Guerre, paix et poésie en album: ‘Klera’ change la donne — et donne des idées à Córdoba

Jeune autrice tenant un album illustré, avec en arrière-plan des silhouettes de danse et de musique, ambiance de galerie lumineuse.

TL;DR

  • 📚 Un album jeunesse ose parler de guerre avec poésie
  • 🎨 Texte, illustration, musique et danse fusionnent en une œuvre totale
  • 🌿 Des pistes concrètes pour le lire en famille à Córdoba

Littérature jeunesse et guerre, tu t’y attendais ? ‘Klera’ de Leire Bilbao transforme un sujet brûlant en expérience poétique et transmedia. Je t’explique pourquoi cet album pourrait cartonner à Córdoba — et comment le lire avec les enfants sans les effrayer.

Et si un album jeunesse parlait de la guerre sans peur?

Est-ce que tu savais qu’un livre pour enfants pouvait aborder la guerre… avec douceur? ‘Klera’, signé Leire Bilbao et récompensé par le Prix National de Littérature Jeunesse 2025, le prouve avec audace. Ce n’est pas “un album de plus”: c’est une pièce poétique, tissée d’images, de musique et de danse, qui parle de conflit, de mort, de paix — sans écraser les jeunes lecteurs. Le jury a salué sa beauté lyrique et son engagement pour la convivialité, et on comprend pourquoi: Bilbao sait choisir les mots justes, June San Sebastian les traduit en visions sensibles, pendant que la musicienne Maite Larburu et la troupe Kukai Dantza prolongent le récit dans le corps et le son.

À Córdoba, où l’on sait ce que “convivencia” veut dire, cette approche résonne fort. Entre les patios et la Mezquita, on a l’habitude d’entendre plusieurs voix chanter la même histoire. ‘Klera’ s’inscrit dans ce sillage: il met la barre haut, refuse de simplifier, mais ouvre des portes. C’est pour cela qu’il suscite autant la curiosité des médiateurs que des familles. Dans la section suivante, on voit comment cette œuvre transmedia calme, éclaire… et se partage.

Pourquoi le transmedia apaise quand les mots suffoquent

Parfois, les mots serrent trop. L’enfant sent l’émotion avant de la comprendre. C’est ici que l’illustration, la musique et la danse entrent en scène. ‘Klera’ joue justement cette carte: une image ralentit la peur, un motif musical donne un souffle, un geste chorégraphique offre une sortie. Les pros de l’enfance (UNICEF, Save the Children) le répètent: pour parler d’événements anxiogènes, mieux vaut un vocabulaire simple, des supports sensoriels, et un cadre rassurant. ‘Klera’ coche ces cases sans infantiliser.

J’ai vu à Córdoba, lors de lectures partagées dans les patios, combien un silence musical peut ménager l’espace de la question, et combien un dessin peut accompagner la réponse. En classe ou en bibliothèque, on peut scander: lire le texte, contempler l’image, écouter un extrait musical, mimer un geste. On transforme l’angoisse brute en matière à penser. Le bonus? Les enfants deviennent co-auteurs: ils commentent, ils tracent, ils bougent. Et cela change tout. Dans la prochaine section, je te propose un “kit cordouan” pour accueillir ‘Klera’ dans la ville, entre tradition et invention.

Córdoba s’en empare: lieux, rituels et idées très concrètes

Ici, la ville entière sait cadrer une émotion: un patio, une cour ombragée, un cloître, une salle du Teatro Góngora. Pour une séance ‘Klera’, je recommande:

  • Un lieu calme et lumineux (patio, médiathèque, salle du C3A): la lumière naturelle apaise.
  • Un cercle serré: enfants au centre, adultes en “ceinture de sécurité”.
  • Un fil musical discret: un violon ou une playlist acoustique très douce.
  • Un temps pour bouger: un geste simple “je pousse la peur / j’accueille la paix”.

