À Córdoba, Benamejí en compás: ma nuit au festival El Melón

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TL;DR

  • 🎶 Un line-up de feu: Capullo de Jerez, Reyes, De Tena, Carmona
  • 💸 Billets à 12–15 € pour une nuit de cante à ciel ouvert
  • 🌙 Astuces d’initié pour vibrer comme un local, palmas incluses

Tu crois connaître Córdoba côté flamenco ? Attends de voir Benamejí à la nuit tombée. Je te raconte pourquoi ce festival intimiste, avec Capullo de Jerez et Carmen Carmona, m’a retourné — plus d’âme que mille affiches géantes.

Est-ce que tu savais que, certaines nuits de septembre, un village endormi peut sonner comme une cathédrale de compás ? À Benamejí, au sud de Córdoba, la plaza se transforme en un amphithéâtre d’émotions: c’est le III Festival Flamenco El Melón. Le 6 septembre, à partir de 22 h, on y croise des géants (Capullo de Jerez, Antonio Reyes, Miguel de Tena) et une voix de chez eux qui monte très haut, Carmen Carmona. J’ai couvert l’édition précédente: l’écho d’une bulería traversait l’arène comme un souffle d’été. Pas de strass, pas d’artifice — juste le cante nu, la guitare qui taille la nuit, et un public qui sait écouter.

Pourquoi ce rendez-vous fait battre plus fort le cœur de Córdoba

Benamejí n’est pas un simple décor: c’est mémoire, racines et fierté. Ici, le flamenco n’est pas consommé, il est vécu. Les anciens te parleront de Cayetano Muriel, le “Niño de Cabra”, et de Salvaorillo, deux jalons pour comprendre comment le cante s’est façonné entre Subbética et Campiña. C’est pour cela que ce festival ne se contente pas d’inviter des artistes: il réactive une tradition. Dans une arène à ciel ouvert, chaque palo prend un relief différent — la siguiriya claque, la soleá respire, la bulería s’envole. Et le public, connaisseur, garde le silence quand il faut (tu sentiras presque le duende passer), puis répond d’un «¡olé!» qui vient du ventre. Rappelle-toi: le flamenco est Patrimoine culturel immatériel — ici, tu comprends pourquoi. Et dans la section suivante, on passe en revue un line-up pensé comme un voyage.

Quatre artistes, quatre mondes: comment les écouter

  • Miguel de Tena arrive avec la densité d’un cantaor capable de passer du fandango aux cantes de levante. L’homme à la Lámpara Minera 2006 n’est pas que puissance: il a cette sensibilité qui rend un tercios mémorable. À la guitare: Julio Romero, sobre et précis.
  • Carmen Carmona (22 ans, enfant de Benamejí), fraîche lauréate du Melón de Oro 2025 à Lo Ferro, c’est l’étincelle locale: du compás naturel, une diction claire, et cette façon de «dire» le cante qui accroche. Elle sera avec Eligio Álvarez, fin orfèvre de l’accompagnement.
  • Antonio Reyes, école de Chiclana, timbre chaud, art de l’esthétique gaditane. Son Giraldillo al Cante (2014) et ses nominations aux Latin Grammy ne sont pas une étiquette: il incarne l’élégance. À ses côtés, Nono Reyes, complicité et couleur.
  • Capullo de Jerez, leyenda viva de la bulería, c’est le compás qui déborde du cadre. Il apporte l’écho du barrio et la malice jerezana. Guitare: Ramón Trujillo, groove feutré.

Mon conseil d’écoute: laisse-toi guider par la respiration. Sur les palos festeros, réponds avec des palmas simples; sur la soleá, privilégie le silence. Tu verras: chaque artiste ouvre une porte différente vers le même feu.

Mon guide express pour savourer la nuit (et respecter le cante)

Arrive tôt: à 21 h 15 tu auras le temps de respirer l’ambiance, de saluer des voisins de gradins, et de repérer un angle avec bonne acoustique. La soirée démarre à 22 h et file jusqu’à ce que la nuit dise stop.

