Tu ne l’avais jamais remarqué… ‘La gran cacería’ de Mayorga décortique nos peurs au Teatro Góngora de Córdoba

Un acteur d’âge mûr, seul sous un projecteur chaud, monologue sur scène avec une chaise et un carnet.

TL;DR

  • 🎭 Mayorga joue son propre texte et change la donne
  • 🧠 Une “chasse” philosophique où chaque silence frappe
  • 🌙 Córdoba vibre: poésie, théâtre et ville en écho

La gran cacería te parle? Ce solo nerveux et poétique de Juan Mayorga, présenté à Cosmopoética au Teatro Góngora, m’a cueilli net: une chasse intérieure où chaque silence tire droit au cœur. Je te raconte ce que la scène ne dit pas, mais qu’on ressent fort.

Pourquoi “La gran cacería” secoue Córdoba aujourd’hui

Est-ce que tu savais que le chasseur, chez Mayorga, finit souvent par être la proie de ses propres certitudes ? C’est exactement ce qui m’a frappé au Teatro Góngora, lors du passage de La gran cacería dans le cadre de Cosmopoética. Le dramaturge espagnol — récompensé internationalement et aujourd’hui figure centrale du théâtre ibérique — a choisi de porter lui-même son texte. Et là, quelque chose bascule. Quand l’auteur devient l’acteur, la frontière entre pensée et chair se réduit à un souffle.

Ce solo, produit par Teatro del Barrio, condense ce que j’aime chez Mayorga: une intelligence dramatique chirurgicale, des images philosophiques sans glose inutile, et ce sens rare du temps scénique. La “chasse” du titre n’est pas une métaphore décorative: c’est une manière de traquer nos angles morts, nos habitudes de regard. À Córdoba, au Góngora – théâtre nommé en écho au poète baroque Luis de Góngora – la parole de Mayorga trouve un écrin logique: une ville qui a l’oreille pour la poésie et le goût du questionnement. C’est pour cela que cette soirée a sonné juste. Dans la section suivante, on entre dans la mécanique du plateau.

Minimalisme scénique, maximum de sens: la “chasse” en acte

Pas d’esbroufe: une scène presque nue, une chaise, un carnet, la lumière comme instrument principal. Mayorga sait que le vide scénique n’est pas un manque, mais un appel. Il joue avec le noir comme un peintre avec le blanc, laissant le spectateur projeter ses propres bêtes tapies dans l’ombre. On songe à ses pièces antérieures – de l’illusion orchestrée de « Himmelweg » à la mémoire cartographiée de « El cartógrafo » – mais ici, la ligne est encore plus tendue, presque musicale.

La chasse, c’est aussi la langue: mots-pièges, mots-appâts, mots-faux-semblants. À plusieurs reprises, j’ai senti la salle retenir sa respiration à l’approche d’un silence plus parlant qu’un monologue. C’est là que la poésie de Cosmopoética irrigue la soirée: le festival ne met pas seulement les poètes sur scène, il contamine le théâtre par la précision de la métaphore. Résultat ? Un public traversé, pas caressé. Et des sorties de salle où l’on marche un peu plus lentement, comme si l’oreille continuait sa traque.

Vu de l’intérieur: quand Mayorga joue Mayorga

Je l’avais vu interprété par d’autres comédiens de haut vol, dont Alberto San Juan et Will Keen: à chaque version, la pièce révélait un angle neuf. Mais quand Mayorga prend la parole, il ne « représente » pas: il pense en direct. Sa diction coupe court au lyrisme facile, ses silences sont des hypothèses scéniques qu’il pose devant nous. Ce n’est pas l’autorité de l’auteur qui impressionne, c’est l’humilité d’un artisan de la pensée qui accepte le risque du plateau.

Dans la salle, les regards se croisent comme sur un stand de tir: chacun se demande quel détail a fait mouche. Le geste de tourner une page devient une action dramatique; l’ombre d’un pied posé hors du cône de lumière, une fuite possible. On est loin du théâtre démonstratif: ici, la dramaturgie se joue au millimètre. Et c’est là que le Góngora aide: sa proximité favorise la tension du souffle. Dans la prochaine section, parlons concret: comment s’installer, quand réserver, et quoi faire autour pour prolonger la vibration.

Conseils de terrain: billets, sièges, avant/après autour du Góngora

Le format est resserré (moins de deux heures), ce qui rend l’expérience dense. Si tu veux profiter au mieux:

  • Placement: vise l’orchestre central ou le premier balcon frontal; tu capteras mieux les micro-gestes et les silences.
  • Réservation: anticipe via la billetterie municipale ou le point culturel habituel de la ville; ces dates Cosmopoética partent vite.
  • Avant-scène: arrive 20 minutes plus tôt; laisse ton téléphone au repos pour entrer dans la “chasse” sans bruit parasite.
  • Après: prolonge sous les lumières de la Plaza de las Tendillas ou remonte vers Calle Gondomar; l’oreille a besoin d’un pas lent pour décanter.

Petit plus cordouan: pense à Góngora poète en sortant — son baroque n’est pas déco, c’est une gymnastique du regard. Mayorga, lui, convoque un baroque minimal: complexité, oui; surcharge, non. Dans l’ultime section, je réponds aux questions qu’on m’a soufflées à la sortie.

Ce que la pièce dit du présent, sans slogan

La gran cacería ne donne pas de leçon. Elle outille. Elle interroge notre envie de classer trop vite, de confondre comprendre et posséder. Dans une époque de flux continus, ce spectacle propose une autre vitesse: l’attention. C’est peut-être son geste politique le plus fort. Qu’un auteur primé (et directeur d’une grande maison madrilène) monte à Córdoba pour jouer ce texte pendant Cosmopoética n’est pas anodin: la ville sert de chambre d’écho à une Europe méditerranéenne qui cherche des mots justes pour nommer ses peurs.

On ressort avec trois aiguillons: que traquons-nous quand nous « comprenons »? Quelle part de nous se cache dans l’ombre de nos explications? Et si écouter était l’acte le plus courageux du moment? À l’heure où tout se commente, Mayorga rappelle que la scène n’est pas là pour asséner, mais pour aiguiser. C’est exactement ce que Córdoba sait accueillir.

Questions Fréquentes

De quoi parle “La gran cacería” de Juan Mayorga ?

D’une chasse intérieure: celle des idées, des peurs et des certitudes qui nous gouvernent. Le texte avance par images et hypothèses, avec un dispositif scénique minimal qui laisse la place à l’imaginaire du spectateur.

Combien de temps dure le spectacle et à partir de quel âge ?

La pièce est courte à moyenne durée (moins de deux heures) et se vit d’un seul souffle. Elle convient aux spectateurs habitués aux formes poétiques et réflexives; pour des ados, mieux avec un échange préparatoire.

Où acheter ses billets pour le Teatro Góngora à Córdoba ?

Passe par la billetterie officielle de la ville ou les points culturels habituels; pour les dates liées à Cosmopoética, il vaut mieux réserver tôt. Sur place, la file avance vite mais l’affluence peut surprendre.

Cosmopoética, c’est quoi au juste ?

Un festival cordouan dédié à la poésie qui invite aussi des formes voisines: théâtre, lectures, musique. L’idée: faire circuler la langue, bousculer les habitudes d’écoute et reconnecter la ville avec sa tradition littéraire.

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