150 La culte et le populaire dans l’univers de Federico García Lorca Le poète Federico García Lorca a su créer une frontière très délicate entre le culturel et le populaire. Avec tout son respect et son amour pour la culture du peuple, il a réussi à éloigner la vulgarité du fait différentiel andalou. Avant d’être poète, Federico était musicien. Les témoignages de ceux qui l’ont connu décrivent un être magnétique lorsqu’il était assis au piano. La musique populaire, qu’il composait ou qu’il harmonisait, était présente dans la majorité de ses œuvres poétiques et dramatiques. On peut le constater à travers les chants chorals de Bodas de sangre ou encore les coplas de La casa de Bernarda Alba. La Tarara/125, une oeuvre inspirée de Federico García Lorca C’est ainsi qu’est né et a été présenté au théâtre Góngora – un auteur qui vole également dans la spirale du culte et du populaire – une chronique sentimentale intitulée La Tarara/125. Ce spectacle s’inspire de certaines notes de stylisation de l’univers de Lorca, mélangées au talent, au courage et à la générosité de quatre artistes éminents de notre époque. La générosité de Rosa Torres Pardo, Pablo García-López, Marcos Flores et Paco López Une alchimie artistique s’est créée entre Rosa Torres Pardo, une grande pianiste et lauréate du Prix National de la Musique, et Pablo García-López, originaire de Cordoue et ténor de renom. Ils sont accompagnés du flamboyant bailaor Marcos Flores, sous la direction scénique et la dramaturgie de Paco López, qui revient à ses origines. Un alignement d’astres à la portée de tous. Un voyage au coeur de l’Andalousie Pablo apparaît sur scène, dans un décor rouge symbolisant un café cantante – sans lustres en cristal ni miroirs verts – tel un maître de cérémonie dans Cabaret. Il se transforme en Federico pour accueillir le public et l’inviter à entrer dans le jeu : tout au long du spectacle, le ténor récitera, chantera des voix flamenco et jouera le rôle d’acteur. Tout comme la pianiste, qui récitera également et osera chanter ; ou encore le bailaor, qui repoussera les limites de plusieurs disciplines. Des projections sous forme de cinéma muet, avec des cartels chronologiques, nous emmènent dans un voyage poétique, musical et politique à travers l’Espagne au début du XXe siècle. Un pays qui commence à prendre son envol grâce à l’enthousiasme, l’éducation et la culture, mais qui bascule avec la guerre civile de 1936. Une ode à la poésie, au chant, à la danse et à la musique La voix délicieuse du ténor résonne avec des chansons telles que En el Café de Chinitas, Las tres hojas, Los mozos de Monleón, Nana de Sevilla ou encore La Tarara. Rosa Torres Pardo, quant à elle, nous enchante avec des pièces au piano composées par Granados, Albéniz ou encore Debussy. Sur l’écran, qui projette des images du début du siècle, apparaît et disparaît le bailaor Marcos Flores, dont la présence, la maîtrise de son corps et de son art, sont tout simplement émouvantes. Vous pourriez être interessé par Córdoba et James Bond : un voyage inattendu entre mythe et cinéma 14 juillet 2025 Dinamomusic à Cordoue : quand la jeunesse fait vibrer la scène locale ! 5 juin 2025 Une réflexion sur notre époque et les idées de Lorca A travers l’art, le dramaturge nous invite à penser à notre époque et à la force et la pertinence des idées et des mots de Lorca : "Je suis Espagnol dans tous les sens du terme et il m’est impossible de vivre en dehors de mes frontières ; mais je hais ceux qui se disent Espagnols uniquement par patriotisme, je suis le frère de tous et je réprouve ceux qui se sacrifient pour une idée nationaliste et abstraite, simplement parce qu’ils aiment leur propre patrie avec des œillères", déclaration du poète lors de sa dernière interview, récitée par le bailaor. Un hommage à l’art traditionnel et à ces quatre artistes En rappel, les trois artistes nous offrent une version mémorable de ¡Anda Jaleo ! devant un public majoritairement âgé, quel dommage. Quelle belle occasion cela aurait été pour les jeunes de découvrir ce spectacle ! C’est ainsi que se transmet la culture, grâce à ceux qui la préservent et la font rêver. Des artistes qui n’avaient pas besoin de se lancer dans un tel projet, mais qui ont su le faire de manière grandiose. C’est ainsi que l’on écrit la culture avec un grand "C". Celle qui fera revivre ceux qui étaient là et nourrira ceux qui viennent. Avec le bruit (culturel) pour éloigner le vacarme. 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente El novio de España : la pièce à succès du Gran Teatro de Córdoba entrée suivante De Séville à Cordoue : la renaissance de ‘Naturaleza Encendida’ A lire aussi Orchestre de Cordoue : tu le savais ?... 5 septembre 2025 Cordoue, où l’amitié ressemble à un crush: voilà... 5 septembre 2025 Filmoteca de Andalucía à Cordoue : tu le... 4 septembre 2025 À Cordoue, Romero de Torres vs Warhol: tu... 4 septembre 2025 Sorolla revient avec une plage oubliée: ce que... 3 septembre 2025 Córdoba, résidence bretonne: mon carnet d’initié pour une... 3 septembre 2025 Arcana à Córdoba: la Mezquita chuchote une élégance... 2 septembre 2025 Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025