Partager 0FacebookTwitterPinterestEmail 0 TL;DR🎥 Une soirée de cinéma au bord du Guadalquivir qui change le regard sur Cordoue👩 Les voisines des quartiers périphériques deviennent gardiennes silencieuses de la ville🧭 Une invitation à traverser le pont et découvrir l’autre rive de Cordoue autrementEt si Cordoue se comprenait mieux depuis Torremolinos que depuis la Mezquita ? Dans ce récit urbain et sensible, je vous emmène là où des voisines et une caméra changent le regard sur la ville.Sous la Mezquita, une autre ville que l’on ne voit pas On vient à Cordoue pour la Mezquita, l’Alcázar, les patios fleuris. Mais que sait-on vraiment des rues Torremolinos ou San Martín de Porres, de ces quartiers dont on ne prononce jamais le nom dans les guides ? L’autre soir, assise dans la boîte noire du C3A, j’ai eu l’impression que la ville se retournait, comme si quelqu’un avait pris la carte de Cordoue et l’avait pliée par la périphérie. La Semana del Cine de Córdoba – Cinema25 projetait le documentaire Ellas en la ciudad de l’architecte et professeure Reyes Gallego, dans le cadre du projet Campo de la Verdad qui cherche justement à rapprocher le centre d’art contemporain de son propre quartier. Sur l’écran, ce n’était pas la carte postale andalouse qui défilait, mais les visages de femmes de la périphérie de Séville. Et dans la salle, les réalités de certains quartiers de Cordoue résonnaient étrangement. « La ville ne se comprend pas seulement depuis ses monuments, mais depuis celles qui la traversent chaque jour. » Ce soir-là, j’ai compris que pour vraiment visiter Cordoue, il fallait accepter de la regarder aussi par les marges, là où les femmes portent la ville sans qu’on les voie. Torremolinos : quand un quartier prend la caméra Bien avant le film, tout a commencé ici, à Cordoue, dans les rues Torremolinos et San Martín de Porres, avec le projet Ciudad Viva en 2010. Reyes Gallego y travaillait alors pour la Agencia de Vivienda y Rehabilitación de Andalucía (AVRA), dans un programme d’accompagnement social à la réhabilitation des immeubles. Sur le papier, il s’agissait d’ascenseurs, de façades, de diagnostic urbain. Sur le terrain, c’était autre chose : de la méfiance, des jeunes qui évitent de dire d’où ils viennent, des voisines qui tiennent l’immeuble à bout de bras. Pour casser la distance entre "techniciens" et habitants, Reyes a fait quelque chose de radical pour l’époque : elle a passé la caméra aux voisins. Avec une petite équipe de la productora La Claqueta, les jeunes du quartier ont appris à filmer, à interviewer, à porter des trépieds, à tenir une perche. Ils ne posaient plus devant l’objectif ; ils le dirigeaient. Vous pourriez être interessé par Medina Azahara : Deux concerts à Córdoba pour leur tournée finale 6 novembre 2024 Nevenka : je te crois, oui 7 mars 2024 En filmant leur propre quotidien, ils ont découvert un fossé douloureux : à l’extérieur, "une personne de la calle Torremolinos" évoquait l’insécurité et les préjugés ; à l’intérieur, les habitants répondaient sans hésiter que "le meilleur du quartier, c’est sa gente". Les vidéos, encore visibles sur YouTube, témoignent de cette fierté discrète. Au milieu de tout cela, Reyes observait surtout les femmes : celles qui gèrent la cage d’escalier, organisent les réunions, accompagnent les voisins âgés, veillent aux enfants qui jouent sur la place. Elle le dit elle-même : elle analysait les espaces, mais la vie, ce sont elles qui la généraient. Ellas en la ciudad : un film, des sacs de courses et une révolution douce Quelques années plus tard, en travaillant sur les quartiers périphériques de Séville – La Oliva, Parque Alcosa… – Reyes sort chaque jour avec un appareil photo pour documenter l’usage de l’espace public. Sans y penser, son objectif se pose sur un profil récurrent : des femmes de la