Córdoba, sculptures et signaux secrets : Salvador Morera comme vous ne l’avez jamais vu

View into an art gallery with paintings on display.

TL;DR

  • 🎨 Morera bouleverse les codes avec le cuivre et la peinture
  • 🌀 Son exposition révèle un dialogue inédit entre forme et matière
  • 💡 L’art cordouan y trouve une réinvention courageuse après la pandémie

Vous croyez tout savoir sur l’art contemporain cordouan ? Attendez de découvrir ‘Señales’ au Centre Botí ! L’expo de Salvador Morera mêle cuivre, peinture et émotions nées d’un isolement inattendu. Jamais son dialogue entre sculpture et toile n’a été aussi vibrant ni intime.

Quand l’isolement devient source : la genèse unique de ‘Señales’

Entrer dans le Centre de Arte Rafael Botí en ce début d’été 2025, c’est être happé par une atmosphère à la fois familière et étrangement nouvelle. J’ai connu Salvador Morera sous bien des facettes – sculpteur touche-à-tout, passeur d’émotions brutes ou subtiles –, mais jamais il ne s’était autant mis à nu qu’avec ‘Señales’. C’est peut-être cela qui m’a frappé dès ma première visite : cette sincérité brute née d’un contexte mondial hors du commun.

À première vue, on retrouve certains motifs chers à Morera : des figures presque totemiques (je pense à ‘María La Talegona’), des allusions à l’histoire de l’art (‘Hola, Vincent’)… Mais ce qui bouscule ici, c’est le choix du cuivre comme matériau principal. Plus doux que le fer ou l’acier auquel il nous avait habitués – souvenirs puissants pour ceux qui ont grandi avec ses œuvres publiques dans Cordoue –, le cuivre semble vibrer d’une chaleur humaine accentuée par la pénurie qui frappait l’Espagne pendant la pandémie. Faute d’accès aux matériaux traditionnels, contraint par les blocages logistiques mondiaux, Morera a su transformer la frustration en élan créatif. Et cet élan se ressent dans chaque recoin de l’exposition.

Un dialogue inédit : sculptures qui deviennent peintures

La grande nouveauté – et pour moi la vraie révolution de cette expo –, c’est ce jeu de miroirs entre sculptures et toiles. Pour la première fois dans sa carrière (et Dieu sait combien elle est longue !), Morera expose côte à côte ses œuvres tridimensionnelles… et leur double pictural.

Il ne s’agit pas ici d’une simple « reproduction » peinte des volumes. Les tableaux tirent leur énergie directement du contact avec le cuivre : reflets métalliques transposés en couleurs vives ou gestes rapides inspirés par les torsions du métal. Les mêmes personnages réapparaissent mais plongés dans un environnement mental différent – comme si Morera tentait d’explorer leur monde intérieur après avoir sculpté leur enveloppe physique.

Ce procédé crée un espace ambigu où le spectateur oscille sans cesse entre présence matérielle et évocation imaginaire. J’ai senti là toute la maturité d’un artiste capable de se remettre en question – ce fameux courage créatif si vanté par Gabriel Duque lors du vernissage.

S’ancrer localement pour rayonner universellement

Salvador Morera incarne mieux que quiconque cette tension féconde entre racines locales et audaces universelles. Sa formation rigoureuse (huit ans aux Arts & Métiers de Cordoue), son périple européen jeune adulte puis son retour déterminé dans sa ville natale sont autant d’étapes qui nourrissent sa pratique polymorphe.

Les Cordouans connaissent ses monuments urbains (‘Homenaje a la Paz’, ‘Homenaje al Libro’…) ; mais peu réalisent combien son œuvre dialogue aussi avec les grands courants européens du XXe siècle : impressionnisme transfiguré en cubisme rugueux, touches symbolistes affleurant sous des formes expressives… Aujourd’hui encore, on sent chez lui une volonté rare de pluralité esthétique — fidèle en cela au projet même du Centre Botí voir les autres initiatives ici.

Au fond, ‘Señales’ propose au visiteur une traversée profondément cordouane ET pleinement ouverte sur le monde. La force des œuvres présentées naît justement de cet aller-retour permanent entre mémoire collective (la difficulté partagée lors du confinement) et geste individuel (la quête renouvelée du beau malgré tout).

Transmission artistique & institutions engagées : vers une dynamique renouvelée ?

En soutenant cette exposition mais aussi toute une série d’initiatives jeunes (le fameux Patio de la Botí relancé cet automne…), la Fondation Rafael Botí joue son rôle catalyseur à merveille. Duque l’a martelé : sans appui institutionnel réel — subventions directes aux artistes ET aux associations — il n’y aurait pas ce tissu vivant indispensable au dynamisme culturel local.

Le plus marquant reste toutefois cette volonté affichée de diffuser largement l’art créé ici : grâce au “Botí itinérant”, les œuvres circulent désormais dans toute la province — rapprochant création contemporaine et public parfois éloigné des centres urbains. Un modèle inspirant pour beaucoup, que je rêverais de voir généralisé ailleurs !

« Ceux qui osent transformer leurs contraintes en tremplin créatif sont souvent ceux qui marquent durablement leur époque… »

En sortant du centre Botí ce jour-là, je me suis dit que Cordoue tenait là plus qu’une simple exposition : un manifeste vivant pour un art sans frontières ni peur.

Questions fréquentes

Qui est Salvador Morera ?

Salvador Morera est un artiste plasticien né en 1944 à Peñarroya-Pueblonuevo ; installé à Cordoue depuis plusieurs décennies, il excelle aussi bien dans la sculpture que dans la peinture ou la céramique.

Pourquoi cette exposition s’intitule-t-elle « Señales » ?

Le titre fait référence aux signes que l’artiste perçoit autour de lui durant les moments clés — ici celui du confinement — ainsi qu’au signal lancé vers un renouveau artistique basé sur le dialogue entre matières.

Peut-on visiter gratuitement le Centre Rafael Botí ?

Oui ! L’entrée est libre pour tous publics et permet souvent (hors événements privés) une immersion complète dans les expos temporaires comme permanentes.

Photo by Sol Ponce on Unsplash

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