Vu de l’intérieur: La Mesta rejouée à Belalcázar raconte la transhumance de la sierra cordouane

Acteurs en costumes de bergers et noble du XVIe siècle, jouant devant une chapelle rurale au crépuscule.

TL;DR

  • 🎭 Théâtre en plein air qui ressuscite La Mesta et ses règles
  • 🐑 Transhumance, cañadas et dehesa expliquées sans prise de tête
  • 🌄 Belalcázar–Hinojosa: mémoire locale, émotion et fierté rurale

La Mesta comme tu ne l’as jamais vue: une pièce en plein air à Belalcázar et Hinojosa qui fait revivre transhumance, cañadas et pouvoir seigneurial. J’y ai retrouvé l’âme rurale de Córdoba, sans folklore creux.

La Mesta vivante, pas un musée: pourquoi ça marche

Est-ce que tu savais que des bergers ont créé l’une des institutions les plus puissantes de Castille dès le XIIIe siècle? Rejouée aujourd’hui en plein air, La Mesta retrouve chair et voix. À Belalcázar et Hinojosa del Duque, la pièce “La Mesta en la Ermita de Consolación. Año 1542” ne se contente pas de raconter: elle fait ressentir ce que signifiaient les réunions de ganaderos sous l’autorité seigneuriale, quand le comte local devait arbitrer terres, pâtures et semailles. On y comprend d’un coup que la transhumance, c’était une logistique ultra-rigolée bien avant l’heure.

Ce théâtre populaire a une force rare: lecture claire, rythme, humour de terroir et un décor naturel (l’ermitage) qui cadre l’histoire. Le public suit l’essentiel sans perdre la poésie: les droits de passage, les cañadas, le poids du seigneur, la diplomatie nécessaire entre villages voisins. En tant que chroniqueur culturel basé à Córdoba, j’aime ces formes qui évitent la naphtaline: ici, on entend les décisions se négocier, on mesure l’impact sur la vie quotidienne. C’est pour cela que la reconstitution touche juste: elle relie droit, bétail et identité locale, sans céder à la carte postale.

Belalcázar–Hinojosa: rivalité d’hier, troupe unie aujourd’hui

Dans la sierra cordouane, les villages ont longtemps jonglé entre coopération et rivalité. La mise en scène croise deux collectifs locaux — une association théâtrale de Belalcázar et un groupe de marcheurs d’Hinojosa — pour raconter des réunions de 1542 sous la houlette seigneuriale de l’époque. Ce n’est pas anecdotique: la Mesta, officiellement ancrée dès 1273 sous Alphonse X et dissoute au XIXe siècle, a structuré l’économie ovine, du lait au textile, en passant par les taxes et les privilèges.

Le tour de force? Montrer comment un pouvoir très vertical — le comte — s’accorde avec l’intelligence collective des pâtres. Dialogues vifs, gestes appris dans les bergeries, détails de costume soignés: la pièce sent la poussière des chemins, pas la naphtaline. J’ai vu des familles commenter à voix basse “cette cañada passe derrière la ferme de mon grand-père”, signe que la fiction réactive une mémoire concrète. Dans la section suivante, nous verrons comment la transhumance s’ancre dans le paysage: dehesas, chemins ancestraux et saisons qui rythment tout.

Transhumance et cañadas: le territoire comme personnage principal

La Mesta, c’est la matrice des routes de troupeaux — les cañadas reales — qui quadrillent encore le nord de la province. Ces corridors écologiques, larges et protégés, reliaient les pâturages d’hiver aux herbages d’été. On y lit l’économie lente de la dehesa: chênes verts, prairies, points d’eau, pierre sèche. La pièce a l’intelligence d’en faire un personnage: la scène n’est pas qu’un décor, c’est un paysage parlant. Et ce n’est pas une lubie locale: la transhumance a été reconnue par l’UNESCO, avec une inscription élargie en 2023 incluant l’Espagne, preuve d’un héritage européen vivant.

Pourquoi c’est clé aujourd’hui? Parce que ces voies servent encore à la biodiversité, à l’agropastoralisme et… au tourisme doux. Les spectateurs ressortent avec un vocabulaire simple — veredas, cordeles, cañadas — et l’envie d’aller marcher. Astuce d’initié: repère les panneaux explicatifs au départ des pistes; ils racontent l’histoire en quelques lignes et évitent les impasses privées. Dans la section suivante, on passe aux conseils concrets pour profiter du spectacle et du territoire sans faux pas.

Conseils malins pour vivre la représentation au mieux

  • Arrive en avance: les places “naturelles” (ombre, bon angle) partent vite. Une chaise pliante change la vie.
  • Prends une petite laine: même en été, la brise de la sierra surprend au crépuscule.
  • Respecte le lieu: l’ermitage est un espace de culte; parle bas, évite flashs et trépieds envahissants.
  • Goûte local après la pièce: fromage de Los Pedroches (DOP), miel de dehesa, et, si tu manges viande, l’ibérico élevé à la glandée.

Pour aller plus loin, échange avec les associations organisatrices: elles gardent la mémoire des textes, des coutumes et des itinéraires de transhumance. Beaucoup enregistrent les témoignages des anciens: c’est de l’oralité pure, une source qu’aucun manuel n’égale. Et si tu voyages en famille, propose aux enfants de repérer sur la carte une cañada proche: transformer l’histoire en chasse au trésor, c’est la meilleure porte d’entrée.

Questions Fréquentes

Qu’est-ce que La Mesta, expliqué simplement?

La Mesta était une puissante organisation de bergers en Castille, créée au XIIIe siècle. Elle régulait transhumance, pâturages et droits de passage, et pesait sur l’économie et la justice rurales jusqu’à sa dissolution au XIXe siècle.

Pourquoi rejouer La Mesta à Belalcázar et Hinojosa?

Parce que ces villages sont au cœur d’un réseau de cañadas et d’une tradition pastorale encore visible. La reconstitution contextualise le pouvoir seigneurial local et rend accessibles des règles anciennes qui ont façonné le territoire.

La transhumance est-elle vraiment à l’UNESCO?

Oui, la transhumance figure sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel. L’inscription a été élargie en 2023 pour inclure l’Espagne, soulignant la valeur européenne de cette pratique vivante.

Quand voir la prochaine représentation et comment s’organiser?

Ces spectacles ont lieu surtout en fin d’été et à l’automne, souvent les week-ends, près des ermitages. Suis les réseaux des associations culturelles locales et des mairies; prévois eau, chaise pliante et vêtements adaptés au crépuscule.

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