CNAF de Cordoue : Une nuit où l’émotion du flamenco a suspendu le temps

Une danseuse de flamenco en robe rouge effectuant un mouvement expressif sur une scène sombre éclairée par un projecteur.

TL;DR

  • 🎸 Une basse électrique audacieuse réinvente la mélodie de la Plaza del Potro
  • 💃 La danseuse Paula Salazar captive la salle avec une intensité presque sacrée
  • 👏 Une alchimie parfaite entre public et artistes pour une nuit de pure émotion

Avez-vous déjà ressenti ce silence électrique juste avant qu'un talon ne frappe la scène ? Hier soir, au Concours National d'Art Flamenco, l'atmosphère n'était pas seulement chaude, elle était vibrante. De la basse audacieuse de Juanfe Pérez à la danse hypnotique de Paula Salazar, découvrez pourquoi cette édition restera gravée dans les mémoires.

Il est des soirs à Cordoue où l’air semble plus dense, chargé d’une électricité que seuls ceux qui ont foulé le sol andalou peuvent comprendre. Hier soir, lors de la deuxième session de la phase finale du Concours National d’Art Flamenco (CNAF), ce n’était pas simplement un spectacle ; c’était une communion.

Assise dans l’ombre du théâtre, j’ai senti ce frisson parcourir la salle. Le public, plus nombreux et plus fervent que la veille, n’était pas venu juger des techniciens, mais chercher ce fameux duende, cet instant de grâce insaisissable. Et croyez-moi, Cordoue nous a offert une nuit d’une intensité rare, où tradition et audace se sont embrassées.

Voici le récit d’une soirée qui prouve, si besoin était, que le cœur du flamenco bat plus fort que jamais dans notre ville.

Quand la modernité caresse la tradition

Oubliez tout ce que vous pensez savoir sur le flamenco puriste. L’ouverture de la soirée a été une véritable déclaration d’amour à l’innovation respectueuse. Imaginez un instant : une basse électrique au centre de la scène flamenca.

C’est le pari réussi de Juanfe Pérez, bassiste et compositeur onubense. Lorsqu’il a entamé Plaza del Potro, une taranta tirée de son album Prohibido El Toque (nominé aux Latin Grammy, rien que ça !), le temps s’est arrêté. J’ai fermé les yeux et j’ai revu cette place emblématique de Cordoue, ses pavés, sa fontaine… Sa musique peignait le paysage.

« Le flamenco est vivant tant qu’il ose raconter son époque sans oublier ses racines. »

Accompagné par la voix d’Alicia Morales et la percussion de Kike Terrón, il a ensuite enchaîné avec des alegrías de Córdoba intitulées Mientras duermes. Une douceur infinie se dégageait de ce quintette, prouvant que la puissance du flamenco réside parfois dans la caresse plutôt que dans le cri.

La danse comme une prière ardente

Si la musique de Pérez nous a fait rêver, l’arrivée de la malagueña Paula Salazar nous a réveillés avec une gifle d’émotion brute. Dès son entrée par seguiriyas, on sentait que la salle était déjà conquise, prête à la suivre dans ses abysses.

Ce qui m’a le plus marquée, c’est sa transformation visuelle et émotionnelle. Après un changement de costume, passant d’une robe rouge feu à des teintes pourpres, enveloppée dans un châle, elle dégageait une aura presque mystique, rappelant l’iconographie du Sacré-Cœur. Sa caña, qui a glissé vers des tangos pour clore sa performance, était d’une précision chirurgicale, mais avec cette rage contenue qui fait les grandes bailaoras.

Dans le public, les « olé » ne se faisaient plus attendre ; ils jaillissaient spontanément, comme une réponse physique à l’énergie qu’elle déployait sur scène.

Cordoue à l’honneur : Guitare et Chant

La fierté locale a atteint son paroxysme avec l’entrée en scène d’Alfonso Linares, guitariste cordouan. Il y a quelque chose de spécial quand un artiste joue « à la maison ». Avec sa composition Etérea (une granaína) puis Áurea (une soleá), il a touché le sommet de la soirée.

J’ai été particulièrement émue par la chimie palpable lors de ses alegrías de Cádiz. Entouré de David Palomar au chant — dont la voix éraillée porte les embruns de l’océan — et des palmas rythmées d’Alberto Rodríguez et Richard Gutiérrez, Linares ne jouait pas pour le public, il jouait avec ses compadres. C’était une conversation intime à laquelle nous étions privilégiés d’assister.

Enfin, pour clore cette nuit mémorable, la voix de Bernardo Miranda, originaire de Fernán-Núñez, a résonné. Sa sélection classique — serrana, soleá, bulería — s’est terminée par un hommage vibrant aux abandolaos d’Emilio Pozo. Accompagné par la guitare d’Álvaro Mora, il a mis un point final magistral à une soirée qui a vu le public, d’abord observateur, finir totalement entregado (conquis).

Au fond, Cordoue se vit plus qu’elle ne se visite. Et des nuits comme celle-ci, au cœur du CNAF, sont la preuve que notre patrimoine n’est pas une pièce de musée, mais un feu ardent qui continue de brûler.

Et vous, avez-vous déjà ressenti cette émotion unique d’un spectacle de flamenco en terre andalouse ? Partagez vos souvenirs en commentaires ou sur Instagram avec #EscapadeaCordoue !

Questions fréquentes sur le flamenco à Cordoue

Qu’est-ce que le CNAF exactement ?

Le Concurso Nacional de Arte Flamenco (CNAF) est l’un des concours les plus prestigieux d’Espagne. Il se tient à Cordoue et récompense l’excellence dans les trois disciplines majeures : le chant (cante), la danse (baile) et la guitare (toque).

Où peut-on voir du flamenco authentique à Cordoue en dehors du festival ?

Pour une expérience intime, je vous recommande les peñas flamencas locales ou les tablaos comme El Cardenal. Évitez les pièges à touristes et cherchez les lieux où les locaux vont écouter de la guitare autour d’un verre de Montilla-Moriles.

Faut-il comprendre l’espagnol pour apprécier le flamenco ?

Absolument pas ! Le flamenco est un art viscéral qui transcende la langue. La douleur, la joie et la passion se transmettent par le geste, le regard et l’intonation de la voix. Laissez-vous simplement porter par l’émotion.

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