Architecture et héritage : pourquoi Pérez Villalta bouscule nos repères à Cordoue

worms eye view of buildings

Découvre comment l'« architectomanie » de Pérez Villalta redéfinit le patrimoine artistique andalou. Un regard intime sur l’héritage vivant, bien au-delà des clichés !

Le génie secret de Pérez Villalta : la tradition revisitée

Lorsque l’on parle de patrimoine à Cordoue, on pense d’abord aux pierres séculaires, à la Mezquita-Catedral ou encore à nos patios fleuris. Mais combien savent que notre vision du patrimoine artistique moderne a été discrètement révolutionnée par un certain Guillermo Pérez Villalta ? Dans son œuvre comme dans sa pensée, ce peintre-philosophe venu de Tarifa a su infuser une « architectomanie » toute méditerranéenne à la scène culturelle andalouse. J’ai eu la chance de parcourir récemment l’ouvrage posthume qu’Antonio Bonet Correa lui a consacré—une véritable clé pour saisir cet héritage vivant.

Ce livre, "Santo y seña de Guillermo Pérez Villalta", est bien plus qu’une simple biographie : c’est une plongée dans le dialogue ininterrompu entre passé et présent, sacré et profane. Pour moi qui arpente les ruelles où dialoguent ombres antiques et modernité assumée, la découverte des liens secrets entre architecture et peinture chez Pérez Villalta ouvre une porte fascinante vers une autre compréhension du patrimoine cordouan.

L’architectomanie : passion ou obsession créative ?

Pérez Villalta n’a jamais caché son admiration pour les formes architecturales—une passion que Bonet Correa partageait jusqu’à en faire le fil conducteur de sa monographie inachevée. Cette "architectomanie", loin d’être anecdotique, s’inscrit dans une tradition profondément ibérique, où le peintre dialogue avec Vitruve autant qu’avec De Chirico ou Le Corbusier.

Ce qui me frappe le plus dans cette démarche, c’est cette volonté narrative : chaque toile devient espace habité, théâtre où cohabitent figures mythologiques et motifs géométriques hérités du maniérisme ou du rococo. À Cordoue, cela trouve un écho tout particulier—nos monuments sont eux-mêmes des palimpsestes vivants ! Je retrouve ce même goût du syncrétisme lors des expositions temporaires dans nos musées locaux (Musée des Beaux-Arts) : nul lieu n’est figé, tout est réinterprétation permanente.

Entre sacré et profane : la quête d’un humanisme méditerranéen

Ce qui rend l’œuvre de Pérez Villalta si essentielle pour comprendre notre identité locale réside dans sa capacité à flouter les frontières entre sacré et profane. Son "nouveau classicisme" puise aussi bien chez les anciens Grecs que chez les avant-gardistes du XXe siècle. Pour lui—comme pour Bonet Correa—l’art n’est pas seulement affaire d’esthétique mais aussi d’utopie sociale.

J’ai été particulièrement émue par leur idée commune d’une "culture vive et méditerranéenne" : elle rappelle ces soirées cordouanes où se croisent poètes, artisans et chercheurs sous l’arche d’un patio éclairé à la bougie. En relisant certains extraits du livre évoquant Emilio Terry (figure peu connue mais fascinante), j’ai compris combien cet humanisme pluriel irrigue encore aujourd’hui nos pratiques artistiques locales.

  • Inspiration gréco-latine retravaillée sans nostalgie stérile ;
  • Hybride assumé entre récit autobiographique et critique érudite ;
  • Dialogue intergénérationnel entre artistes (Pérez Villalta), critiques (Bonet Correa) et nouveaux lecteurs/acteurs culturels comme vous…

Voilà ce qui distingue vraiment notre patrimoine cordouan contemporain !

Témoignages croisés : transmission familiale et mémoire vivante

L’un des aspects les plus touchants de l’ouvrage est sans doute la présence discrète mais persistante de l’autobiographie. Bonet Correa laisse filtrer souvenirs d’enfance galiciens, anecdotes universitaires sévillanes ou encore confidences paternelles transmises via son fils Juan Manuel.

Pour nous Cordouans, cette notion de transmission familiale résonne fort. Nombreux sont ceux qui cultivent ici le goût du récit partagé—dans les patios mais aussi lors des veillées d’hiver ou autour des grandes tables estivales. Ce geste humble mais puissant permet au patrimoine de ne jamais s’endormir sur ses acquis.

C’est aussi une invitation à explorer soi-même ces traces laissées par les artistes voyageurs, chercheurs ou collectionneurs (je pense par exemple aux archives orales du Centre Andalou d’Art Contemporain). En circulant entre ces différentes strates mémorielles, chacun peut renouveler sa propre lecture du territoire.

Pourquoi cet héritage compte-t-il pour Cordoue aujourd’hui ?

À l’heure où nos sociétés interrogent sans cesse leur rapport au passé comme au progrès, je trouve crucial que l’exemple de Pérez Villalta éclaire la voie vers un patrimoine inclusif, en perpétuel mouvement. Loin des images figées ou folklorisantes véhiculées par certains guides touristiques internationaux, il invite à penser le patrimoine comme espace de débat vivant.

Quelques pistes concrètes inspirées par cet héritage :

  • Oser revisiter les sites emblématiques sous un angle créatif (croquis urbains libres dans la Judería !) ;
  • Valoriser les apports invisibles des critiques/enseignants/archivistes au même titre que ceux des artistes exposés ;
  • Encourager l’émergence d’une nouvelle génération de passeurs capables d’articuler mémoire collective et innovations contemporaines.

En ce sens, visiter Cordoue en 2025 ne se limite pas à admirer le passé : il s’agit aussi d’y lire en creux tous ces dialogues feutrés qui continuent de façonner notre manière unique "d’habiter" le monde—au sens large.

Questions fréquentes

### Qui était Guillermo Pérez Villalta et pourquoi son influence dépasse-t-elle la peinture ?

Guillermo Pérez Villalta est un artiste espagnol reconnu pour ses tableaux mêlant références classiques et touches modernes. Son influence va bien au-delà de la peinture car il explore architecture, philosophie et narration visuelle avec audace—ce qui inspire aujourd’hui nombre d’artistes andalous à sortir des sentiers battus.

### Où peut-on voir l’influence de son « architectomanie » à Cordoue ?

Si ses œuvres originales sont rarement exposées en permanence ici, son esprit plane sur plusieurs initiatives locales mêlant art contemporain et réflexion architecturale. Certains événements temporaires ou visites guidées thématiques mettent parfois à l’honneur cette approche transversale—il faut guetter la programmation culturelle !

### Comment ce livre éclaire-t-il autrement le patrimoine cordouan ?

Le regard croisé entre Antonio Bonet Correa (historien) et Pérez Villalta offre une lecture inédite du patrimoine : celui-ci est perçu non comme un objet figé mais comme un processus vivant fait de rencontres intergénérationnelles, digressions biographiques et dialogues avec le passé. C’est précieux pour renouveler notre façon d’explorer Cordoue aujourd’hui.

Photo by Camille Minouflet on Unsplash

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