10 Et si un disque pouvait capturer l’âme de Córdoba ? Plonge dans ‘Sigh’ de Dany Ruz, où chaque note dévoile un pan méconnu de notre culture.Un souffle musical né à Montilla Il y a des albums qui racontent une histoire ; d’autres qui deviennent eux-mêmes une traversée intérieure. Avec Sigh, Dany Ruz nous livre bien plus qu’une simple production musicale : c’est un journal intime sans mots, où chaque note respire les silences et les tourments d’un créateur enraciné dans la terre andalouse. Montilla, petite ville aux portes de Córdoba, n’a rien d’anodin dans le parcours de cet artiste singulier — ici, on apprend à respirer lentement, à savourer le temps. J’ai rencontré Dany il y a quelques années lors d’une jam session improvisée au cœur du quartier San Basilio ; déjà à l’époque, sa quête du sens transparaissait dans ses improvisations. "Je voulais composer sans obligation de résultat," confie-t-il. C’est ce refus du formatage — si fréquent aujourd’hui — qui donne à Sigh son caractère brut et sincère. Pendant près de trois ans, Dany a laissé infuser sons et émotions sans savoir vers quelle forme ils tendraient. Ce n’est que récemment, après un épisode personnel éprouvant (qu’il aborde avec pudeur), que l’évidence est apparue : l’album ne serait pas une collection de morceaux mais le point final d’un cycle vécu. Sigh : une mosaïque sonore inattendue Ce qui frappe d’emblée dans Sigh, c’est le choix audacieux d’une narration purement instrumentale. Pas de voix pour guider l’écoute — seulement la musique, nuancée et sincère. Les neuf titres naviguent entre jazz intimiste, clins d’œil funk et même touches subtiles de reggaetón ou de classique. Pour beaucoup, mêler ces genres relèverait du grand écart ; sous les doigts de Dany Ruz, cela devient un fil rouge émotionnel étonnamment cohérent. En tant que Cordouane bercée par la diversité des patios et des influences arabes ou séfarades, je retrouve ici cette aptitude rare à marier les contraires sans jamais perdre la notion du « duende » local — ce frisson typiquement andalou qui transcende les styles. Chaque piste semble correspondre à une étape intérieure : mélancolie contemplative sur "Vértigo", lumière timide sur "Alba", puis crescendo cathartique sur "Marisma"… Il n’y a aucune superficialité ; tout est pensé, ressenti et livré comme un « suspiro » venu du fond de l’âme. Vous pourriez être interessé par Cette semaine, ARCO revient avec une nouvelle date, une réflexion sur la décolonisation et pour la première fois sans Juana de Aizpuru. 4 mars 2024 Concert de l’Orchestre de Cordoue à Jerez dirigé par Manuel Busto 28 mai 2024 La lenteur comme art : écouter autrement Nous vivons à cent à l’heure — moi la première quand je file d’un reportage à un autre ! Pourtant Sigh nous invite à ralentir le pas pour savourer les détails fugaces. C’est là toute sa force : imposer une écoute lente qui rappelle les soirées tièdes passées sous les arcades de la Mezquita où chaque note suspend le temps. J’ai testé : en arpentant la Judería au coucher du soleil avec Sigh dans les oreilles, on ressent autrement la ville. Chaque façade blanche éclaire soudain une nuance musicale ; chaque ruelle étroite fait écho aux motifs secrets glissés par Dany entre deux arpèges. Cette expérience immersive s’apparente presque à une promenade guidée… mais intérieure. De nombreux psychologues soulignent (voir cet article sur l’écoute consciente) combien prendre le temps d’écouter active nos souvenirs et nos émotions enfouies. Sigh fonctionne ainsi comme un miroir sonore pour quiconque accepte de s’y abandonner — cordouan ou visiteur curieux. Création locale et identité universelle Au-delà des références techniques ou des jeux stylistiques (le clin d’œil au jazz modal dans "Interludio II", par exemple), il faut insister sur la dimension profondément locale mais ouverte sur le monde de cet album. À Córdoba en 2025, on sent monter chez nombre d’artistes une volonté nouvelle : parler depuis leur territoire tout en touchant l’universel. Dany Ruz incarne parfaitement cette génération capable de tisser ensemble racines montillanas et influences planétaires. Loin des clichés folkloriques figés — ceux qu’on croise parfois dans certaines fiestas touristiques — il invente ici un langage propre où chaque auditeur est libre de projeter ses souvenirs ou ses espoirs. Si tu cherches à comprendre comment l’Andalousie actuelle se vit et se transforme par ses jeunes artistes, impossible donc de passer à côté d’un tel projet ! Je recommande aussi vivement cette analyse approfondie sur la scène musicale cordouane contemporaine pour replacer Sigh dans son contexte créatif plus large. Conseils pratiques pour une écoute enrichissante Voici quelques astuces issues de mes propres essais pour tirer le meilleur parti de Sigh lors d’un séjour ou même chez toi : Prends ton temps ! Laisse-toi porter par une piste entière avant de passer à la suivante. Marche dans Córdoba tôt le matin ou tard le soir avec l’album en fond sonore : certains quartiers prennent alors une couleur insoupçonnée. Essaye différentes ambiances (silence absolu vs bruits urbains doux) pour percevoir comment les morceaux dialoguent avec ton environnement. Écoute-le seul puis partage-le autour d’un verre entre amis – c’est fascinant comme chacun y entend des choses différentes selon son vécu ! Enfin… ose fermer les yeux et deviner quelle émotion cherche à traverser chaque morceau. Pour prolonger cette expérience immersive en Andalousie musicale authentique, explore aussi les concerts intimes organisés régulièrement dans les patios privés ou petites salles hors des sentiers battus – c’est souvent là que jaillissent les plus beaux "suspiros" artistiques ! Questions fréquentes Qui est vraiment Dany Ruz ? Dany Ruz est un compositeur montillano reconnu pour sa capacité à fusionner différents styles musicaux tout en gardant une profonde sincérité artistique. Il s’affirme aujourd’hui comme figure montante de la scène instrumentale andalouse. Est-ce que ‘Sigh’ plaira aux non-habitués du jazz ou du classique ? Absolument ! L’album s’adresse autant aux passionnés qu’à ceux qui découvrent ce type musical grâce à son accessibilité émotionnelle et sa diversité rythmique. Où peut-on écouter ‘Sigh’ ? Le disque est disponible sur toutes les plateformes numériques majeures (Spotify, Deezer…) ainsi qu’en édition physique limitée chez certains disquaires indépendants cordouans. Comment relier cette œuvre au patrimoine culturel local ? ‘Sigh’ puise dans la mémoire collective andalouse tout en brisant les frontières traditionnelles entre genres musicaux – c’est justement ce mélange subtil qui résonne profondément avec l’identité vibrante et métissée de Córdoba. Photo by Guillaume Didelet on Unsplash AlbumArtisteMusique 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Córdoba : La Noche Blanca du Flamenco comme un local passionné entrée suivante Córdoba, mode et patrimoine : secrets de la collection Teno à découvrir A lire aussi Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025 Inattendu à Córdoba: Manu Sánchez revient à Cabra,... 1 septembre 2025 À Córdoba, Benamejí en compás: ma nuit au... 31 août 2025 Córdoba flamenco: mes lieux vrais où sentir le... 31 août 2025 Córdoba, Filmoteca: mes secrets pour vivre la rentrée... 30 août 2025 Córdoba, et si une série galicienne réveillait nos... 29 août 2025 Córdoba en Lego: la rentrée comme un local…... 28 août 2025 Córdoba, chirigota del Canijo: la halte immanquable avant... 28 août 2025