Partager 0FacebookTwitterPinterestEmail 0 TL;DR🎤 Un flamenco cordouan entre tradition familiale et basse électrique🧭 Le Concours National révèle une ville laboratoire pour le flamenco💫 Pour le voyageur, une façon nouvelle d’écouter et de vivre CordoueEt si le flamenco à Cordoue ne se résumait pas aux tablaos pour touristes ? Avec La Tremendita, basses électriques, héritage familial et Concours National se rencontrent dans une ville en pleine mutation.Saviez-vous que, ce soir-là, les lumières du Grand Théâtre de Cordoue devaient s’allumer pour un flamenco… sans guitare ? Sous l’affiche de Matancera, un nom revenait partout : La Tremendita. Dans l’ombre des monuments que tout le monde connaît, Cordoue cache une autre scène : celle d’un flamenco vivant, parfois électrisé par les basses et les machines, mais toujours accroché à la racine. Le retour de La Tremendita pour le Concurso Nacional de Arte Flamenco (CNAF) en est l’un des meilleurs miroirs : une artiste entre tradition et expérimentation, dans une ville qui, elle aussi, cherche son équilibre entre mémoire et futur. Je me souviens d’un soir de répétition devant le Grand Théâtre : la façade éclairée, les techniciens qui entrent et sortent, et ce silence particulier d’avant-spectacle. Cordoue donnait l’impression de retenir son souffle. La Tremendita, un retour chargé d’histoire à Cordoue Pour comprendre ce qui se joue aujourd’hui à Cordoue, il faut remonter vingt-et-un ans en arrière. C’est dans ce même Gran Teatro que Rosario, alors toute jeune, a remporté le Concurso Nacional de Arte Flamenco. Elle avait 17 ans, revenait de deux années à chanter en Angleterre et, comme elle le raconte souvent, elle était épuisée, presque prête à tout arrêter. Ce prix a été un “chute d’énergie”, une manière de lui dire : continue. Cette année, la boucle devait se refermer joliment : La Tremendita revenait non plus comme candidate, mais comme membre du jury et avec un nouveau spectacle, Matancera, programmé dans le cadre du concours. Un retour symbolique, d’autant plus fort que son lien avec Cordoue n’est pas seulement artistique : sa grand-mère est née à Fernán Núñez, son grand-père a grandi ici après avoir quitté Melilla tout enfant. Elle le dit elle-même : « Cordoue a beaucoup à voir avec le fait que j’existe et que je continue à chanter. » Vous pourriez être interessé par Violon : Bandes sonores inspirées de Julio Romero de Torres 1 décembre 2024 Jurassic World : Recommencer l’aventure, un retour aux sources qui intrigue 28 juin 2025 Le sort en a décidé autrement : la mort récente de Fosforito, immense figure du flamenco très liée à la province de Cordoue, a plongé la ville dans le deuil et entraîné le report du spectacle. Mais ce report raconte aussi quelque chose : ici, le flamenco n’est pas un simple divertissement, c’est une mémoire collective qui s’interrompt quand l’un de ses piliers s’en va. « Cordoue n’est pas seulement un décor pour le flamenco, c’est sa famille élargie. » Matancera : deux femmes, pas de guitare, et tout un monde entre elles Avec Matancera, La Tremendita avait prévu de montrer à Cordoue où l’a menée cette énergie reçue il y a vingt ans. Sur scène : deux cantaoras, La Tremendita et La Kaita, de générations différentes, de parcours éloignés, mais reliées par une même viscéralité du cante. Leur point de départ, c’est ce qu’elles ont en commun : une intensité presque brute, des inquiétudes, des curiosités musicales. La Kaita, déjà dans les années 80, osait prendre une guitare électrique entre les mains. Un geste visionnaire que La Tremendita revendique aujourd’hui en allant encore plus loin : dans Matancera, il n’y a pas de guitariste. Sur le plateau, ce sont leurs voix, une batterie et l’électronique de Daniel Suárez, et la basse jouée par La Tremendita elle-même. Quand elle a proposé ce dispositif à La Kaita, celle-ci a eu le vertige. Enlever la guitare dans un spectacle flamenco, c’est toucher à un symbole quasi sacré. Mais le pari a été relevé. Scéniquement, cela donne un espace nu, presque brut, où la voix occupe tout. Musicalement, c’est un dialogue intergénérationnel sur ce que peut être le flamenco aujourd’hui. Autre choix fort : autour d’elles, une équipe majoritairement féminine – de la mise en scène de Verónica Morales jusqu’aux visuels. Dans un milieu encore très masculin, ce n’est pas anodin. C’est une manière d’inscrire la recherche musicale dans un mouvement plus