Côté culture locale, fais le pont: rappelle la mémoire des trois cultures, la force des mosaïques de Medina Azahara, l’écho des colonnes de la Mezquita comme une forêt de questions. ‘Klera’ devient prétexte à interroger notre héritage sans discours pesant. Et si tu animes, pense au “contrat d’écoute”: on parle chacun son tour, on peut se taire, on peut dessiner. Dans la section suivante, passons au mode d’emploi pas à pas: avant, pendant, après la lecture.

Mode d’emploi: lire ‘Klera’ avec un enfant, pas à pas

Avant: prépare le terrain. Explique que l’histoire parle de choses difficiles mais qu’on est ensemble et en sécurité. Montre la couverture, demande: “Que vois-tu? Qu’est-ce que tu ressens?” Regarde les illustrations de June San Sebastian sans texte au premier passage, pour laisser la perception guider la compréhension.

Pendant: lis lentement, marque des pauses. Si une page serre le ventre, respire avec l’enfant (compter jusqu’à quatre). Pose des questions ouvertes: “Qu’est-ce qui change ici?” “Et si tu étais le personnage, que ferais-tu?” Propose un mini-rituel corporel inspiré de la danse: poser la main sur le cœur, “ancrer” les pieds, “secouer” la peur comme de la poussière.

Après: invite à traduire l’émotion en action douce. Dessiner une “carte de paix” pour la chambre, composer un mini-silence musical (30 secondes), écrire trois mots-boussoles. Si l’enfant ne veut rien faire, c’est OK: la simple disponibilité d’un adulte suffit. Dans la section suivante, on répond aux questions fréquentes (âge, langues, où le trouver, etc.).

L’écosystème de Bilbao: gages d’exigence et de beauté

Leire Bilbao n’arrive pas de nulle part. Juriste de formation (Université de Deusto), elle a patiemment bâti une œuvre jeunesse exigeante: ‘Xomorropoemak’ (Prix Euskadi 2017), ‘Bichopoemas y otras bestias’ (Prix Kirico 2019), ‘Etxeko Urak’ (Prix Lauaxeta 2021). Sa poésie pour adultes voyage, se traduit, se chante. Autour d’elle pour ‘Klera’, un quatuor affûté: June San Sebastian (illustration), Maite Larburu (musique), Kukai Dantza (chorégraphie). On parle d’un projet transmedia pensé comme une œuvre totale, pas d’un “produit dérivé”.

Pourquoi c’est important pour nous, lecteurs à Córdoba? Parce que la ville aime les œuvres qui se vivent au-delà de la page. Ici, la danse et la guitare sont des langues maternelles. Un album qui appelle la scène et le mouvement trouve un terrain naturel. Et puis, soyons francs: nos enfants croisent chaque jour des images de conflit. Autant leur donner des outils d’intelligence sensible. ‘Klera’ offre justement ce cadre: beau, délicat, solide.

Questions Fréquentes

Où trouver ‘Klera’ en France ou en Espagne?

Le livre est publié chez l’éditeur basque Elkar. Demande à ta librairie (Espagne ou France via commande internationale) et aux bibliothèques municipales. Certaines plateformes proposent l’import; vérifie la langue disponible avant d’acheter.

À partir de quel âge recommander ‘Klera’?

Selon la sensibilité de l’enfant, un premier partage accompagné peut commencer vers 7–8 ans. Pour les plus jeunes, feuillette surtout les images, très progressivement. Au collège, on peut aller plus loin dans l’analyse et le débat.

Existe-t-il des ressources pédagogiques pour accompagner la lecture?

Renseigne-toi auprès des médiathèques et des centres culturels: beaucoup proposent des fiches d’animation adaptées aux albums sensibles. Tu peux aussi construire un mini-parcours transmedia: lecture + musique instrumentale douce + mouvement guidé.

Pourquoi parler de guerre en littérature jeunesse?

Parce que les enfants y sont exposés indirectement (actualités, conversations d’adultes). Des albums exigeants, poétiques et bienveillants offrent un cadre sécurisé pour comprendre, nommer et apaiser — sans sensationnalisme, mais avec intelligence et humanité.

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