Carmen Morales actrice : un retour qui me parle

Carmen Morales, caracterizada como Agatha Christie, en una imagen promocional. / Javier Naval

L'actrice Carmen Morales revient sur scène... Son amour du théâtre, son refuge, son regard unique sur le métier, ça m'a parlé ici à Cordoue. Un vrai coup de cœur !

Quelle joie de voir des artistes retrouver la scène, surtout après de longues pauses ! Depuis ma petite vie ici à Cordoue, je garde un œil passionné sur le dynamisme culturel espagnol, et l’annonce du retour de l’actrice Carmen Morales au théâtre m’a particulièrement touchée. Douze ans loin des planches, c’est une éternité pour un artiste dont le cœur bat au rythme des applaudissements et des émotions partagées. Son choix de revenir avec une œuvre centrée sur la fascinante Agatha Christie, sous la direction de Juan Carlos Rubio, figure incontournable de notre scène, dit beaucoup de son désir de retrouver un espace qui lui est cher. Dans une conversation récente, Carmen s’est confiée avec une sincérité désarmante sur ce retour, sur le métier d’acteur, et sur l’héritage familial qui l’accompagne. Son parcours, ses réflexions, résonnent profondément avec ma propre perception du monde du spectacle ici, en Andalousie et en Espagne.

Le défi d’incarner un mythe : Agatha Christie

Interpréter une figure aussi iconique qu’Agatha Christie, surtout dans une pièce sur sa vie plutôt que par elle, présente un défi unique. Carmen Morales l’aborde avec un mélange de respect et d’émerveillement. Ce qui l’a le plus fascinée, dit-elle, c’est de découvrir comment cette femme, élevée dans les codes stricts d’une époque où son rôle se limitait à être épouse et mère, a pu non seulement devenir l’écrivaine de mystère la plus célèbre au monde, mais aussi… faire du surf ! Cette anecdote, apparemment légère, révèle en fait la complexité et la modernité insoupçonnée de Christie. Carmen met en lumière cette dualité : la façade traditionnelle et la force intérieure qui l’a poussée à briser les moules. En tant qu’actrice, elle cherche évidemment à se glisser dans la peau du personnage le plus fidèlement possible, mais elle reconnaît aussi l’inévitable part d’elle-même qui se glisse dans l’interprétation. C’est la beauté de l’art : il y a le texte, le personnage, et puis il y a cet espace subtil où l’âme de l’interprète rencontre celle du rôle. C’est dans ces nuances, ces gestes involontaires, ces intonations personnelles, que l’interprétation prend toute sa profondeur. Elle insiste sur l’aspect vivant du théâtre, cette alchimie entre acteurs, texte, et surtout, l’énergie du public. Chaque soir est différent, influencé par le lieu, l’humeur de la salle. C’est cette imprévisibilité, cette connexion instantanée, qui rend le théâtre si vibrant.

Le Théâtre : un refuge et un lieu de vérité

Pour Carmen Morales, le théâtre n’est pas juste un métier, c’est un « refuge », un « lieu sûr » où elle se sent le plus à l’aise. Cette notion de refuge est particulièrement parlante dans un monde artistique souvent précaire et exposé. Après douze ans loin des projecteurs pour se consacrer à sa famille, son retour sur les planches est d’autant plus significatif. Elle compare l’industrie d’hier et d’aujourd’hui et note peu de changements fondamentaux dans la profession elle-même, mais une évolution positive dans la perception des acteurs venant de la télévision. Avant, il y avait une certaine méfiance, un snobisme peut-être. Aujourd’hui, les frontières sont plus floues, et beaucoup d’acteurs naviguent entre les différents médias. Cependant, elle souligne que tous ne se sentent pas à l’aise avec l’exigence et la nudité émotionnelle du théâtre. Il faut une certaine audace pour s’y frotter, pour affronter le public sans le filtre de la caméra ou du montage. Le théâtre demande une discipline rigoureuse – apprendre le texte « de manière très systématique et très maquinada » – mais aussi une grande sensibilité à l’énergie qui circule sur scène et dans la salle. C’est un équilibre délicat entre technique et intuition, entre rigueur et lâcher-prise.

L’héritage Dúrcal et la lutte pour les droits

Impossible d’évoquer Carmen Morales sans parler de sa mère, l’immense Rocío Dúrcal. Carmen confie que le nom de sa famille ne lui a jamais causé de problème dans le milieu, au contraire. Rocío Dúrcal était une figure aimée et respectée, non seulement pour sa carrière musicale, mais aussi pour son engagement. Carmen révèle un aspect moins connu de sa mère : son implication dans les luttes sociales de la profession. Rocío Dúrcal a été jusqu’en prison pour défendre des droits fondamentaux des acteurs, comme les jours de repos ou la rémunération des répétitions. Cette anecdote est frappante et replace la figure de Rocío Dúrcal dans un contexte historique de militantisme artistique en Espagne. Cela m’évoque ces moments clés où les artistes, souvent perçus comme éloignés des réalités sociales, se sont battus pour des conditions de travail dignes. Le documentaire sur la grève des acteurs de 1975, auquel Carmen a participé, met en lumière cette solidarité passée. Elle s’interroge cependant sur l’état actuel de cette unité. Y a-t-il encore cette même cohésion entre les acteurs de théâtre, de cinéma et de télévision ? Elle craint que non, pointant du doigt un certain « confort » qui éloignerait certains de la solidarité nécessaire pour défendre les moins privilégiés. Le décalage dans le calendrier des récompenses, avec les Goyas (cinéma) le samedi et les prix des arts scéniques le lundi, est pour elle un exemple de ce manque de considération envers le théâtre. Un détail qui en dit long sur les priorités implicites du secteur.

