0 TL;DR📱 Et si nos vies n’étaient plus que selfies permanents ?🗣️ Opinion lente vs posture instantanée: la poésie remet du souffle🌫️ Défendre l’opacité: trois rituels simples pour débrancherCosmopoética Córdoba t’a déjà bousculé comme ça ? J’y étais hier au Palacio de Orive: une claque douce. On y parle d’écrans, de posture, d’opacité… et de comment la poésie peut nous rendre à la réalité. Frais, concret, et terriblement actuel.Cosmopoética, la poésie face au selfie permanent Est-ce que tu savais que même à un festival de poésie, les écrans volent parfois la vedette aux mots ? Hier soir, dans le patio renaissant du Palacio de Orive, j’ai vu des regards glisser du pupitre au smartphone, puis revenir — penaud mais lucide — à la voix. J’habite Córdoba depuis dix ans et Cosmopoética m’apprend chaque année la même chose: la parole peut encore ralentir le monde. Le philosophe invité parlait d’un «apocalypse» discret: des mots qui gonflent jusqu’à ne plus rien dire, une pansemie sémantique. La poète lui répondait: «débat» n’est pas «dialogue», l’un veut gagner, l’autre veut comprendre. Et moi, entre les colonnes, je repensais aux patios cordouans: ils ne se visitent pas, ils s’écoutent. C’est pour cela que Cosmopoética tient si bien à Córdoba: ici, l’eau d’une fontaine met tout le monde d’accord. Ce qu’on oublie trop: nous sommes passés du souvenir à la preuve. Le selfie remplace la mémoire, la story remplace le récit. Pourtant, la poésie — quand elle prend de la place dans la bouche — remet l’image à sa juste taille. Dans la section suivante, on va voir pourquoi nos «positions» tuent nos opinions, et comment recréer de la distance. Opinion lente ou posture rapide: choisir la bonne cadence Tu l’as remarqué ? Sur les réseaux, on te demande une position avant même que tu aies une opinion. La posture est instantanée, l’opinion est lente. À Cosmopoética, on l’a dit sans détours: le feed accélère là où la pensée a besoin de friction. Et l’algorithme adore la vitesse, pas la nuance. Dans ma pratique de critique culturelle, j’ai adopté trois garde-fous très simples: Vous pourriez être interessé par Pourquoi le spectacle ‘Por fin solo’ de Carles Sans enchante 19 janvier 2025 Ezra, comédie dramatique : et si la vraie révélation venait de l’acteur autiste ? 30 mai 2025 La règle des 48 heures: pas de réaction publique avant deux nuits de sommeil. Le carnet analogique: écrire à la main avant d’écrire en ligne. La main filtre la colère. Le contradicteur choisi: une personne qui n’est pas d’accord avec moi… par contrat d’amitié. La poète rappelait que «voyager» diffère de «faire du tourisme». Même dans les idées, touristifier un sujet (vite, en surface) n’apprend rien. Voyager demande du temps, des bords, des heurts. C’est pour cela que l’opinion a besoin de lenteur: elle «va en étant», pour paraphraser Héraclite. Et si on appliquait cette cadence à nos fils d’actualité ? Dans la prochaine section, on parlera d’un concept clé entendu hier: nos écrans agissent comme un organe collectif. Effrayant… mais utile si on sait s’en servir. Écrans-organe collectif: pourquoi défendre l’opacité Idée forte du soir: et si le numérique n’était pas un outil, mais un organe greffé à notre quotidien ? On n’emmène pas un marteau partout, mais on ne sort jamais sans cet «organe» dans la poche. Résultat: faux sentiment de transparence et confusion de distances. Dans le même flux: un chat drôle, un bombardement lointain, un concert local — nos yeux «mangent» tout, indistinctement. Or la ville de Córdoba m’a appris la valeur des zones d’ombre. Dans la Mezquita, la beauté est faite de clair-obscur; dans les patios, du caché-révélé. L’opacité n’est pas l’ennemie de la vérité, c’est sa respiration. Données à l’appui: les rapports annuels DataReportal (2024) montrent plus de 2h30 quotidiennes