première génération qui a habité ces blocs modernes, rêves d’ascenseur et d’eau courante devenus, avec le temps, la version appauvrie d’un idéal urbain. Ces femmes ont souvent travaillé des années en usine, avant d’être renvoyées au foyer au moment du mariage. Leurs appartements leur semblaient au départ "un palais", puis elles ont découvert l’envers du décor : barrios isolés, transports insuffisants, logements standardisés et fragiles. Pourtant, ce sont elles qui tiennent tout : l’école, le centre civique, la place où l’on se retrouve, la cour où l’on surveille les jeux. Un jour, Reyes publie quelques photos sur Instagram. Les médias s’y intéressent, une chronique sort, on l’appelle pour en parler. Elle réalise alors que ces femmes, immortalisées avec leurs sacs de courses, n’ont aucune idée que leurs images circulent. Elle décide d’amener l’exposition dans les centres civiques où elles suivent des ateliers de mémoire, de yoga ou de peinture. Leur réaction ? De l’incrédulité : « Pourquoi la photo d’une femme avec les sacs de courses intéresse qui que ce soit ? » C’est de cette question qu’est né le film Ellas en la ciudad, aujourd’hui disponible sur Movistar+. Le documentaire montre que ces femmes sont le soutien invisible de la ville, même quand celle-ci leur tourne le dos. Et en les écoutant, on ne pense pas seulement à Séville : on pense aussi à Cordoue, à nos propres quartiers périphériques, à ces immeubles qu’on aperçoit depuis la voiture sans jamais s’y arrêter. Comment cela change notre façon de visiter Cordoue Vu depuis un guide touristique, Cordoue se résume souvent à son centre historique et au Casco Viejo. Mais la ville réelle s’étend bien au-delà des ruelles pavées. Selon l’Office du Tourisme de Cordoue, la municipalité compte plus de 300 000 habitants ; une grande partie vit dans ces quartiers construits lors de l’essor urbain du XXe siècle, loin des circuits classiques. Regarder Ellas en la ciudad depuis le Campo de la Verdad fait naître une question simple : que perd-on quand on réduit une ville à son décor patrimonial ? On perd les voix de celles qui passent plus d’une heure en bus pour aller travailler au centre, de celles qui organisent la solidarité d’immeuble en immeuble, de celles qui ont appris à jongler avec des horaires de bus compliqués pour amener les enfants à l’école ou aller chez le médecin. Pour un voyageur, cela ne veut pas dire transformer sa visite en "tour de la pauvreté" – personne n’a besoin de ça. Mais on peut choisir de : Traverser le pont vers le Campo de la Verdad Après la Mezquita, continuez à pied sur le pont romain vers la rive opposée. Flânez autour du C3A, observez l’architecture contemporaine, les graffitis, les bars de quartier. Vous verrez une Cordoue plus quotidienne, où l’on parle moins aux touristes et plus entre voisins. Consulter la programmation du C3A et des centres civiques Le C3A propose régulièrement projections, ateliers et rencontres pensés pour créer du lien avec le quartier. Les centres civiques des différents barrios affichent aussi des expositions et activités ouvertes au public. Même si vous ne comprenez pas tout, pousser la porte permet de sentir comment la ville se vit de l’intérieur. Changer de regard dans les transports En montant dans un bus qui file vers la périphérie, regardez les immeubles défiler en pensant à ces "Ellas". Derrière chaque balcon avec du linge qui sèche, derrière chaque chariot de courses, il y a peut-être une femme comme celles du film, qui fait tenir sa famille et, quelque part, une partie de la ville. À force de guide-conférences, je me rends compte qu’un simple commentaire peut tout changer : expliquer à un groupe que derrière la silhouette blanche d’un quartier résidentiel se cache l’histoire d’un plan urbain inachevé, d’un transport qui n’est jamais arrivé, d’une