Cosmopoética à Cordoue : quand un festival de poésie en transition raconte la ville autrement

Petit groupe assis dans une cour blanchie à la chaux, écoutant une lecture de poésie sous la lumière du soir.

TL;DR

  • 📖 Un festival de poésie en mutation qui continue de façonner l’ambiance de Cordoue
  • 🌙 Des soirées de lectures, patios et librairies où la ville devient poème vivant
  • 🧭 Conseils pratiques pour profiter de Cosmopoética et de la poésie cordouane, même en période de transition

Et si le festival Cosmopoética à Cordoue ne se résumait pas à une liste de grands noms ? Au-delà du contrat non reconduit, je vous raconte comment cette fête de la poésie transforme l’atmosphère de la ville – et ce que cela change vraiment pour les voyageurs.

Saviez-vous qu’à Cordoue, on peut croiser des vers de poésie projetés sur des façades au détour d’une ruelle nocturne ? C’est souvent là que commence la magie de Cosmopoética, ce festival littéraire qui transforme la ville en scène ouverte aux mots.

Depuis plus de vingt ans, cette fête de la poésie attire auteurs, traducteurs, chanteurs de flamenco et curieux venus d’Espagne et d’ailleurs. Mais cette année, une nouvelle a agité les coulisses : la mairie a annoncé qu’elle ne renouvellerait pas le contrat de l’entreprise qui a géré la dernière édition. Alors, que signifie cette décision pour les voyageurs qui rêvent de visiter Cordoue au rythme des poèmes ?

Je vous propose de regarder cette histoire autrement : non pas comme une querelle administrative, mais comme une occasion de comprendre comment un festival façonne l’âme d’une ville… et comment la poésie déborde largement des plannings officiels.

Cosmopoética, bien plus qu’un festival de poésie

Cosmopoética est officiellement un festival international de poésie organisé à l’automne à Cordoue, généralement entre fin septembre et début octobre. Concrètement, cela veut dire une programmation dense de lectures, concerts, ateliers, rencontres dans des lieux aussi variés que des théâtres, des patios, des bibliothèques ou de petites librairies indépendantes.

Selon l’Office du Tourisme de Cordoue, la ville met en avant ce rendez-vous comme l’un de ses événements culturels phares, au même titre que le Festival des Patios ou la Noche Blanca del Flamenco. En plus de vingt éditions, Cosmopoética a accueilli des voix majeures de la poésie en espagnol et en d’autres langues, tout en laissant une vraie place aux auteurs émergents.

J’ai encore en tête une soirée dans un patio près de San Basilio : une vingtaine de personnes seulement, des chaises en plastique, une guitare, et une poète galicienne lisant doucement pendant que l’odeur du jasmin montait des murs. Ce n’était pas spectaculaire, mais c’était profondément cordouan : intime, lent, tissé de silences.

« Cordoue n’est pas seulement un décor pour la poésie, c’est sa chambre d’écho naturelle. »

C’est cette alchimie entre ville et festival qu’il faut garder en tête pour comprendre l’actualité autour de Cosmopoética.

Ce qui vient de se passer : la gestion du festival en question

Pour la dernière édition, la gestion de Cosmopoética avait été confiée, via un concours public, à une entreprise extérieure basée en Andalousie. Le contrat prévoyait l’édition 2025, avec la possibilité de prolonger jusqu’en 2028 si la mairie le souhaitait. La direction littéraire avait été confiée à la journaliste et écrivaine Azahara Palomeque, première directrice de l’histoire du festival.

La Délégation de Culture de la ville vient d’annoncer qu’elle ne prorogerait pas ce contrat. Officiellement, la décision est présentée comme « technique », en suivant les critères de la commission de sélection. En toile de fond, certains groupes politiques locaux ont critiqué la manière dont la proposition initiale de grands auteurs internationaux (dont des lauréats de prix prestigieux comme le Prix Cervantes ou le Prix Princesa de Asturias) s’est traduite – ou non – dans le programme final.