large, où les femmes prennent la direction artistique sans renoncer à la tradition. Un flamenco sans peur des étiquettes La Tremendita est souvent présentée comme une figure de proue du flamenco expérimental. Elle, préfère parler de vérité : pour elle, le “purisme” ne se mesure pas au nombre de compás respectés, mais à la cohérence entre ce qu’elle vit et ce qu’elle chante. Elle le résume avec une phrase qui m’est restée en tête : ce qui est pur, c’est que ce que je chante l’après-midi soit cohérent avec ce que je ressens le matin. Impossible, dit-elle, de créer aujourd’hui « comme si l’on était dans les années 30 ». Nous vivons en 2025, avec des beats, des synthés, des basses électriques, des scènes internationales ; pourquoi le flamenco n’en tiendrait-il pas compte ? Cette liberté assumée, on la retrouve dans toute une génération d’artistes que l’on croise à la Bienal de Flamenco de Séville, mais aussi de plus en plus à Cordoue, pendant la Noche Blanca del Flamenco ou au détour de certains théâtres et peñas. Selon le site du Concurso Nacional de Arte Flamenco, le concours, créé dans les années 1950, est justement né pour encourager les nouvelles voix qui respectent la tradition tout en l’ouvrant à l’avenir. La Tremendita incarne parfaitement cette tension : profondément enracinée, mais sans nostalgie. En tant que guide, j’entends souvent des voyageurs me dire : « On veut voir du flamenco authentique, pas un spectacle pour touristes. » La réponse n’est plus aussi simple qu’avant. L’authenticité, aujourd’hui, peut se jouer autant dans une peña de quartier que dans un théâtre où une cantaora tient une basse. Le CNAF s’ouvre aux instruments : une mini-révolution discrète Cette édition du Concurso Nacional de Arte Flamenco de Córdoba a marqué un tournant discret mais historique : pour la première fois, une section a été ouverte aux instrumentistes flamencos. Jusqu’ici, le concours mettait surtout en avant le cante, le baile et la guitare. Désormais, le flamenco joué au piano, à la basse, à la batterie trouve aussi sa place. La Tremendita s’en réjouit particulièrement. Ce n’est pas un hasard : elle s’est elle-même imposée sur les affiches avec une basse électrique serrée contre elle. Parmi les finalistes de cette nouvelle catégorie, on retrouve le bassiste Juanfe Pérez, avec qui elle a déjà collaboré, ou encore le pianiste Alfonso Aroca, bien connu des scènes cordouanes. Preuve qu’un autre flamenco, plus instrumental, existe déjà, bien vivant. Pour les voyageurs curieux, cette évolution est précieuse : elle signifie que venir à Cordoue pendant le CNAF, c’est désormais entendre le flamenco sous des formes multiples, sans que la qualité ou la profondeur s’en trouvent diminuées. Selon l’Office du Tourisme de Cordoue, la ville mise de plus en plus sur la culture pour attirer un public qui cherche plus qu’une simple carte postale. Le CNAF, triennal, en est l’un des piliers. La Tremendita regarde aussi du côté des conservatoires : pour elle, l’étape suivante sera la reconnaissance pleine et entière des instruments flamencos dans la formation officielle, qui reste souvent davantage orientée vers le jazz. Là encore, Cordoue pourrait jouer un rôle de ville-pilote. Trois façons de vivre ce flamenco vivant lors d’un séjour à Cordoue Assister au Concurso Nacional de Arte Flamenco Quand il a lieu (en général tous les trois ans), le CNAF transforme Cordoue en capitale du flamenco : concours, récitals, créations. Les grandes soirées se déroulent au Gran Teatro, mais la programmation déborde souvent sur d’autres scènes. Si vos dates coïncident, réservez tôt : c’est là que l’on perçoit le mieux la tension entre respect de la tradition et audaces contemporaines. Pousser la porte d’une peña flamenca En dehors des grands événements, les peñas flamencas restent le cœur battant du flamenco local. Certaines soirées sont très traditionnelles, d’autres invitent des jeunes artistes qui n’hésitent pas à bousculer le cadre. Renseignez-vous à l’office de tourisme ou auprès de votre hébergement : l’ambiance y est plus familiale, les tarifs raisonnables, et l’on y croise autant des habitués cordouans que des visiteurs de passage. Explorer les scènes plus contemporaines Théâtres de taille moyenne, festivals de début d’été, programmations ponctuelles dans des patios ou d’anciens entrepôts… Cordoue accueille aussi des concerts où le flamenco se mêle à l’électronique, au jazz ou au