génération de femmes qui a compensé les manques. Une ville se visite, mais surtout se respecte En sortant de la séance de Cinema25, la nuit tombait sur le Guadalquivir. Le C3A brillait comme un vaisseau presque irréel au milieu d’un quartier populaire bien concret. Je me suis dit que c’était peut‑être ça, aujourd’hui, voyager en Andalousie : accepter que la ville ne soit pas qu’un décor, mais un ensemble de vies, de contraintes, d’injustices parfois, et de beaucoup de créativité. Cordoue, vue depuis ses quartiers oubliés, n’est pas moins belle. Elle est simplement plus vraie. Et cette vérité, on la doit en grande partie à ces femmes qui, sans grands discours, organisent le quotidien, tissent des liens, ouvrent leurs portes aux projets culturels, acceptent de se laisser filmer. Au fond, Cordoue se vit plus qu’elle ne se visite. La prochaine fois que vous viendrez, peut‑être qu’après la Mezquita, vous aurez envie, vous aussi, de traverser le pont et de regarder la ville depuis l’autre rive. Et vous, seriez‑vous prêt à consacrer une matinée de votre séjour à découvrir un quartier non touristique ? Racontez‑moi vos expériences ou vos hésitations en commentaire, ou sur Instagram avec le hashtag #EscapadeaCordoue. Questions fréquentes Pourquoi parler des quartiers périphériques sur un blog de voyage à Cordoue ? Parce qu’une ville ne se résume pas à ses monuments. Comprendre les barrios périphériques, c’est mieux saisir comment vivent réellement les Cordouans aujourd’hui. Cela donne du sens à votre visite, sans pour autant vous obliger à tout explorer. Quelques pas hors des circuits classiques peuvent déjà changer votre regard. Le Campo de la Verdad est‑il un quartier sûr pour se promener ? Oui, c’est un quartier populaire de Cordoue où l’on vit, travaille et sort au quotidien. Comme partout, il suffit de garder un bon sens habituel : éviter les ruelles trop désertes la nuit, ne pas exhiber d’objets de valeur, respecter la tranquillité des habitants. De jour comme en début de soirée, une balade entre le pont romain et le C3A est tout à fait agréable. Comment me rendre du centre historique au Campo de la Verdad ? Depuis la Mezquita, traversez simplement le pont romain à pied : en quelques minutes, vous arrivez déjà sur l’autre rive. Vous pouvez aussi prendre un bus urbain qui longe le fleuve ; les horaires et lignes sont indiqués sur le site de la mairie et aux arrêts. La marche reste toutefois la meilleure façon de sentir la continuité entre centre historique et quartier. Où trouver la programmation de Cinema25 et du C3A ? La Semana del Cine de Córdoba – Cinema25 et les activités du Centro de Creación Contemporánea de Andalucía sont annoncées sur leurs sites officiels et leurs réseaux sociaux. Avant votre voyage, jetez un œil à la programmation : assister à une projection, à une visite ou à un atelier est une manière simple et riche de rencontrer la Cordoue d’aujourd’hui, au‑delà de la seule carte postale. CinémaDocumentaireUrbanisme Partager 0 FacebookTwitterPinterestEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Cordoue au-delà des cartes postales : quand les femmes des quartiers oubliés réinventent la ville A lire aussi Cordoue au-delà des cartes postales : quand les... 26 novembre 2025 Flamenco à Cordoue : Beli Moli, la voix... 24 novembre 2025 Guadamecí : quand l’or et le cuir de... 23 novembre 2025 L’Égypte antique s’éveille à Cordoue : un voyage... 22 novembre 2025 Magie et revendication : quand la musique envahit... 22 novembre 2025 Entre Duende et Silence : Pourquoi Cordoue vibre... 21 novembre 2025 Flamenco à Cordoue : 4 nouveaux prodiges réveillent... 21 novembre 2025 Poésie et émotion : quand une plume de... 20 novembre 2025 Flamenco à Cordoue : voici les nouveaux maîtres... 20 novembre 2025 CNAF de Cordoue : Une nuit où l’émotion... 19 novembre 2025