13 Envie de découvrir comment le Congrès de la langue espagnole à Arequipa bouscule nos idées sur le mestizaje et l’IA ? Suivez-moi dans les coulisses d’un événement unique.Arequipa au cœur du débat : la langue espagnole entre mémoire et modernité Quand j’ai appris que le Xᵉ Congrès International de la Langue Espagnole poserait ses valises à Arequipa en octobre 2025, mon cœur de journaliste passionnée par les rencontres culturelles a bondi. Pourquoi cette ville péruvienne, loin des traditionnels centres hispanophones ? Parce qu’Arequipa incarne un carrefour de métissages linguistiques et culturels uniques. Et puis, c’est là qu’est né Mario Vargas Llosa, géant de la littérature mondiale auquel ce congrès rendra hommage. Le choix n’a rien d’anodin. L’Espagnol y dialogue avec le quechua, l’aimara et une mosaïque de langues amazoniennes—un laboratoire vivant du mestizaje dont nous parlerons plus loin. Ce congrès ne se contente pas d’observer l’évolution du castillan : il interroge son rapport aux communautés qui le transforment chaque jour. « L’hommage à Vargas Llosa dans sa ville natale donne au congrès une résonance émotionnelle et littéraire rare. C’est une invitation à repenser notre héritage linguistique à travers ses propres récits d’exil et d’identité plurielle. » Le mestizaje linguistique : mythe ou force vive ? Dans mes explorations cordouanes comme andines, j’ai souvent été frappée par l’incroyable capacité des langues à s’inventer au contact de l’autre. Au congrès d’Arequipa, le premier grand thème sera précisément « L’espagnol, langue mestiza : interculturalité et communauté globale ». On n’y parlera pas seulement des mots importés ou adaptés : on s’intéressera aux frictions créatives qui font naître des expressions hybrides—des slangs de la jeunesse latino-américaine jusqu’aux argots des quartiers frontaliers. En 2025, près de 600 millions de personnes parlent espagnol dans le monde mais aucun Espagnol n’est « pur ». À Cordoue comme à Lima ou Miami, le castillan absorbe l’influence d’autres idiomes (arabe en Andalousie, anglais aux États-Unis…). Cette pluralité est-elle un défi ou une richesse ? Les organisateurs prennent position : Valoriser le brassage culturel qui façonne la langue. Explorer les tensions en zones frontalières (USA/Mexique ou nord du Maroc). Discuter l’avenir du vocabulaire face aux mutations sociales (inclusivité, numérique…). Des questions très actuelles auxquelles l’Institut Cervantes consacre déjà plusieurs études. Vous pourriez être interessé par La forteresse d’Alcazaba d’Almería enregistre la meilleure fréquentation en six ans en 2024 25 avril 2024 Cineforum du Collège des Infirmiers de Córdoba : Valorisation des Infirmières 8 novembre 2024 Langage clair : défendre le droit de comprendre Si je devais choisir une lutte contemporaine pour notre langue commune—au-delà des débats académiques—ce serait celle pour un langage clair et accessible. Le deuxième pilier du congrès entend bien faire évoluer les usages officiels autant que privés. Pourquoi ce combat est-il si brûlant aujourd’hui ? Parce que derrière chaque formulaire administratif obscur ou contrat bancaire truffé de jargon se cache une forme d’exclusion silencieuse. L’enjeu est donc démocratique avant tout : garantir que chaque citoyen puisse comprendre ce qui lui est dit. Lors d’une rencontre préparatoire à Cordoue avec plusieurs linguistes péruviens invités au congrès, j’ai mesuré combien cette bataille concernait aussi bien l’Amérique latine que l’Europe. Exemples concrets discutés : Réforme des textes légaux pour plus de clarté. Simplification des communications institutionnelles (hôpitaux, écoles…). Promotion du « langage facile à lire » pour les publics fragilisés. Cela me rappelle certaines initiatives françaises autour du « français facile » (voir ici), preuve que ces préoccupations transcendent les continents. Intelligence artificielle et espagnol digital : miroir déformant ou opportunité ? Impossible aujourd’hui d’évoquer la vitalité d’une langue sans parler technologie. Le troisième axe du congrès m’interpelle particulièrement comme observatrice curieuse des nouveaux médias : « Langue espagnole, cultures digitales et intelligence artificielle (IA) ». En 2025 déjà plus d’IA “parlent” espagnol que d’humains… mais parlent-elles vraiment NOTRE espagnol ? Entre automatisation des contenus web et chatbots multilingues, surgit un dilemme majeur : Comment éviter que les machines n’imposent un castillan artificiel détaché des réalités humaines ? Faut-il codifier davantage ou ouvrir les portes à l’innovation spontanée ? J’ai pu assister lors du dernier congrès à Cadix à une table ronde mémorable entre développeurs IA et académiciens puristes – moments parfois tendus