animée – parfois jusqu’à refaire le monde autour d’une caña glacée ! La peur partagée soude le groupe. Je me rappelle encore ces inconnus devenus amis grâce à leur fascination commune pour cet alien grotesque ; certains ont continué à suivre toute la saga ensemble lors des sorties suivantes. C’est là toute la magie du cinéma à Córdoba : plus qu’un divertissement solitaire, chaque film marquant devient prétexte à tisser du lien social. Pourquoi Alien a tant marqué… même en Andalousie ? Aujourd’hui encore (en 2025 !), nombreux sont ceux qui revoient Alien avec nostalgie ou cherchent à transmettre ce frisson inaugural aux plus jeunes générations. Quelques raisons expliquent ce pouvoir intemporel : Un mélange inédit entre huis clos oppressant et grand spectacle intergalactique. Une héroïne charismatique (Sigourney Weaver !) dans une époque où cela restait rare. Des effets spéciaux pratiques bluffants qui tiennent encore tête aux images numériques modernes. Une dimension symbolique universelle (la peur de l’inconnu, le danger tapi dans l’ombre). Et bien sûr… le plaisir secret d’avoir eu VRAIMENT peur ensemble ! Pour les curieux ou nostalgiques désireux de replonger dans cette ambiance unique, le documentaire "The Beast Within: The Making Of Alien" propose des anecdotes croustillantes venues des coulisses du film. Entre patrimoine cordouan et culture pop mondiale : mon regard croisé Je trouve passionnant de relier ces grandes œuvres internationales à notre vécu local. Córdoba vibre avant tout par sa capacité à accueillir l’inattendu – qu’il s’agisse d’un spectacle improvisé dans la Calleja de las Flores ou… d’un chef-d’œuvre cinématographique venu secouer nos certitudes ! Explorer ces passerelles entre mémoire collective et découvertes individuelles nourrit ma passion pour les histoires qui relient lieux et gens. Et vous, quel est votre souvenir cinéphile le plus marquant à Córdoba ? N’hésitez pas à partager vos anecdotes via Escapade à Cordoue ! Pour celles et ceux désireux d’approfondir leur connaissance du cinéma espagnol (et international) projeté en Andalousie depuis les années 70 jusqu’à aujourd’hui, je recommande également la Filmoteca de Andalucía, véritable trésor culturel en plein cœur de notre ville. Le coin des questions Pourquoi autant de spectateurs ont-ils quitté la salle pendant Alien ? La scène du "chestburster", extrêmement graphique pour l’époque, a choqué un public peu habitué à tant de violence visuelle au cinéma grand public en 1979. L’effet fut démultiplié par le réalisme sonore et visuel innovant utilisé par Ridley Scott. Peut-on retrouver aujourd’hui cette ambiance dans les cinémas cordouans ? Oui ! Si l’effet surprise s’est émoussé avec le temps, certaines salles organisent régulièrement des projections cultes avec débats ou animations spéciales permettant de revivre ces émotions collectives uniques. Pourquoi Alien reste-t-il incontournable après tant d’années ? Son savant mélange d’horreur psychologique, son esthétique visionnaire et sa portée symbolique universelle continuent d’inspirer aussi bien cinéastes qu’amateurs avertis partout dans le monde. Photo by CDC on Unsplash Filmfilm de science-fictionsuccès 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Port de Sitges : 50 ans d’histoires maritimes et de secrets à découvrir entrée suivante Córdoba, patrimoine en débat : ce que l’affaire des peintures de Sijena révèle sur l’accès à l’art A lire aussi Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025 Inattendu à Córdoba: Manu Sánchez revient à Cabra,... 1 septembre 2025 À Córdoba, Benamejí en compás: ma nuit au... 31 août 2025 Córdoba flamenco: mes lieux vrais où sentir le... 31 août 2025 Córdoba, Filmoteca: mes secrets pour vivre la rentrée... 30 août 2025 Córdoba, et si une série galicienne réveillait nos... 29 août 2025 Córdoba en Lego: la rentrée comme un local…... 28 août 2025 Córdoba, chirigota del Canijo: la halte immanquable avant... 28 août 2025