Pourquoi “Carta Blanca” ose enfin la guerre du Rif – et ce que le désert andalou raconte à Córdoba

Groupe de soldats en uniforme ancien avançant prudemment dans un désert andalou au lever du soleil.

TL;DR

  • 🎬 Un thriller andalou qui ose enfin la guerre du Rif
  • 🏜️ Le désert devient personnage-clé, entre beauté et violence
  • 🧭 Un film qui parle mémoire, éthique… et nous concerne à Córdoba

Guerre du Rif et cinéma andalou, tu y as pensé ? Ce thriller de Gerardo Herrero, tourné à Tabernas, remet en lumière un passé oublié. Je t’explique pourquoi ça nous parle ici, à Córdoba, et ce que promet réellement l’adaptation de Lorenzo Silva.

Est-ce que tu savais que la guerre du Rif a (presque) disparu du cinéma espagnol ?

On parle souvent d’Andalousie pour ses patios et son flamenco, beaucoup moins pour ses cicatrices historiques. “Carta Blanca”, le nouveau thriller de Gerardo Herrero, débarque là où peu osent: la guerre du Rif. Adapté du roman de Lorenzo Silva (Prix Primavera 2004), le film suit un peloton de légionnaires mené par un sergent consumé par la vengeance, prêt à tout après le désastre d’Annual. Le pitch claque, mais c’est surtout l’intention qui compte: raconter un épisode « peu connu » où un commandement donne carte blanche — et observe la spirale.

Ce n’est pas qu’une histoire de soldats: c’est une histoire de responsabilité. Herrero le dit clairement: toutes les grandes cinématographies ont traversé leurs zones d’ombre; la nôtre doit regarder en face cette dernière guerre au-delà des frontières. C’est pour cela que ce projet intrigue. Dans la section suivante, on plonge dans le décor andalou — un acteur à part entière.

Tabernas, un Maroc de cinéma: beauté sèche et réalisme rugueux

Sept semaines de tournage dans le désert de Tabernas (Almería) et sur les terres rouges d’Alquife (Grenade): un choix qui n’est pas qu’esthétique. L’Andalousie sait jouer les grands rôles de substitution — ses reliefs et sa lumière composent un Maroc crédible, mais c’est l’économie du plan-séquence qui frappe: vent, poussière, silence minéral. Tabernas, ex-cathédrale des westerns, devient ici un laboratoire moral. Moins de chevalerie, plus d’ambiguïté.

Le soutien régional (RTVE, Canal Sur, ICAA, Junta de Andalucía, Diputación de Almería) ancre le film dans un écosystème qui assume sa mémoire. Et ça change tout: quand la production dialogue avec le territoire, le décor cesse d’être carte postale pour devenir preuve. Alquife offre des textures métalliques, Tabernas des horizons sans refuge: parfait pour un récit de mission impossible. Ensuite, voyons ce que promet la dramaturgie: personnages, dilemmes et cette fameuse « carte blanche ».

Personnages sous pression: la “carte blanche” comme piège moral

Au centre, deux forces qui s’entrechoquent: Juan Faura, le jeune engagé, et le sergent Bermejo, porté par la rage après Annual. Le scénario (Daniel Corpas et Lorenzo Silva) s’annonce frontal: une razzia ordonnée, une ligne rouge franchie, et la montée d’une violence qui devient folie. Rien de décoratif ici: la guerre réduit l’espace, mais élargit les dilemmes. Qui obéit? Qui résiste? Qui raconte après coup?

La promesse de cinéma tient dans ce triangle: paysage hostile, chaîne de commandement, pulsion de vengeance. Si le casting (Iván Pellicer, Víctor Clavijo, Salva Reina, entre autres) donne corps à l’époque, la mise en scène pourra créer ce vertige où chaque dune devient un choix moral. C’est pour cela que “Carta Blanca” pourrait dépasser le film historique pour rejoindre les œuvres qui interrogent: qu’est-ce qu’un ordre juste? Dans la prochaine section, zoom sur Córdoba: pourquoi cette histoire résonne-t-elle ici, chez nous?

Córdoba en filigrane: mémoire, débats et pistes pour s’informer

Tu te demandes le lien? Simple: la mémoire de la guerre du Rif traverse l’Andalousie. Beaucoup de familles ont des fragments d’histoires — lettres, photos, silences. À Córdoba, la Filmoteca de Andalucía (au cœur de la ville) est un lieu idéal pour des cycles et débats quand le film sortira: contextualiser, comparer, questionner. On peut aussi fouiller les bibliothèques locales pour des fonds de presse d’époque et des études sur Annual.

Conseil pratique: relire le roman de Lorenzo Silva avant la sortie, pour sentir la matière narrative. Envie d’un repérage ciné-touristique? De Córdoba à Tabernas, compte environ 3h30 par l’A-45/A-92: parfait pour un week-end qui mêle paysages, musées locaux et discussion sur ce que le film remue. Dans la prochaine section, quelques clés pour suivre le projet et prolonger l’expérience intelligemment.

Comment le voir, que lire, où prolonger l’expérience andalouse ?

Le tournage se tient en Andalousie; la sortie n’est pas encore annoncée. Suis les canaux de la production (Tornasol Media) et les programmations des festivals espagnols: un passage par Málaga ou Séville serait logique, avant une diffusion appuyée par RTVE et Canal Sur. À Córdoba, guette les cycles de la Filmoteca: parfaits pour revoir l’histoire avec du recul critique.

Pour aller plus loin:

  • Lire: le roman “Carta blanca” pour la nuance et la documentation.
  • Comparer: essais récents sur Annual et l’armée espagnole au XXe siècle.
  • Regarder: films andalous tournés en milieux arides, pour comprendre l’esthétique du réel.

C’est parce que “Carta Blanca” promet une discussion adulte — histoire, éthique, cinéma — qu’on a hâte. Et s’il réussit, il deviendra, depuis l’Andalousie, un repère sur la carte sensible du cinéma espagnol.

Questions Fréquentes

Quand sort le film “Carta Blanca” au cinéma ?

La production est en tournage en Andalousie. Aucune date officielle n’a été communiquée au moment d’écrire ces lignes. Le plus sûr est de suivre les annonces de la production et des festivals espagnols.

Où a été tourné “Carta Blanca” exactement ?

Le film se tourne principalement dans le désert de Tabernas (Almería) et à Alquife (Grenade), sur environ sept semaines. Ces paysages andalous incarnent l’aridité et la tension nécessaires au récit.

De quoi parle “Carta Blanca” sans spoiler ?

C’est l’adaptation du roman de Lorenzo Silva: un peloton de la Légion, mené par un sergent en quête de vengeance après le désastre d’Annual, reçoit « carte blanche » pour une mission au Rif — avec toutes les dérives que cela implique.

Quel est l’intérêt pour Córdoba et le public andalou ?

Au-delà du décor, le film ouvre un débat sur une mémoire régionale longtemps tue. À Córdoba, la Filmoteca de Andalucía et les réseaux culturels locaux offrent un cadre idéal pour contextualiser, discuter et transmettre ce pan d’histoire.

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