Respect et avenir : rêves d’écran et de méchanceté

Carmen ressent un profond respect pour la profession d’acteur, qu’elle considère comme « tellement bonita ». Ce respect est mutuel, assure-t-elle. Quand elle était active, elle a beaucoup travaillé, enchaînant les projets, que ce soit à la télévision (elle a débuté dans la série culte Al salir de clase) ou au théâtre, même avec des classiques exigeants de Calderón de la Barca. Sa décision de faire une pause de douze ans était un choix personnel, motivé par le désir de vivre pleinement la croissance de ses enfants. Maintenant qu’elle est de retour, elle regarde vers l’avenir avec enthousiasme. Son grand rêve ? Retrouver le chemin des plateaux de télévision et de cinéma. Et pas pour n’importe quel rôle : elle veut jouer une « mala », une méchante ! Ce désir de casser son image, d’explorer des facettes sombres, est fascinant et montre son envie de se réinventer en tant qu’artiste. C’est un rôle qui demande souvent une grande force d’interprétation et une liberté que les rôles plus conventionnels n’offrent pas toujours. En parallèle, la famille continue de faire vivre le souvenir de Rocío Dúrcal. Carmen partage l’émotion palpable du public pour sa mère, un amour qui ne faiblit pas. L’annonce d’un futur long-métrage sur la vie de Rocío Dúrcal, une coproduction internationale, est une nouvelle excitante. Ce projet, fait avec « amour absolu », promet d’être un hommage vibrant à l’artiste et à sa famille. Choisir les histoires à raconter, trouver les bonnes personnes pour diriger et incarner cette figure, est un processus délicat mais passionnant. Un bel exemple de la manière dont les héritages culturels continuent de résonner et d’inspirer les générations futures.

Cette conversation avec Carmen Morales met en lumière la passion, la résilience et l’engagement qui animent le monde du spectacle. Son retour est une excellente nouvelle pour le théâtre espagnol. Son regard sur le métier, teinté d’expérience et d’humilité, est précieux. Elle incarne cette transmission, non seulement d’un héritage artistique et familial exceptionnel, mais aussi d’une certaine éthique professionnelle, rappelant que l’art est aussi un engagement pour les droits et la solidarité.

Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec l’effervescence artistique que l’on ressent ici, à Cordoue. Les scènes locales, petites ou grandes, vivent de cette même passion, de cet engagement des artistes et du public. Cette ambiance particulière se retrouve aussi dans les célèbres patios fleuris de Cordoue, une autre merveille locale où l’art de vivre s’exprime dans chaque détail. Le théâtre, comme ces patios, est un espace où l’intimité et le partage se rencontrent, créant des moments uniques et mémorables. Pour ceux qui voudraient approfondir leur connaissance du théâtre en Espagne, le site du Ministère de la Culture espagnol offre une mine d’informations. Et pour les fans d’Agatha Christie, le site officiel (https://www.agathachristie.com/) est une ressource incontournable pour tout savoir sur la reine du crime et ses œuvres, y compris ses adaptations théâtrales.

Vos questions sur ce retour sur scène

Où peut-on voir la pièce “Querida Agatha Christie” ?
La pièce est actuellement en tournée en Espagne. Il faut consulter les programmations des théâtres dans différentes villes pour connaître les dates et lieux précis. Les informations sont souvent disponibles sur les sites web des théâtres accueillant la production ou sur les portails de vente de billets de spectacles en Espagne.

Comment Rocío Dúrcal a-t-elle marqué le théâtre espagnol ?
Rocío Dúrcal était une artiste aux multiples talents. En plus de sa carrière musicale internationale immense, elle a aussi joué au cinéma et au théâtre. Son engagement pour les droits des acteurs, notamment lors des mouvements sociaux des années 70, est un aspect important de son héritage professionnel, bien que moins connu du grand public que sa carrière d’actrice et de chanteuse. Elle a montré que les artistes pouvaient être en première ligne des luttes sociales.

Le théâtre est-il un « refuge » pour tous les acteurs ?
Selon Carmen Morales, le théâtre est son refuge personnel, son lieu de confort. Cette perception peut varier d’un acteur à l’autre. Certains peuvent trouver leur refuge dans le cinéma, la télévision, ou d’autres formes d’expression artistique. Le théâtre exige une présence et une intensité particulières qui peuvent être à la fois exaltantes et intimidantes. C’est une question très personnelle et dépendante de l’expérience et de la sensibilité de chacun face à cet art vivant.

Qu’est-ce qu’une coproduction internationale pour un film sur Rocío Dúrcal ?
Une coproduction internationale signifie que plusieurs pays (ici, l’Espagne, le Mexique et les États-Unis) s’associent pour financer, produire et potentiellement distribuer le film. Cela permet de réunir des budgets plus importants, d’accéder à différents marchés, et de bénéficier de talents et de perspectives variés. Pour un film sur Rocío Dúrcal, dont la carrière a été très importante au Mexique et en Amérique Latine, une telle structure est particulièrement pertinente pour toucher un large public et rendre justice à sa stature internationale.

Media: Diario Córdoba – Carmen Morales, caracterizada como Agatha Christie, en una imagen promocional. / Javier Naval

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