rock. Cherchez du côté des théâtres municipaux, des centres culturels et des programmations privées : c’est là que l’on peut tomber sur une proposition dans l’esprit de Matancera. Au fond, suivre ces trois pistes, c’est entremêler votre séjour : une soirée très ancrée dans la tradition, une autre plus aventureuse, et entre les deux, la vie quotidienne des Cordouans qui discutent flamenco autour d’un verre. Cordoue, laboratoire tranquille entre mémoire et futur Un soir d’automne, en sortant d’un concert dans le centre, j’ai traversé le pont de pierre en entendant encore, dans ma tête, un cante accompagné de basses électroniques. La Mezquita se découpait dans le noir, les lumières jaunes se reflétaient sur le fleuve, et je me suis dit que Cordoue vit son flamenco comme elle vit son histoire : par couches, sans rien effacer. La Tremendita, avec son histoire familiale cordouane, son prix au CNAF, sa basse à la main et ses dialogues avec La Kaita, cristallise cette manière d’avancer : ne jamais renier la tradition, mais la regarder en face, avec les outils du présent. Pour le voyageur, accepter cela, c’est aussi changer son regard : venir à Cordoue non pas pour « cocher » un spectacle flamenco, mais pour écouter une ville qui se cherche et se réinvente. Au fond, Cordoue se visite avec les yeux, bien sûr, mais elle se comprend surtout avec les oreilles. La prochaine fois que vous passerez devant le Grand Théâtre, arrêtez-vous quelques secondes : écoutez les répétitions derrière les portes, les bribes de guitare, ou pourquoi pas, les vibrations d’une basse. Et vous, oseriez-vous choisir une soirée de flamenco avec basses et beats au lieu d’un tablao plus classique ? Racontez-moi vos expériences ou vos envies en commentaire, ou partagez vos moments de duende à Cordoue avec le hashtag #EscapadeaCordoue 📸 Questions fréquentes Le flamenco à Cordoue est-il seulement traditionnel ? Non, et c’est justement ce qui le rend passionnant. Vous trouverez des formes très classiques dans les peñas et certains tablaos, mais aussi des propositions plus contemporaines dans les théâtres et festivals. Des artistes comme La Tremendita montrent qu’on peut être profondément enraciné tout en expérimentant avec les sons et les formats. Quand a lieu le Concurso Nacional de Arte Flamenco de Cordoue ? Le CNAF est un concours triennal : il n’a pas lieu chaque année, mais revient régulièrement, en général à l’automne. Les dates exactes sont annoncées sur le site officiel du concours et celui de la ville de Cordoue. Si vous préparez un voyage, vérifiez le calendrier culturel quelques mois avant : assister à une soirée du CNAF est une expérience unique. Où voir du flamenco de qualité à Cordoue sans tomber dans un piège à touristes ? Commencez par demander conseil à l’office de tourisme ou à votre hébergement : les Cordouans savent quels lieux programment de bons artistes. Les peñas flamencas sont souvent une valeur sûre, tout comme certains théâtres municipaux qui proposent des récitals ponctuels. Évitez les lieux où l’on vous fait entrer à tout prix depuis la rue ; privilégiez ceux où l’on vient d’abord pour écouter. Faut-il parler espagnol pour apprécier un spectacle comme Matancera ? Comprendre les paroles enrichit évidemment l’expérience, mais ce n’est pas indispensable. Dans le flamenco, une grande partie de l’émotion passe par la voix, le geste, le silence, le rythme. Même sans espagnol, vous ressentirez l’intensité du dialogue entre les artistes, surtout dans un projet aussi centré sur la voix que Matancera. baile flamencochanteuseConcours Partager 0 FacebookTwitterPinterestEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Flamenco à Cordoue : comment la ville transforme le 16 novembre en voyage dans l’âme gitane A lire aussi Flamenco à Cordoue : comment la ville transforme... 16 novembre 2025 Une soirée de poésie à Cordoue : vivre... 16 novembre 2025 Un tableau de Julio Romero de Torres sous-estimé... 16 novembre 2025 Flamenco à Cordoue : comment un marmolista nommé... 16 novembre 2025 Cordoue au son de Chopin : pourquoi l’Orozco... 15 novembre 2025 La Vaquera de la Finojosa en 2026 :... 15 novembre 2025 Orozco Piano Festival de Cordoue : écouter la... 15 novembre 2025 Flamenco à Cordoue : sur les traces de... 14 novembre 2025 Flamenco à Cordoue: adieu à Fosforito et itinéraire... 14 novembre 2025 Cordoue en deuil, le flamenco en héritage: Fosforito... 13 novembre 2025