Carmelo Gómez se rend à Cordoue ce vendredi pour briser le silence sur l’héritage de la violence

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El Gran Teatro de Córdoba : une histoire de violence et de paix

Le théâtre est souvent le reflet de la société dans laquelle il s’inscrit. À travers ses pièces, il dénonce, questionne et met en lumière les problèmes de notre monde. C’est le cas de la pièce "Las guerras de nuestros antepasados" qui sera jouée demain au Gran Teatro de Córdoba. Adaptation du roman éponyme de Miguel Delibes par Eduardo Galán, le spectacle est dirigé par Claudio Tolcachir et met en scène les comédiens Carmelo Gómez et Miguel Hermoso.

Une histoire saisissante

Publiée en 1975, l’histoire se déroule en 1961 dans un sanatorium pénitentiaire. Nous suivons le personnage de Pacífico Pérez, joué par Carmelo Gómez, souffrant de tuberculose et accusé de meurtre. Il est suivi par le psychiatre du pénitencier, le docteur Burgueño interprété par Miguel Hermoso, qui le convainc de lui raconter son histoire afin de l’aider. De son enfance à la terrible fin de la pièce, Delibes défend dans ses pages la paix face à la guerre et la non-violence comme une manière de vivre.

Des héritages violents

L’histoire de Pacífico Pérez est marquée par les comportements singuliers de son père, de son grand-père et de son arrière-grand-père, tous anciens protagonistes de conflits tels que la Guerre Civile, la guerre du Maroc et la dernière guerre des Carlistes. Ces héritages violents ont un impact sur les souvenirs de l’enfance de Pacífico qui se prépare mentalement à une possible guerre future. Cette vision de la vie pacifique de notre protagoniste entre en conflit avec les idées belliqueuses de ses parents. Cependant, sa sensibilité est mise à rude épreuve lorsque son caractère apparemment calme est interrompu de manière soudaine et sans raison, ce qui le mène dans ce sanatorium pénitentiaire où se déroule le dialogue entre les deux personnages, une conversation qui créé un suspense proche de celui d’un roman policier.

Un grand succès

Le public et les critiques ont fait un accueil chaleureux à la pièce, saluant le travail d’interprétation de Carmelo Gómez qui a été décrit comme "véritablement stratosphérique". Les performances de Miguel Hermoso et Claudio Tolcachir ont également été mises en avant, ce dernier étant qualifié comme le "directeur d’une fête tragique sur un texte saisissant de Delibes".

Un programme de divertissement à Córdoba

Outre cette pièce de théâtre, plusieurs autres événements culturels sont organisés à Córdoba ce week-end. Entre autres, le Pregón del Carnaval qui va mettre l’ambiance avec des festivités animées, et une représentation théâtrale de Quique González, un spectacle à ne pas manquer pour les amateurs de musique. Il y en a pour tous les goûts !

La complexité du personnage de Pacífico Pérez

La pièce met en avant un personnage complexe, Pacífico Pérez, qui est soumis aux puissants, résigné face à un destin préécrit depuis sa naissance avec les histoires de guerre racontées par son père, son grand-père et son arrière-grand-père. Eduardo Galán, l’adaptateur de la pièce, a tenu à souligner l’importance de mettre en avant la langue rurale castillane, utilisée avec brio par Delibes dans nombre de ses écrits.

Réflexion sur la violence dans la société

Lors d’une entrevue, Carmelo Gómez a souligné la contradiction de l’être humain reflétée dans l’histoire : "la guerre est dans nos gènes car nous sommes 100% compétitifs, mais nous avons également la capacité de raisonner et des notions éthiques liées à la coexistence et à la sociabilité. Nous devrions mettre la rationalité au service de l’ordre, mais cela ne semble pas être le cas". Cependant, l’acteur note que malgré une éducation dans de prestigieuses institutions, nous assistons à des actes de violence gratuits dans notre société d’aujourd’hui, où le sexe est de plus en plus brutal et où les femmes sont de plus en plus réduites à l’état d’objets. "Pourquoi en est-il ainsi ? À quoi cela nous a-t-il servi d’aller dans de bonnes écoles ? Ce sont les héritages", conclut-il.

Un message toujours d’actualité

Miguel Hermoso, partenaire de jeu de Carmelo Gómez, considère que Delibes, tout comme les grands classiques, réussit à travers l’évolution d’un personnage à aborder de nombreux thèmes importants qui nous préoccupent tous : la bonté, l’amour, l’injustice, la guerre… et la violence. "Je le dis avec une profonde tristesse, mais de nos jours, la violence reste la méthode la plus efficace pour atteindre nos objectifs. Aujourd’hui, un enfant prend le ballon d’un autre à coups de poing dans la cour de l’école. De nos jours, la Russie s’est appropriée une partie de l’Ukraine grâce à des missiles, des drones et des tanks", met en garde l’acteur. Une réflexion qui résonne fortement dans notre société contemporaine.

En somme, "Las guerras de nuestros antepasados" est une pièce de théâtre qui ne laisse pas indifférent. À travers une histoire poignante, elle nous pousse à réfléchir sur les héritages violents de notre passé et sur la place de la paix dans notre société actuelle. Un message toujours d’actualité, porté par une mise en scène et des performances exceptionnelles qui valent le détour au Gran Teatro de Córdoba. Ne manquez pas cette opportunité de vous plonger dans cette histoire intense et pleine de réflexion.