Bad Bunny, contradictions et rave : ma lente métamorphose musicale

A thoughtful woman in her thirties, seated backstage with a notebook and synth, moody lighting, electronic music gear, posters of concerts and raves in the background, editorial magazine style.

Tu as déjà ressenti ce tiraillement entre ton goût pour Bad Bunny et ta quête d’authenticité ? Je t’emmène explorer ces paradoxes…

Entre le tumulte et la reconstruction : mon chemin après ‘Puta’

Je me souviens encore de l’onde de choc provoquée par ‘Puta’. Ce disque n’était pas seulement une collection de chansons ; il était un exutoire vital, une nécessité douloureuse. Sur le moment, je n’imaginais pas qu’il dépasserait ma propre personne. Quand j’ai compris qu’il survivrait à son autrice pour parler à d’autres – parler de violence subie, de honte intériorisée, et de cette résilience dont on ne se croit pas capable – c’est là que j’ai senti l’utilité profonde de l’art. Mais le bruit médiatique est vite devenu assourdissant : on m’a prise pour cible, la haine numérique s’est invitée jusque dans mon intimité. J’en parle aujourd’hui avec du recul et, surtout, avec le sentiment d’avoir traversé un séisme existentiel.

Dans cette phase post-sismique, j’ai eu besoin de regarder devant moi sans renier mes cicatrices. C’est ainsi qu’est né ‘Lento ternura’. Un disque qui ne nie pas la douleur passée mais la contemple comme on observerait un paysage au petit matin : sans fard mais sans effroi non plus. La lenteur y est devenue un mantra – parce qu’à force d’accélérer tout dans nos vies (la mode, la bouffe, les relations), on oublie parfois que ressentir prend du temps.

Slow life et hyper-connexion : trouver sa tendresse dans un monde pressé

J’observe autour de moi cette soif constante de vitesse – information en continu, notifications incessantes… On vit dans l’urgence permanente et pourtant une petite révolution silencieuse gronde : celle des gens qui osent déconnecter pour mieux se reconnecter à eux-mêmes.

Avec mes amies artistes ou activistes, nous avons instauré des règles simples lors de nos rencontres : les portables restent loin des mains sur la table. On s’écoute vraiment ; on se regarde. Cette résistance douce à l’hyperconnexion est devenue essentielle à ma santé mentale. Il existe désormais des mouvements entiers autour du "slow living" – mais pour moi, c’est avant tout une posture intérieure : ralentir pour s’ouvrir à l’émotion vraie.

En composant ‘Lento ternura’, j’ai puisé dans cette philosophie : accepter que mon histoire soit faite de contradictions et ne jamais m’excuser d’aller moins vite que le monde digitalisé.

Des clubs électro aux stades reggaeton : comment mes influences musicales se bousculent

Longtemps étiquetée "chanteuse pop folk", je n’ai jamais cherché à casser mon image – simplement à évoluer sincèrement selon mes découvertes musicales. La réalité ? Mes années passées dans les raves madrilènes ont transformé ma façon de ressentir la musique.

La techno m’a enseigné une vérité simple : le corps comprend avant la tête. Les basses vibrent jusque dans les os ; l’expérience physique prime sur toute analyse intellectuelle. En m’aventurant vers l’électronique puis en flirtant (parfois ironiquement) avec les codes du reggaeton ou même du ciberpunk, je me suis réapproprié ma palette sonore.

Il faut dire que voir émerger Bad Bunny – capable d’enflammer des stades entiers tout en assumant ses contradictions artistiques – m’a passionnée. J’aime ce trouble quand je danse sur ses titres ultra commerciaux alors que mon cerveau féministe grince parfois devant certaines paroles… Mais pourquoi nier ces tiraillements ? La musique n’est-elle pas aussi là pour mettre nos certitudes sens dessus dessous ?

« Parfois on intellectualise trop ce qu’on ressent — or il faut accepter cette part primitive et spontanée qui fait vibrer notre chair »

Là où beaucoup voient une opposition entre mainstream et marges créatives, je préfère embrasser la porosité des mondes musicaux. Il y a tant à apprendre chez celles et ceux qui innovent dans l’ombre… Pour creuser ce sujet passionnant sur la scène alternative espagnole actuelle : Panorama musical espagnol actuel.

L’anxiété face au flux musical… et comment en sortir !

La multiplication des genres et plateformes crée une impression vertigineuse : aujourd’hui, être mélomane peut devenir anxiogène tant il y a d’offres (et tant certains médias semblent ne s’intéresser qu’au succès planétaire). Ce sentiment est amplifié quand on constate que certaines perles restent invisibles faute de projecteurs médiatiques.

Mon conseil personnel ? S’autoriser régulièrement une écoute hors algorithme. Oser explorer Bandcamp ou Soundcloud comme si on flânait dans un disquaire indépendant (celui où l’on vous conseille LE vinyle inattendu). Oui, Bad Bunny remplit des stades—mais derrière chaque phénomène massif survit une myriade d’artistes talentueux.ses qui méritent autant notre curiosité.

Pour élargir votre horizon musical : Sélection critique indépendante.

Accueillir ses contradictions : la clef d’une identité artistique plurielle

Au final, ce qui me passionne le plus dans cette nouvelle étape créative (et humaine), c’est justement de ne plus avoir peur des paradoxes qui me traversent : aimer Bad Bunny tout en fuyant certains clichés sexistes du reggaeton ; écrire sur mes traumas passés tout en assumant ma joie présente ; danser jusqu’au petit matin en club alors que j’aime méditer seule chez moi.

Ce mélange entre contemplation lente et énergie brute fait toute la richesse d’un parcours artistique sincère — et reflète aussi le tumulte intérieur partagé par beaucoup aujourd’hui.

Alors oui : vive les métamorphoses lentes ; vive la tendresse intranquille ; vive cette musique qui ose nous faire changer plusieurs fois de peau.

Questions fréquentes

Pourquoi avoir intitulé l’album « Lento ternura » au lieu de « La ternura » ?

Parce que je voulais fusionner deux concepts distincts plutôt que qualifier l’un par l’autre — cela devient presque un mantra personnel sur le rapport au temps et à soi-même.

Est-ce difficile d’assumer ses contradictions musicales (ex : aimer Bad Bunny ET faire de l’électro introspective) ?

Absolument pas ! Ce sont précisément ces paradoxes qui nourrissent ma créativité — refuser les cases impose une liberté salutaire à mon écriture comme à mes collaborations.

Comment trouver sa place face à la domination du mainstream musical ?

En cultivant sa curiosité hors des sentiers battus et en acceptant que chaque univers peut enrichir notre regard si on écoute vraiment — sans mépris ni fanatisme.

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