Attendez, la Russie va-t-elle bannir Sex and the City pour booster sa natalité ? Mon avis de Cordouane voyageuse…

A row of empty seats in a dark room

La Russie s'attaque aux séries qui montrent une vie sans enfants ! Une mesure choc pour booster la natalité... mais est-ce vraiment la solution ?

Alors là, laissez-moi vous raconter une histoire qui, même depuis Cordoue, me laisse perplexe. Imaginez un peu : la Russie, ce pays immense, se lance dans une bataille inédite contre les séries télévisées qui osent suggérer qu’on puisse vivre une vie épanouie sans avoir d’enfants. Oui, vous avez bien lu. Le Kremlin, face à une natalité en berne, a décidé de sortir l’artillerie lourde et de s’attaquer à la culture populaire pour "remettre la famille nombreuse à la mode".

Quand la télé devient l’ennemie publique numéro un de la natalité

Depuis septembre 2024, une nouvelle réglementation en Russie permet de refuser le certificat de distribution aux œuvres audiovisuelles qui "promouvraient une culture sans enfants". Cette mesure, qui entrera pleinement en vigueur en septembre 2025, s’ajoute à tout un arsenal déjà déployé pour inverser la courbe démographique. On parle d’aides financières aux familles, d’une position plus stricte sur l’avortement, et même d’incitations à la maternité précoce. L’idée est claire : faire de la famille nombreuse la norme, l’idéal à atteindre, un peu comme "à l’ancienne" selon les vœux de Vladimir Poutine.

La "propagande childfree" dans le viseur

Le ministère de la Culture russe ne mâche pas ses mots : il s’agit de bloquer toute "propagande" liée à la vie sans descendance. Concrètement, les séries et films qui présenteraient des personnages satisfaits de ne pas avoir d’enfants, qui véhiculeraient des "idées déformées" sur la parentalité, ou qui montreraient une image négative de la grossesse ou de la maternité/paternité pourraient tout simplement disparaître des plateformes de streaming et des écrans russes. Les amendes prévues sont loin d’être symboliques, allant de 4 400 euros pour un particulier à plus de 55 000 euros pour une entreprise. C’est une façon radicale de "protéger" les jeunes générations de cette "idéologie" jugée néfaste.

Quelles séries pourraient être bannies ?

Si les critères précis seront fixés en septembre 2025, la revue du Parlement russe, Parlamentskaya Gazeta, a déjà donné quelques exemples de séries potentiellement concernées. Parmi elles, House of Cards, notamment pour le personnage de Claire Underwood, qui privilégie sa carrière à la maternité. Sex and the City est également citée, avec Samantha comme exemple d’une vie sans enfants assumée. Même des sagas apparemment innocentes comme Harry Potter sont scrutées, pointant du doigt le personnage du professeur McGonagall qui n’a pas eu d’enfants (même si, comme le souligne la publication, on ne sait pas si c’était un choix ou non). C’est fascinant de voir comment des personnages fictifs peuvent devenir des symboles dans un débat de société aussi sérieux.

Un miroir des défis démographiques mondiaux ?

La situation en Russie est un cas extrême, mais elle met en lumière une préoccupation partagée par de nombreux pays, y compris en Europe : la baisse de la natalité. L’Espagne, par exemple, connaît également des défis démographiques. À Cordoue, je vois beaucoup de jeunes couples qui repoussent l’âge de la première grossesse, ou qui choisissent de ne pas avoir d’enfants du tout. Les raisons sont multiples : instabilité professionnelle, coût de la vie, désir de liberté ou simplement un choix de vie différent. Ces dynamiques sont complexes et ne se règlent pas à coups d’interdictions culturelles.

De mon point de vue de voyageuse et observatrice, je pense que la culture reflète souvent la société. Si des séries montrent des vies sans enfants épanouies, c’est peut-être aussi parce que c’est une réalité pour une partie de la population. Interdire ces représentations, c’est un peu comme vouloir cacher le soleil avec un doigt. Cela n’empêche pas la réalité d’exister. Et puis, la culture, le cinéma, les séries… c’est aussi un formidable outil de dialogue et de compréhension des différentes façons de vivre. À Cordoue, où la diversité culturelle a toujours été une richesse, cette idée de censurer des œuvres pour des raisons idéologiques me semble particulièrement étrangère. Vous pouvez en apprendre plus sur les enjeux démographiques mondiaux sur le site de la Banque Mondiale. Et pour comprendre la situation en Russie, le site Idhus offre des perspectives intéressantes sur les politiques de population en Russie.

Questions fréquentes

Cette interdiction concerne-t-elle uniquement les nouvelles productions ?

Non, la nouvelle réglementation pourrait également affecter les séries et films plus anciens déjà disponibles sur les plateformes en ligne en Russie. Les œuvres seront évaluées en fonction des critères définis pour leur contenu.

Comment les autorités russes vont-elles identifier les œuvres "problématiques" ?

Selon les informations disponibles, des experts seront chargés d’analyser le contenu des films et séries pour déterminer s’ils encouragent la vie sans enfants ou véhiculent une image négative de la parentalité. Les critères précis seront officialisés en septembre 2025.

Est-ce que d’autres pays ont des lois similaires ?

Bien que de nombreux pays aient des politiques pour encourager la natalité, l’approche russe d’interdire des œuvres culturelles basées sur ce critère semble particulièrement stricte et moins courante dans d’autres démocraties.

Photo by Declan Sun on Unsplash

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