Cine, gastronomie et monnaies : plonger au cœur du Musée Archéologique autrement

a narrow street lined with potted plants

Découvre comment le Musée Archéologique réinvente l’archéologie avec ciné, gastronomie ibère et ateliers monnaie — des expériences inédites à ne pas manquer !

Entre Apollon et Dionysos : Le cinéma archéologique sous un nouveau jour

Dès que j’ai franchi la porte du Museo Arqueológico de Córdoba en juin dernier, j’ai senti ce délicieux frisson d’attente — celui qu’on ne trouve que lorsqu’une institution décide vraiment de bouleverser les codes. Cette année, le musée célèbre les Journées Européennes de l’Archéologie non pas avec une simple exposition statique, mais en orchestrant une véritable immersion sensorielle. Premier acte : le cycle de cinéma « Entre lo Apolíneo y lo Dionisíaco » (du 12 au 14 juin).

Ce choix n’a rien d’anodin : il s’agit d’explorer l’histoire par la dualité entre l’apollinien (ordre, raison) et le dionysiaque (instinct, émotion). Les films projetés — sélectionnés pour leur capacité à dialoguer avec le passé antique — nous invitent à réfléchir sur nos propres contradictions humaines. Rien à voir avec un énième documentaire poussiéreux ! Ici, la salle vibre des échos de débats passionnés : comment l’instinct façonne-t-il notre culture ? Peut-on saisir la vérité historique sans l’émotion ? Après chaque projection gratuite (18h), les discussions filent jusque sous les colonnes du patio.

"Regarder l’Antiquité à travers le prisme du cinéma contemporain m’a permis de comprendre combien notre présent est tissé des mêmes tensions."

Le musée propose là un pont étonnant entre art moderne et histoire ancienne – une réussite rare dans les programmations culturelles actuelles (programme officiel).

Arqueogastronomía Íbera : Un festin aux origines mystérieuses

Le lendemain matin (le 14 juin dès 11h30), place aux saveurs oubliées lors de l’atelier d’Arqueogastronomía Íbera. J’avoue : ce genre d’expérience me rend littéralement euphorique ! Animée par la pétillante Dr Lidia Cabello et le chef-chercheur J. Damián Partido, cette activité plonge au cœur de la cuisine ibère pré-romaine. Mais attention, ici point de plat banalisé ou folklore réchauffé.

Première étape : comprendre ce qui se cachait derrière chaque ingrédient avant même que Rome n’impose ses goûts. On découvre alors une gastronomie où chaque aliment était empreint de symboles — fèves pour la fertilité, pain d’épeautre comme offrande aux dieux… L’intervention du chef va bien au-delà du simple showcooking : c’est un dialogue permanent avec le public autour de gestes ancestraux.

La dégustation finale m’a laissé un souvenir impérissable : soupe froide de fèves crémeuse et relevée, garum délicat servi sur pain rustique encore chaud, ragoût savoureux pois chiches-mauves… Et ce gâteau frais fromage-miel à tomber ! Soudainement, toute la salle se sent héritière d’une tradition millénaire — beaucoup plus vivante qu’on ne l’imagine.

Petit conseil pratique : les places sont très limitées et partent vite (infos et réservations). Pour approfondir ces saveurs anciennes chez vous, je recommande aussi cette ressource sur la cuisine ibérique antique.

À la découverte du vrai trésor : l’atelier monnaie pour petits curieux… et grands enfants !

Enfin, impossible de ne pas évoquer mon coup de cœur absolu : le « Taller de acuñación de monedas » (15 juin à 11h30). Ce n’est pas juste un atelier pour enfants ; c’est une initiation ludique mais précise à l’économie antique… où chacun repart littéralement avec sa propre pièce frappée main !

Tout commence par un jeu immersif : face à une boutique reconstituée regorgeant d’authentiques produits ibères (poteries artisanales, tissus bruts), on réalise que nos euros modernes n’ont aucune valeur ici. Place alors à la découverte des systèmes d’échange antiques : troc complexe puis naissance progressive des premières monnaies en cuivre ou argent. Des reproductions manipulables circulent parmi les participants qui découvrent texture et poids – quelle différence flagrante comparé aux pièces contemporaines !

La simulation d’une ceca ambulante (atelier monétaire itinérant) fait jaillir sourires et éclats métalliques. Le geste ancestral du martelage – lourd mais précis – laisse sur chaque visage la fierté enfantine d’avoir créé « sa » monnaie… tout en semant mille questions sur valeur réelle vs symbolique.

"Même adulte, se retrouver devant une matrice authentique et frapper son propre denier procure un sentiment grisant d’appartenance à l’Histoire."

Pourquoi ces expériences changent notre regard sur l’archéologie ?

Ce programme incarne selon moi une révolution douce dans la médiation culturelle espagnole. Loin des vitrines figées ou discours magistraux, il replace chacun dans une expérience active – cinéphile intrigué par Nietzsche ou gourmet curieux des goûts perdus ; enfant rêveur frappant sa première pièce ou adulte en quête de lien tangible avec son passé régional.

En croisant ces approches (cinéma réflexif, atelier sensoriel culinaire et transmission vivante du geste artisanal), le Museo Arqueológico dépasse les frontières habituelles entre spectateur et acteur. Il invite à ressentir physiquement ce que fut – et reste – notre humanité commune.

Pour celles et ceux qui veulent aller plus loin après leur visite cordouane :

Questions fréquentes

### Peut-on participer aux ateliers sans parler espagnol couramment ?
Bien sûr ! Le personnel est habitué à accueillir un public international ; beaucoup parlent anglais ou français basique. Les activités sont surtout visuelles et interactives.

### Faut-il réserver absolument pour toutes les activités ?
Oui. Les places étant très limitées (surtout pour gastronomie et monnaies), il vaut mieux réserver dès ouverture des inscriptions en ligne.

### Les enfants peuvent-ils vraiment manipuler les outils pour frapper une monnaie ?
Oui ! Tout est encadré avec attention ; chaque enfant est accompagné pour assurer sécurité… mais aussi plaisir total lors du martelage.

Photo by Free Nomad on Unsplash

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