Le détail oublié qui te happe : Luis González Palma dynamite la photo contemporaine au Teatro Cómico de Córdoba

Deux visiteurs admirent des portraits translucides suspendus sur papier délicat dans une galerie épurée.

TL;DR

  • 🌀 Des portraits qui brisent le cadre et la géométrie
  • 📜 Koãn, Celestial, Möbius… des séries qui troublent et fascinent
  • 📅 À Córdoba jusqu’au 30 novembre 2025, horaires malins à connaître

Photographie contemporaine qui prend aux tripes ? Va voir cette expo : plus de 60 œuvres de Luis González Palma qui bousculent le cadre, la géométrie et nos certitudes. C’est poétique, radical et terriblement vivant — un vrai choc visuel à Córdoba.

Est-ce que tu savais qu’un portrait peut t’égarer ?

Est-ce que tu savais qu’un portrait peut changer ta façon de lire la géométrie ? C’est exactement ce que fait Luis González Palma au Teatro Cómico de Córdoba. Lauréat de la XIIe édition du Premio Bienal Internacional de Fotografía Contemporánea Pilar Citoler (PBIFCPC), il déploie plus de 60 œuvres de la dernière décennie qui tournent le cadre en défi. Le soir de l’inauguration, devant le public et les institutions (Université de Córdoba, Fundación Cajasol, Junta de Andalucía), on sentait ce basculement : la photographie n’était plus une fenêtre, mais une matière sensible qui respire, se froisse, se déchire presque.

Ce qui frappe d’emblée, c’est la façon dont Palma « refuse » la plástica habituelle : formats disloqués, support fragile (papier pelure, papier de riz), inscriptions qui mordent sur l’image, géométries imparfaites. Ce n’est pas un caprice, c’est une position. En brouillant la perfection du cercle ou la frontière d’un mot, il boitille volontairement pour mieux avancer. Córdoba, ville de superpositions (du roman au califat, du baroque au moderne), ne pouvait rêver meilleur miroir : ici aussi, l’harmonie naît d’une tension.

Séries clés décryptées : Koãn, Celestial, Möbius et plus

Pour t’orienter, regarde par « familles » d’intentions plutôt que par chronologie. Dans Koãn, il puise dans le zen l’art de la question sans solution logique. Les images sont des énigmes respirées : un silence actif qui casse nos réflexes d’interprétation. Ça ne « raconte » pas, ça désarçonne — et c’est précisément là que la conscience s’aiguise.

Celestial joue sur une image-géométrie légère comme un souffle, imprimée sur papier pelure. L’œil croit saisir une constellation, mais l’étoile file ailleurs : transparences, superpositions, nuances sépia ou dorées qui glissent. Möbius, elle, s’attaque au temps. Comme la bande du même nom, l’avers et l’envers se confondent : des visages d’hier, d’aujourd’hui, d’un temps impossible, collent une douce mélancolie à la rétine. Mention spéciale à l’« île faite d’eau », hommage intime à ses parents, et à cet « oiseau de pierre » tiré sur papier aquarelle : deux pièces qui réconcilient tendresse et minéralité, mémoire et densité.

  • Koãn: la question qui ouvre un espace mental.
  • Celestial: la constellation qui refuse la ligne droite.
  • Möbius: le portrait où le temps se retourne sur lui-même.

Pourquoi ça fonctionne à Córdoba, ville de géométries vivantes

À Córdoba, on connaît l’élégance de la géométrie — arcades de la Mosquée-Cathédrale, patios ordonnancés, pavés qui tracent des labyrinthes sages. Palma joue la contre-mesure : il casse la ligne, puis te la rend plus juste. En acceptant l’inachevé, l’image retrouve son poids de chair. La photographie n’est plus un document, mais un organisme.

Ce contraste est fertile : la rigueur andalouse dialogue avec l’inconfort latino-américain de la fin du XXe siècle, celui qu’il a incarné en bousculant la scène guatémaltèque. Résultat ? Une tension généreuse, « cordouane » dans l’âme. On y entend presque la rumeur de nos processions : rythme, suspension, reprise. Et si la modernité, ici, consistait à faire entrer le doute dans le marbre ? Palma, lui, sculpte le doute avec du papier.

Conseils de visite, horaires et parcours malin

L’expo se tient au Teatro Cómico de Córdoba du 23 septembre au 30 novembre 2025, organisée par l’Université de Córdoba avec le soutien de la Fundación Cajasol et de la Junta de Andalucía. Horaires: mardi, mercredi, samedi, dimanche de 11:00 à 14:00; jeudi et vendredi de 11:00 à 14:00 et de 18:30 à 20:00. Pour toute info pratique (accès, éventuelle réservation), consulte les canaux officiels de l’Université de Córdoba.

Mon conseil: entre par les œuvres sur papier pelure. Laisse-toi happer par la transparence, puis remonte vers Möbius pour éprouver la boucle temporelle. Garde Koãn pour la fin — c’est une chambre d’écho parfaite avant de sortir sur la lumière de la rue. Autres astuces:

  • Matinée en semaine: salle plus calme, mieux pour les micro-variations de texture.
  • Distance modulée: 1,5 m pour la composition; 30 cm pour les accidents de surface.
  • Carnet en poche: note la première question qui te vient; c’est ton koan personnel.

Au-delà du cadre : ce que le prix Pilar Citoler confirme

Le PBIFCPC n’est pas un ruban à couper : c’est une carte du tendre de la photographie contemporaine. En distinguant un artiste qui a « cassé » chez lui avant de rayonner à Chicago, Mexico, Séoul, Londres ou Paris, le prix assume une chose simple: la photographie importante est celle qui invente son propre foyer. Ici, Palma enfonce un clou discret mais décisif : l’inachèvement comme politique du regard.

Tu sortiras peut-être sans « comprendre ». Tant mieux. Car tu auras senti. Et c’est pour cela que l’exposition vaut le détour, même si tu connais déjà par cœur les patios bleus de San Basilio. Dans la section suivante — ta prochaine visite — tu verras autrement les ombres sur les murs. Promis, les géométries de la ville ne te sembleront plus tout à fait symétriques.

Questions Fréquentes

Quels sont les horaires de l’exposition à Córdoba ?

L’exposition est visible du 23 septembre au 30 novembre 2025. Ouvert mardi, mercredi, samedi et dimanche de 11:00 à 14:00; jeudi et vendredi de 11:00 à 14:00 et de 18:30 à 20:00. Vérifie toujours la veille en cas d’ajustement ponctuel.

Qui est Luis González Palma et pourquoi est-il important ?

Artiste guatémaltèque (né en 1957), formé en architecture, il a dynamisé la scène artistique de son pays dès la fin des années 80. Reconnu internationalement, il explore l’émotion, la mémoire et la géométrie imparfaite à travers des supports délicats et des formats non conventionnels.

Quelles séries ne faut-il surtout pas rater ?

Koãn (l’énigme zen qui met le cerveau à contretemps), Celestial (constellations et transparences sur papier pelure), Möbius (portraits intemporels sur papier de riz). Cherche aussi l’hommage à ses parents et l’« oiseau de pierre » sur papier aquarelle.

Faut-il réserver ou payer un billet ?

Les modalités peuvent varier selon la capacité et la programmation du Teatro Cómico. Renseigne-toi auprès des canaux officiels de l’Université de Córdoba ou du théâtre pour connaître les conditions d’accès du jour choisi.

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