Vu de l’intérieur: Ana Belén fait bouillir l’asphalte à La Axerquía et réconcilie mémoire et présent à Córdoba

Chanteuse mature en blouse orange chantant sur une scène en plein air, lumières chaudes à la tombée de la nuit.

TL;DR

  • 🔥 À plus de 70 ans, elle enflamme un amphithéâtre
  • 🎤 Entre hymnes engagés et nostalgie pop, la setlist claque
  • 🌃 La Axerquía se mue en bal où Córdoba danse ensemble

Ana Belén en live, tu t’y attends… mais tu ne t’y prépares jamais. À La Axerquía, la diva a transformé un amphithéâtre en rituel partagé: mémoire, émotion, et une énergie de 20 ans. Ce récit insider te dit pourquoi c’était unique.

Ana Belén, à La Axerquía: pourquoi ce retour compte

Est-ce que tu savais que l’âge pouvait briser l’asphalte ? Ce soir-là, j’ai vu une femme de plus de 70 ans lever une ville entière. À La Axerquía, amphithéâtre de nos étés cordouans, Ana Belén n’a pas “donné” un concert: elle a rouvert un passage entre ce que nous avons été et ce que nous voulons encore devenir. Je la suis depuis des décennies – route Madrid‑Córdoba en voiture, “La Puerta de Alcalá” criée fenêtres ouvertes – et je t’assure: elle demeure une interprète qui passe du murmure au manifeste sans perdre une nuance.

Dès l’ouverture avec une prière devenue classique contre l’indifférence, le ton était donné: pas de nostalgie molle, mais de l’actualité brûlante. La voix? Moins démonstrative, plus précise; elle attrape les mots et les rend utiles. Sur scène, pas de fioritures: un jeu de lumières élégant, un son ciselé, et une direction musicale qui respire. C’est pour cela que ce retour comptait: parce que l’Espagne qu’elle raconte – la nôtre, la vôtre, celle qu’on aime rencontrer à Córdoba – est toujours prête à danser… et à réfléchir. Dans la prochaine section, on plonge dans cette mémoire active.

Ana Belén et la mémoire active d’une génération

J’ai vu des spectateurs transformer chaque chanson en page d’album: adolescence, colères passées, amours têtues. La mémoire ici n’est pas un grenier à souvenirs; c’est un muscle. Quand elle entonne un hymne intimiste “pour qu’on ne parle pas en mon nom”, les visages changent: Gaza, l’injustice, la guerre – ce n’était pas slogan, mais empathie. Ana garde cette qualité rare: elle incarne la chanson comme un monologue de théâtre. Normal, diras-tu: sa carrière croise cinéma, scène et chanson – et ça s’entend.

La setlist jouait en grand écart: la ville dystopique de “Peces de ciudad”, l’élégie “Lía” qui flotte comme un parfum d’atelier d’auteur, la carte postale de “Cinecittà” où plane un cinéma d’antan. Et puis les confidences: l’amour qui se risque “à l’ombre d’un lion”, la dispute feutrée qui dérape, le piano qui coupe la salle en deux. Ce n’est pas un best‑of, c’est une dramaturgie. En filigrane, sa vieille école: du travail, encore du travail – la rigueur qui traverse les années. Ensuite, on parle du lieu: La Axerquía, ce n’est pas qu’un cadre, c’est une acoustique et une sociabilité.

La Axerquía Córdoba: acoustique, lumière et frisson partagé

La magie de La Axerquía, c’est ce croisement entre pierre, ciel et voisinage. Le son court, se dépose, repart; quand le vent descend de la Sierra, il soulève les refrains. Ce soir-là, la direction (basse impeccable, claviers souples, guitare à la brillance juste) a laissé le texte respirer. Les lumières? Des aplats chauds, quelques contre‑jours qui sculptent la silhouette – pas d’artifice superflu: l’“écran” était la foule.