où jaillit pourtant la nécessité urgente d’un dialogue commun. Les académies sont désormais invitées à collaborer étroitement avec les concepteurs IA pour protéger nuances et diversité régionale – enjeu capital pour tout locuteur soucieux de préserver son identité culturelle face à l’uniformisation algorithmique. Le symbole d’Arequipa : héritages croisés et futur ouvert Ce n’est pas un hasard si l’affiche officielle du congrès reprend une illustration historique extraite de la « Nueva crónica y buen gobierno » (1615), lettre poignante adressée au roi par Guamán Poma de Ayala sur la condition indigène au Pérou colonial. En tant qu’Andalouse sensible aux histoires croisées entre Europe et Amériques, cette image m’évoque la longue chaîne des transmissions mais aussi des résistances — évoquant ce “mestizaje” revendiqué aujourd’hui non comme effacement mais comme force dynamique. Le Pérou a même classé cet événement “d’intérêt national”, soulignant combien il s’inscrit dans une volonté actuelle de dialogue interculturel renouvelé entre hispanophones autochtones et descendants européens ou africains. Un modèle inspirant alors même qu’en Espagne certains débats restent crispés sur ces questions. Conseils pratiques pour suivre (ou vivre) ce congrès unique Envie vous aussi d’être partie prenante ? Quelques astuces glanées auprès des organisateurs locaux lors de mes séjours récents : Des conférences publiques seront retransmises gratuitement en ligne sur le site officiel du Congrès ainsi que via certains médias partenaires hispano-américains (El País America…). Si vous êtes sur place à Arequipa — pensez à réserver vos hébergements très tôt : la ville affiche complet dès septembre ! Profitez-en pour découvrir les merveilles architecturales classées UNESCO autour de la Plaza Mayor — alliant influences coloniales et touches baroques locales typiques (« sillar » volcanique blanc). Osez goûter au rocoto relleno local ou arpenter les marchés artisanaux avant/après les sessions officielles ; ici encore se révèle toute la vitalité du mestizaje culinaire… Pour prolonger votre exploration linguistique, visitez également la bibliothèque Mario Vargas Llosa : un lieu vibrant où dialoguent lecteurs locaux et voyageurs curieux depuis plusieurs générations. Conclusion personnelle : pourquoi ce congrès compte vraiment… jusque chez nous ! À Cordoue comme à Arequipa se pose inlassablement cette question centrale : comment faire vivre notre langue sans perdre ni mémoire ni liberté ? À travers ces débats contemporains autour du mestizaje linguistique, du langage clair et du défi technologique posé par l’intelligence artificielle, ce congrès illustre parfaitement pourquoi défendre sa langue c’est avant tout défendre un projet collectif ouvert au monde — jamais figé ni nostalgique mais foncièrement humain. Si vous souhaitez continuer cette réflexion passionnante sur les ponts culturels hispaniques/andalous ou partager vos propres anecdotes multilingues… écrivez-moi ! Car chaque mot échangé fait reculer un peu plus l’indifférence ordinaire 😉 Questions fréquentes Qu’est-ce que le mestizaje linguistique évoqué lors du Congrès ? Le « mestizaje » désigne ici le mélange dynamique entre langues diverses (espagnol–quechua–anglais…) générant un idiome vivant riche en variations régionales—phénomène central étudié lors du congrès d’Arequipa. Peut-on suivre le Congrès depuis la France ? Oui ! Plusieurs sessions majeures seront diffusées en streaming via les sites officiels ; renseignez-vous quelques semaines avant pour obtenir liens directs programmés selon votre fuseau horaire. En quoi l’intelligence artificielle menace-t-elle (ou enrichit-elle) la langue espagnole ? l’IA peut standardiser dangereusement la langue mais aussi aider à valoriser sa diversité si elle intègre correctement variantes régionales grâce aux apports humains dans sa conception — sujet phare débattu lors du Congrès 2025 ! Photo by Thanh Ly on Unsplash langueLittérature 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Poesía à Córdoba : Sara Toro, l’âge en jeu lors d’une soirée unique entrée suivante Exposition José Caballero : Plongée dans l’âme andalouse du surréalisme, génération 27 en filigrane A lire aussi Orchestre de Cordoue : tu le savais ?... 5 septembre 2025 Cordoue, où l’amitié ressemble à un crush: voilà... 5 septembre 2025 Filmoteca de Andalucía à Cordoue : tu le... 4 septembre 2025 À Cordoue, Romero de Torres vs Warhol: tu... 4 septembre 2025 Sorolla revient avec une plage oubliée: ce que... 3 septembre 2025 Córdoba, résidence bretonne: mon carnet d’initié pour une... 3 septembre 2025 Arcana à Córdoba: la Mezquita chuchote une élégance... 2 septembre 2025 Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025