L’entreprise, de son côté, affirme avoir respecté les conditions du cahier des charges : pour les auteurs annoncés, il fallait prouver un engagement de principe, pas garantir leur présence effective. À cela s’ajoute un point que tout organisateur d’événement reconnaîtra : le contrat n’a été officiellement attribué que quelques mois avant le début du festival, un délai très court pour un rendez-vous international, souvent planifié presque un an à l’avance.

Résultat : pas de prolongation, et la mairie devra lancer une nouvelle procédure d’adjudication pour l’édition 2026. Les coulisses sont agitées, mais la question pour vous, voyageur, est simple : est-ce que cela met en péril l’expérience à vivre à Cordoue ?

Pour les voyageurs : ce que cette transition change (ou pas)

Vu de l’extérieur, ce type de décision peut inquiéter : on imagine un festival menacé, des programmations allégées, une ambiance en demi-teinte. Sur le terrain, la réalité est souvent plus nuancée.

D’abord, Cosmopoética est porté par la ville elle-même. Tant que le festival reste inscrit dans les priorités culturelles de Cordoue – ce qui, à ce jour, est le cas – il continuera d’exister, même si l’équipe qui l’organise change. Le nom, la période de l’année, l’esprit général (poésie + ville + rencontres) devraient rester.

Ensuite, l’ADN de Cosmopoética ne se limite pas à la présence de grands noms internationaux, même si cela fait toujours briller une affiche. Oui, des auteurs comme Sergio Ramírez, Antonio Gamoneda ou la poète Miriam Reyes donnent une dimension prestigieuse au programme. Mais l’expérience pour le visiteur se joue autant dans les petits formats : lectures dans une librairie de la Judería, ateliers dans un centre civique, récitals avec guitare dans un patio municipal.

Pour 2025 et 2026, le vrai enjeu sera le calendrier : si les pliegos (cahiers des charges) et la sélection de la prochaine équipe prennent du retard, la programmation risque d’être finalisée tard. Concrètement, cela peut signifier :

  • Une communication officielle plus tardive sur le programme détaillé
  • Moins de « grandes vedettes » annoncées très longtemps à l’avance
  • Une place encore plus importante aux auteurs espagnols et andalous disponibles à plus court terme

Mais si vous aimez voyager pour l’atmosphère, la Cordoue poétique sera toujours là.

Où ressentir la poésie de Cordoue pendant Cosmopoética (et le reste de l’année)

Même quand la politique culturelle s’agite, la poésie trouve toujours ses refuges. À Cordoue, certains lieux deviennent naturellement des scènes poétiques, avec ou sans festival.

  1. Les patios et centres culturels municipaux
    Pendant Cosmopoética, plusieurs patios publics et centres civiques accueillent des lectures et concerts. On y accède souvent gratuitement ou pour un tarif symbolique. L’ambiance est simple, familiale, idéale pour découvrir la poésie espagnole même si l’on ne maîtrise pas toutes les nuances de la langue.

  2. Les librairies indépendantes du centre
    Autour de la Plaza de las Tendillas et dans les ruelles vers la Judería, de petites librairies organisent régulièrement des présentations de livres, des signatures, des rencontres avec auteurs. Même hors festival, pousser la porte, feuilleter quelques recueils de poésie andalouse et discuter avec les libraires est une façon très douce de se connecter à la ville.

  3. Les bars et cafés littéraires improvisés
    Dans des quartiers comme San Agustín ou près du río, certains bars accueillent des micro-événements : scènes ouvertes, concerts acoustiques, lectures. Ce n’est pas toujours annoncé dans les grands médias, mais vous trouverez souvent les informations sur les réseaux sociaux des lieux ou via les affiches collées sur les murs.

Ce que j’aime à Cordoue, c’est que la poésie n’est pas cantonnée à un théâtre : elle se glisse dans un café con leche en terrasse, dans un couplet de flamenco venu d’un patio voisin, dans une phrase notée à la va-vite sur un carnet pendant qu’on traverse le Puente de piedra au coucher du soleil.

