De la banlieue à la direction d’orchestre : l’incroyable parcours d’une jeune algérienne – Une histoire inspirante

Fiche Divertimento. Drame, France, 2022, 114 min. Réalisateur: Marie-Castille Mention-Schaar. Scénario: Clara Bourreau, Marie-Castille Mention-Schaar. Musique: Elise Luguern. Photographie: Naomi Amarger. Acteurs: Oulaya Amamra, Lina El Arabi, Zinedine Soualem, Niels Arestrup, Nadia Kai.

Il y a des histoires qui méritent d’être racontées. Et celle de Zahia Ziouani et de sa soeur jumelle Fettouma en est une. Nées à Pantin, dans la banlieue parisienne dure, dans une famille d’immigrants algériens, elles ont décidé dès leur enfance de se consacrer à la musique. Fettouma est devenue une violoncelliste professionnelle. Pour une jeune fille d’origine algérienne née en banlieue parisienne, devenir interprète n’est pas facile, mais sa soeur aînée, Zahia, personnifiée dans le film pendant une année décisive de sa vie, s’est fixée comme objectif de devenir chef d’orchestre, un domaine encore très restreint pour les femmes et surtout pour celles ayant un milieu modeste, sujet aux préjugés xénophobes. La banlieue semble être un terrain propice à la musique des cultures urbaines, mais pas à la musique classique. Avec détermination et talent, après une formation musicale depuis l’âge de 8 ans, Zahia a réussi à entrer à l’université Paris-Sorbonne pour obtenir un diplôme en analyse musicale, orchestration, musicologie, violoncelle, guitare et musique de chambre, avec un dossier qui lui a permis d’accéder aux prestigieux cours de direction d’orchestre de Celibidache à la Schola Cantorum. Tout en menant une brillante carrière de chef d’orchestre, déterminée à ne pas quitter son environnement où elle a toujours vécu, en 1998, elle a créé l’Orchestre Symphonique Divertimento, composé de musiciens et de professeurs de la région Île-de-France, dont Pantin, sa ville natale, pour offrir des opportunités de formation musicale aux enfants et aux jeunes pour qui la musique classique peut sembler si éloignée et inabordable, et elle a également intégré le programme DEMOS pour l’éducation musicale des enfants âgés de 7 à 12 ans en situation de précarité, qui compte cinquante orchestres français. Le combat de Zahia s’inscrit dans les initiatives de formation musicale des groupes les plus culturellement et socialement défavorisés, une magnifique initiative en Espagne initiée par Pablo Casals avec l’Association Ouvrière des Concerts (1919-1937), ou plus récemment, le Système National des Orchestres et Chœurs de Jeunes et d’Enfants du Venezuela créé par José Antonio Abreu, qui a inspiré des actions similaires dans de nombreux autres pays.

Mettre en lumière cette femme et ce qu’elle représente est le plus grand mérite de ce film qui, s’il n’apporte rien d’important à l’art du cinéma, le fait avec des méthodes cinématographiques correctes pour la divulgation d’une figure et d’une tâche d’une importance majeure. Il est réalisé par Marie-Castille Mention-Schaar, qui tout au long de sa carrière, a abordé des sujets sociaux importants dans une optique « feel-good », tels que « La professeure d’histoire » sur l’éducation dans un environnement très peu favorable, « Le ciel attendra », son oeuvre la plus sérieuse sur la radicalisation des jeunes à l’islamisme, ou encore « Un homme digne » sur la paternité au sein d’un couple transgenre. Cette histoire de dépassement, de réussite et d’engagement s’inscrit parfaitement dans son univers, même si l’on peut reprocher sa part de ces films dits à « bonne humeur », mais on doit également remercier à la fois la très bonne performance d’Oulaya Amamra, ainsi que son travail d’information sur une personnalité et un message digne d’éloge – parc que tout ce qui est raconté était et est toujours réel – la victoire de circonstances les plus adverses et l’engagement.
source : El Día de Córdoba