Chernobyl : pourquoi les sangliers restent si radioactifs, même loin de l’Ukraine ?

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Pourquoi les sangliers de Chernobyl et d’ailleurs restent-ils ultra radioactifs ? Une histoire fascinante où la cuisine du sol rencontre la guerre froide !

Le mystère persistant des sangliers radioactifs

Si vous êtes curieux comme moi des histoires où nature, histoire et science s’entrelacent… celle-ci va sûrement vous captiver. Depuis des années, on s’interroge : pourquoi les sangliers de la région de Tchernobyl – et même ceux bien plus loin, comme en Bavière – présentent-ils des taux de radioactivité bien supérieurs à d’autres animaux sauvages du même secteur ? Je vous invite à plonger avec moi dans ce récit qui va bien au-delà des clichés sur la catastrophe nucléaire…

Au-delà du cliché : un héritage complexe

On pourrait croire que tout vient simplement de l’accident nucléaire de 1986 à Prypiat. Pourtant, la réalité est plus nuancée et surprenante. En observant l’évolution des niveaux de césium 137 (Cs137), principal coupable après Tchernobyl avec une demi-vie d’un peu plus de 30 ans, on constate que la radioactivité chez les cerfs ou chevreuils a nettement diminué avec le temps. Mais chez les sangliers ? Nada ! Les niveaux sont restés quasi constants, défiant toutes attentes.

Ce phénomène a été appelé « la paradoxe du sanglier sauvage ». Pour comprendre cette énigme, il faut regarder non seulement la quantité de radioactivité… mais aussi son origine !

Des champignons cachés aux secrets nucléaires oubliés

Voici où ça devient fascinant : le principal vecteur de contamination n’est pas ce qu’on croit. Les chercheurs ont découvert qu’une bonne partie du césium accumulé par les sangliers n’est pas issu uniquement de Tchernobyl. Il s’agit également d’un autre isotope – le césium 135 (Cs135) – beaucoup plus tenace (sa demi-vie se compte en millions d’années !).

Et surprise : ce Cs135 provient majoritairement… des essais nucléaires menés en Europe durant la Guerre froide ! On estime que 68% du Cs135 européen vient ainsi des tests atomiques (contre 90% du Cs137 attribué à Tchernobyl). Chaque événement nucléaire laisse sa « signature », un peu comme une empreinte digitale radioactive.

Mais pourquoi seuls les sangliers concentrent autant ces isotopes alors que d’autres animaux voient leur contamination baisser ?

L’art délicat du menu souterrain : quand le terroir façonne la radioactivité

C’est ici que ma passion pour la gastronomie entre en jeu… car le secret réside dans l’assiette – ou plutôt sous terre ! Le met favori du sanglier est un type très particulier de truffe sauvage (genre Elaphomyces), qui pousse entre 20 et 40 centimètres sous la surface. Or, année après année depuis les années 1950, le césium « descend » doucement dans le sol à raison de quelques millimètres par an.

Résultat : ces truffes se retrouvent à absorber progressivement le césium qui a filtré lentement vers elles. À chaque festin souterrain, le sanglier devient donc un véritable accumulateur naturel – bien plus efficace que ses voisins herbivores qui broutent en surface.

J’ai déjà vu dans certains marchés locaux allemands l’inquiétude grandissante autour du gibier sauvage – et on comprend pourquoi ! Cette dynamique explique aussi pourquoi même loin de Tchernobyl, dans des forêts bavaroises par exemple, certains prélèvements révèlent encore aujourd’hui des doses étonnamment élevées chez les suidés.

Pour ceux qui aiment approfondir : cet article scientifique détaillé apporte toutes les données récentes publiées en 2024.

Implications inattendues pour nos campagnes européennes

Le phénomène ne va pas disparaître demain. Puisque ces isotopes ont une longévité quasi éternelle et que leur descente souterraine est lente mais continue, il faudra sans doute plusieurs générations pour observer une baisse sensible. Conséquence concrète : dans certaines régions allemandes notamment, la chasse au sanglier est délaissée à cause des seuils trop élevés – ce qui permet à leurs populations d’exploser.

Certains scientifiques imaginent même que leur expansion pourrait aider à diluer petit à petit la concentration globale par effet démographique… mais il faudra être patient : on parle là d’un marathon sur plusieurs décennies.

Pour élargir votre regard sur ce sujet captivant autour des espèces revenues après Tchernobyl : Découvrez cet autre article sur Xataka.

Questions fréquentes

Pourquoi les autres animaux sont-ils moins contaminés que les sangliers ?

La plupart broutent ou mangent en surface où le césium a déjà été largement évacué ou fixé ; seuls les champignons profonds restent fortement chargés.

Peut-on consommer sans risque de la viande de sanglier issue des zones touchées ?

Non, dans beaucoup de régions européennes (Allemagne notamment), elle dépasse encore souvent les normes sanitaires recommandées en 2025 — mieux vaut s’en abstenir sauf analyses spécifiques.

Est-ce un problème limité à l’Europe centrale ?

Non uniquement : partout où il y a eu retombées nucléaires majeures ou essais atomiques historiques et où vivent des populations importantes de suidés fouisseurs consommant des truffes profondes, on retrouve ce phénomène.

Photo by Xuancong Meng on Unsplash

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