passées sur les réseaux. Le cerveau saturé recherche le choc — pas la nuance. Trois rituels pour rebâtir cette opacité salutaire: La marche sans photo: 30 minutes en ville, mains vides, yeux pleins. Le «mute» de contexte: pendant la lecture d’un poème, mode avion. Dix minutes suffisent. La distance affective: différer l’exposition aux images traumatiques et chercher un cadre fiable pour les comprendre. Ensuite, on passera à une proposition inspirée par la scène: voyager plutôt que se positionner. Voyager plutôt que se positionner: leçon d’une ville-palimpseste «Se positionner», c’est se figer. «Se situer», c’est bouger, disait-on hier. Córdoba le prouve chaque jour: ville palimpseste, couches superposées d’Averroès à Maïmonide, de patios fleuris aux cours d’eau du Guadalquivir. Ici, le voyage commence dans la tête, avant la photo. Je propose un mini-atelier à faire en ville: Entre midi et deux, traverse un quartier sans itinéraire: laisse-toi perdre. Choisis un détail (une poterie bleue, une grille forgée) et décris-le sans métaphores de réseaux (pas «instagrammable», pas «feed»). Trois phrases maximum. Demande à un habitant un souvenir lié à ce lieu. Écoute sans noter. Tu verras: l’ennemi cesse d’être «l’autre camp» et redevient un bon adversaire qui nous agrandit, comme le disait la poète. C’est ce que j’aime dans les récitals de patios: le voisin qu’on croise au marché devient soudain un allié esthétique. Dans la prochaine section, on aborde la mission finale: renommer le monde pour le sentir à nouveau. Renommer le monde: la tâche poétique aujourd’hui Nous vivons «dans les mots», au point d’oublier les choses. La langue poétique, elle, renomme. Elle réapprend «citron», «peau», «ciel» comme si c’était la première fois. Hier, j’ai noté ce renversement chez plusieurs voix: moins d’opinion, plus de présence. La poésie n’explique pas: elle fait advenir. Petit exercice (testé ce matin dans mon patio): prends un objet banal — un verre d’eau. Renomme-le en trois gestes: Changer le genre: «une soif posée». Ajouter un verbe: «la lumière boit». Donner un secret: «elle sonne quand la nuit respire». Simple, presque enfantin. Mais ça relie. Au fond, nous n’avons pas besoin d’un «plus» de spectaculaire (ce fameux «plus» des blockbusters), nous avons besoin d’un moins de bruit pour que l’étonnement revienne. Et c’est là que Cosmopoética, dans cette vieille maison aux arcades, fait œuvre de santé publique: elle nous rend à la sensation juste. Questions Fréquentes C’est quoi Cosmopoética à Córdoba et pourquoi c’est spécial ? C’est un festival de poésie et arts de la parole qui investit patios, palais et bibliothèques. Sa force: la proximité. On écoute les poètes à quelques mètres, dans des lieux où l’architecture aide à respirer les mots. Comment vivre un événement sans tomber dans le «selfie permanent» ? Fixe-toi une règle: une photo au début, puis mode avion jusqu’à la fin. Prends des notes à la main. Après, si une image te manque, elle reviendra — ou elle n’était pas essentielle. La poésie peut-elle vraiment aider face à la saturation des écrans ? Oui, parce qu’elle ralentit. Lire à voix haute impose un tempo corporel; chercher un mot précis oblige à nuancer. C’est de l’hygiène mentale, comme une sieste bien placée. Où suivre des lectures dans des patios sans réservation compliquée ? Beaucoup d’événements restent gratuits et à entrée libre selon les jours. Arrive tôt, privilégie les sessions de fin d’après-midi, et renseigne-toi la veille sur les jauges — les patios sont intimes, c’est leur charme. AppartementLittératurePoésie 0 FacebookTwitterPinterestEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Touristes vs. habitants : 650.000 € peuvent-ils réinventer les festivals et l’été musical à Córdoba ? 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