Conseils pratiques pour intégrer Cosmopoética à votre voyage

Si vous rêvez de vivre Cordoue à travers la poésie, voici quelques pistes très concrètes :

  • Surveillez les dates officielles : consultez le site de la mairie ou celui de l’Office de Tourisme de Cordoue quelques mois avant l’automne pour confirmer les dates et les thèmes de l’édition en cours.
  • Réservez l’hébergement en avance, même si le programme n’est pas encore complet : la fin septembre est une période agréable, avec une météo plus douce et encore beaucoup de visiteurs.
  • Prévoyez de la flexibilité : gardez des soirées « libres » dans votre planning pour pouvoir vous glisser dans une lecture, un concert, une rencontre que vous découvrirez sur place.
  • N’ayez pas peur de la barrière de la langue : même si vous ne comprenez pas tout, la musicalité de la langue, la proximité des artistes et les cadres (patios, cours intérieures, petites salles) créent une expérience sensorielle très forte.

Au fond, Cosmopoética est une invitation à ralentir : marcher à pied, s’asseoir, écouter. Ce n’est pas un festival à consommer, c’est un rythme à adopter.

Cordoue, une ville qui reste poétique, quoi qu’il arrive

La décision de ne pas renouveler le contrat de l’entreprise actuelle rappelle une réalité souvent invisible pour les voyageurs : derrière chaque grand festival se cache une mécanique administrative complexe, faite de plannings, d’appels d’offres, de négociations. Oui, cela peut fragiliser une programmation, retarder des annonces, compliquer la venue de très grands noms.

Mais la poésie, elle, a la vie dure. Elle s’accroche aux murs blanchis à la chaux, aux parfums d’orangers, aux conversations de fin de soirée sur les places encore tièdes. La ville de Cordoue a traversé des siècles de changements – califes, rois catholiques, crises économiques – sans perdre cette façon si particulière de mêler beauté, mélancolie et lumière.

En sortant d’une lecture, un soir d’octobre, je me suis surprise à penser que Cosmopoética n’était peut-être qu’un miroir : il reflète quelque chose qui est déjà là, dans les pierres et dans l’air. Festival ou pas, management en place ou en transition, la Cordoue poétique continue d’exister pour ceux qui prennent le temps de l’écouter.

Et vous, accepteriez-vous de vous perdre une soirée dans une lecture de poésie en espagnol, juste pour voir ce que la ville vous murmure ? 📖

Questions fréquentes

Quand a lieu le festival Cosmopoética à Cordoue ?

Cosmopoética se tient habituellement à l’automne, souvent entre fin septembre et début octobre. Les dates exactes peuvent varier selon les éditions et les décisions de la nouvelle équipe organisatrice. Il est donc conseillé de vérifier le calendrier sur le site de la mairie ou de l’Office de Tourisme quelques mois avant votre voyage.

La transition de gestion met-elle en danger le festival ?

À ce stade, la mairie a simplement décidé de ne pas prolonger le contrat avec l’entreprise qui a géré la dernière édition. Cela implique un nouvel appel d’offres et un changement d’équipe, mais pas l’annulation automatique du festival. L’intention affichée est de continuer à faire vivre Cosmopoética, même si la forme ou le style peuvent évoluer.

Est-ce intéressant d’assister à Cosmopoética si je ne parle pas espagnol ?

Oui, absolument. Même sans maîtriser la langue, l’atmosphère des lectures, la musique, les lieux (patios, théâtres, librairies) créent une expérience très sensorielle. Vous pouvez aussi privilégier les événements bilingues, les rencontres avec des auteurs traduits en français ou en anglais, ou simplement vous laisser porter par le rythme des voix.

Comment organiser mon séjour autour du festival ?

Commencez par bloquer quelques jours autour des dates du festival, en visant au moins deux ou trois soirées sur place. Réservez votre hébergement proche du centre historique (autour de la Judería, de la Plaza de las Tendillas ou près du fleuve) pour pouvoir rejoindre facilement les différents lieux d’événements à pied. Sur place, complétez votre programme de lectures par des visites de la Mezquita, de l’Alcázar et des patios, pour une immersion complète dans l’âme de Cordoue.

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