Avant les toreros, le pardon payant : l’étrange passé du Musée Taurino de Córdoba au cœur de la Judería

Visiteur contemplant des costumes de torero et des archives dans une salle de musée lumineuse.

TL;DR

  • 🤯 Avant les toreros, on y vendait des indulgences pour manger de la viande
  • 🎭 Cinq « califes » réunis: Lagartijo, Guerrita, Machaquito, Manolete, El Cordobés
  • 🧭 Conseils insiders: quoi voir, quand venir, et comment lire le lieu

Musée Taurino de Córdoba: tu savais qu’avant les toreros, on y “achetait” l’indulgence? Je t’emmène derrière la façade de la Judería, là où se vendaient des bulles pour manger de la viande les jours interdits. Un récit étonnant, blindé d’histoires et de détails rares.

Musée Taurino et indulgence divine, tu le savais ?

Est-ce que tu savais qu’au XVIIIe siècle, dans cette élégante maison de la Judería, on « achetait » le pardon avant d’admirer des toiles ou des trajes de luces ? L’actuel Musée Taurino de Córdoba occupe une demeure du XVIe siècle, en bord de la Plaza de Maimónides, autrefois connue comme la Casa de las Bulas. On y distribuait les fameuses « Bulas de la Santa Cruzada »: contre paiement, elles offraient des indulgences, parfois la permission de manger de la viande les jours maigres, et la réduction de peines temporelles. C’est un pan de culture religieuse et sociale bien réel, rarement expliqué sur place.

La première fois que j’ai poussé cette porte, j’ai surtout remarqué la superposition des couches: sous les vitrines du toreo, tu sens encore l’ombre d’un bureau où l’on tamponnait des consciences. Ce contraste raconte Córdoba comme peu de lieux savent le faire: entre sacré et quotidien, entre rite et commerce. C’est pour cela que comprendre la « maison des indulgences » éclaire mieux le musée actuel — et notre regard sur la ville. Dans la section suivante, on déroule la chronologie, de l’indulgence au patrimoine taurino.

De la Casa de las Bulas aux salles du toreo moderne

Au XVIIIe siècle, la demeure devient la Casa de las Bulas, active jusqu’à la fin du XIXe. Puis virage complet: au milieu du XXe siècle, l’édifice accueille le Musée Municipal d’Artisanat et d’Arts cordouans, impulsé par le maire Antonio Cruz Conde. L’idée était belle — préserver l’art des patios, de la filigrane, des étoffes — mais l’état du bâtiment et des collections exigea une fermeture en 1981.

Deux ans plus tard, après une restauration, réouverture comme Musée Taurino. La ville a toujours vécu au rythme de la feria et de l’arène; rassembler ce patrimoine avait du sens. Sauf que rebelote: dégradation, fermeture en 2005. C’est la transformation de 2014 qui change tout: structure consolidée, climat muséographique maîtrisé, et surtout un discours contemporain — scènes immersives, graphisme soigné, contextualisation historique. Le résultat? Un lieu du XXIe siècle, capable de parler héritage et débat sans verser dans la nostalgie naïve.

Retenir cette chronologie, c’est lire le bâtiment comme un palimpseste: le papier des bulles, la voix des artisans, puis la mémoire taurine. Et dans la section suivante, on entre justement dans ces objets qui rendent la salle vivante.

Cinq califes, mille objets: une mémoire sans fard

Córdoba a ses « cinq califes » du toreo: Lagartijo, Guerrita, Machaquito, Manolete et Manuel Benítez « El Cordobés ». Ici, leurs silhouettes se racontent par fragments: un traje de luces aux broderies étincelantes, une montera patinée, des banderilles silencieuses, des affiches de feria tirées à l’encre. Devant les photos de Manolete, la lumière paraît se retenir; près des cartels de Guerrita, tu sens l’odeur des imprimeries d’autrefois.

Ce qui m’intéresse le plus, c’est l’angle social: comment une ville construit sa mythologie. Les objets exposés ne sont pas des trophées muets; ils témoignent d’un vocabulaire gestuel, d’un style, d’une économie locale avec ateliers de tailleurs, graveurs, artisans du métal. Et oui, l’institution n’ignore pas les sensibilités contemporaines: on peut aimer l’histoire sans adhérer à la corrida. La visite devient alors un cours accéléré de culture visuelle andalouse.

À guetter lors du parcours:

  • Les tissus: lire leurs points, c’est lire un métier.
  • Les affiches: typographies et encres racontent les époques.
  • Les photos d’arènes: observe l’architecture, pas seulement l’arène.

Dans la section suivante, je te donne les astuces pour une visite futée.

Conseils de visite, nuances et petits secrets locaux

Pour profiter sans bousculade, vise le matin en semaine. Commence par la cour: le patio respire l’Andalousie minérale, parfait pour ancrer la visite. Ensuite, laisse-toi guider par les matériaux: soie, or, papier, acier — le musée se lit comme un livre de matières. Prends le temps de comparer deux trajes: les différences de coupe et de broderie révèlent l’évolution du style.

Juste dehors, la Plaza de Maimónides offre un sas de silence. Profite-en pour relier les points: la Judería, la mémoire juive et savante, puis la maison des indulgences et, enfin, la culture taurine. Cette diagonale raconte l’âme de Córdoba bien mieux que n’importe quel cliché Instagram. Côté pratique: vérifie toujours horaires et tarifs sur le site officiel, ils varient en saison. Et si tu viens en mai, en pleine Fête des Patios, attends-toi à une affluence joyeuse dans tout le quartier.

Dernier clin d’œil: entre deux salles, écoute le murmure de la pierre. Les musées changent d’habits, mais les murs, eux, n’oublient rien.

Questions Fréquentes

Pourquoi le Musée Taurino de Córdoba est-il unique ?

Il superpose trois histoires: indulgences religieuses (Casa de las Bulas), artisanat local, et patrimoine taurino. Ce mélange d’usages successifs donne un regard riche sur la ville et ses pratiques culturelles.

Que signifiaient les « Bulas de la Santa Cruzada » ?

Ce sont des dispenses d’origine pontificale, vendues contre paiement, permettant des indulgences (par exemple, manger de la viande les jours interdits) et réduisant des peines temporelles. Elles ont marqué la vie quotidienne pendant des siècles.

Que voir absolument dans le musée ?

Les trajes de luces des « cinq califes », les affiches anciennes de feria, et les photographies historiques. Observe aussi la scénographie récente: elle éclaire les objets sans les figer et contextualise chaque époque.

Le musée convient-il à tous, même si on n’aime pas la corrida ?

Oui. On peut y aborder l’histoire, l’artisanat, l’iconographie et la société sans adhérer à la pratique taurine. C’est un lieu patrimonial, plus analytique qu’apologétique, accessible aux visiteurs curieux et nuancés.

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