  • Billets: 12 € en prévente, 15 € sur place (jusqu’à complet). Points de vente: Frutería Carmen La Chira, Restaurante Los Cortijeros, Restaurante Fuente Palma et via les membres de la Peña Flamenca El Melón.
  • Confort: apporte un petit coussin pour les gradins, une veste légère (brise nocturne), eau et éventail.
  • Étiquette: pas de flash, téléphone en mode avion. Les palmas? Simples et sur le compás — sinon, écoute.
  • Écoute active: repère les silences avant le remate, le dialogue cante–guitare (les falsetas comme des respirations), et la montée émotionnelle (le fameux duende quand la gorge se serre).

Dans la section suivante, on replonge dans l’histoire: parce qu’ici, l’âme du lieu change tout.

Benamejí, racines et mémoire: de Niño de Cabra à Carmen Carmona

La singularité de Benamejí, c’est ce fil invisible qui relie les anciens aux nouveaux. Niño de Cabra a porté des cantes qui ont irrigué la région; Salvaorillo, avec sa manière de dire, a laissé des traces dans les peñas. Ce patrimoine n’est pas un musée: il vit dans les voix d’aujourd’hui. Quand Carmen Carmona lève le cante, on entend le pays: les oliveraies, la place, les histoires de famille. Et quand arrive Capullo de Jerez, c’est une conversation entre terroirs: Jerez serre la main à Córdoba.

Petite anecdote personnelle: l’an dernier, un vieil aficionado m’a soufflé, à mi-voix, pendant une soleá: «Écoute le silence entre les mots, c’est là que se cache la vérité.» Depuis, je guette ces interstices. Et tu sais quoi ? À Benamejí, ils sont pleins d’âme. C’est ce qui fait que ce festival n’est pas une date de plus, mais une déclaration d’amour au cante et à l’identité d’un peuple.

Infos pratiques: billets, accès, météo, bonnes adresses

  • Date et lieu: 6 septembre, 22 h, plaza de Benamejí (arène à ciel ouvert).
  • Accès: depuis Córdoba ville, compte 60–70 minutes en voiture. Le transport public est limité la nuit: privilégie covoiturage ou voiture. Arrive en avance pour le stationnement.
  • Billetterie: préventes à 12 € (points cités plus haut); 15 € sur place, jusqu’à complet. Paiement en liquide conseillé.
  • Avant/Après: pour une bouchée andalouse, vise les tables autour de la place principale; si tu veux faire local, passe chez Los Cortijeros ou Fuente Palma avant d’entrer.
  • Météo: début septembre = chaleur douce en soirée, mais légère fraîcheur après minuit. Hydrate-toi, chapeau avant le coucher de soleil, éventail bienvenu.

Dernier mot: ici, on n’applaudit pas seulement les artistes; on applaudit une manière d’être. Et ça, ça vaut tous les grands écrans LED du monde.

Questions Fréquentes

Où acheter des billets pour le Festival Flamenco El Melón à Benamejí ?

En prévente à 12 € dans les commerces locaux (Frutería Carmen La Chira, Restaurante Los Cortijeros, Restaurante Fuente Palma) et via les membres de la Peña Flamenca El Melón. Le soir-même, billets à 15 € à l’arène, dans la limite des places.

À quelle heure commence le spectacle et combien de temps dure-t-il ?

Le premier compás démarre à 22 h. Selon les tours et les bises d’adieux, compte 2 h 30 à 3 h avec entractes courts. Les fins tardives font partie du charme: prévois un retour tranquille.

Peut-on venir avec des enfants et y a-t-il des places assises ?

Oui, c’est familial et assis sur gradins. Pense à un coussin pour le confort des plus jeunes. Pendant les palos plus profonds (soleá, siguiriya), garde le silence — c’est la règle d’or.

Y a-t-il un dress code ou des objets à éviter ?

Pas de dress code, mais privilégie le confort: chaussures stables, veste légère. Évite les flashs, trépieds, et gros sacs. Téléphone en silencieux: ici, chaque silence compte.

Photo by Chris Boyer on Unsplash

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