J’ai adoré ces moments où la chanteuse joue avec ses musiciens, flirte avec le silence, puis relance comme un torero côté Paseo de la Ribera. La voix fatigue à peine sur les finales longs; elle gagne en grain, perd en dentelle – et c’est tant mieux: on y entend la vie vécue. Si tu viens à La Axerquía, vise les gradins centraux pour un mix idéal voix/instruments; arrive 30 minutes avant pour laisser tes oreilles s’ajuster au plein air; emporte une écharpe légère – la nuit cordouane sait surprendre. Dans la section suivante, parlons de ce que cela dit de Córdoba, ville qui cultive la conversation entre les âges.

Touristes vs habitants: une diva qui nous rassemble

Córdoba a l’art de faire se parler les mondes. Au pied de la Mezquita, on traverse chaque jour mille ans. À La Axerquía, ce soir-là, même sensation: une bachata qui s’invite à Lavapiés, un swing brésilien, puis un refrain que toute l’Espagne sait chanter. On a dansé sans consigne. C’est la force d’Ana: transformer l’“ancien” en commun, sans muséifier. Les visiteurs de passage hochaient la tête; les habitants, eux, répondaient en chœur. La ville s’est reconnue.

J’y ai senti l’écho d’un mot d’ordre cher à nos poètes: “ouvrir l’asphalte”. C’est très cordouan, au fond: fissurer la routine pour laisser pousser une fleur de rue. La chanteuse, complice, a lancé des apartés qui sonnaient vrai, ce tutoiement généreux qui ne tombe pas dans le cliché touristique. Héritage ancien vs usage moderne: la soirée a prouvé que l’on peut tenir les deux, comme on tient le Pont Romain de chaque côté du Guadalquivir. Tu viens? Dans la section finale, je te file mes astuces pour faire de ta soirée un souvenir qui colle à la peau.

Conseils insiders pour un concert réussi à Córdoba

  • Billets: anticipe; les retours d’icônes se vendent vite.
  • Placement: centre des gradins pour l’équilibre; premières rangées si tu veux vivre l’interprétation au souffle près.
  • Climat: mai et septembre sont idéaux; apporte eau et éventail (les soirs chauds) ou foulard (brise nocturne).
  • Avant/Après: tapas dans les ruelles du nord de l’amphithéâtre, puis marche douce vers le centre historique – la ville de nuit est une scénographie.
  • Combo culture: si tu es là pour un festival de poésie ou une expo, cale le concert au milieu: l’esprit est plus disponible.

Prends aussi le temps d’écouter les silences: à La Axerquía, ils font partie de la musique. Et n’oublie pas qu’un concert ici n’est pas qu’un rendez‑vous avec une star; c’est une conversation avec Córdoba elle‑même. Sur ce, on se retrouve aux gradins – et si tu entends la foule fredonner, ne résiste pas: chante.

Questions Fréquentes

Quel est le meilleur moment pour voir un concert à La Axerquía ?

Mai‑juin et septembre offrent des soirées plus douces et un son souvent plus stable (moins de chaleur, moins de vent thermique). En plein été, vise les dates tardives et hydrate‑toi bien. Arriver tôt aide tes oreilles à s’habituer à l’open‑air.

Ana Belén en live en 2025: que vaut sa voix aujourd’hui ?

Elle a gagné en grain et en intention. Ce n’est pas la virtuosité qui impressionne, mais l’art de dire, la précision des nuances et une présence scénique qui raconte une vie entière. Les arrangements actuels la servent sans la couvrir.

Comment se rendre facilement à l’amphithéâtre depuis le centre historique ?

À pied, compte 20–30 minutes en longeant le fleuve: agréable et simple. En taxi, c’est rapide et pratique au retour. Transports publics possibles selon l’heure, mais vérifie les fréquences nocturnes avant de partir.

Peut‑on combiner la visite de la Mezquita et une soirée concert ?

Oui, et c’est un très bon plan. Fais la Mezquita le matin (moins de monde), sieste ou musée l’après‑midi, dîner tôt, puis concert. Ton oreille et tes yeux auront, l’un comme l’autre, leur chef‑d’œuvre de la journée.

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