Córdoba et l’IA : quand un concours de cartels révèle les paradoxes locaux

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Une œuvre générée par IA a gagné un concours à Córdoba… mais la polémique gronde. L’IA menace-t-elle vraiment la tradition cordouane ? Plongée dans le débat.

Entre tradition et modernité : l’affaire du cartel de San Lorenzo

Si vous suivez l’actualité locale, impossible d’échapper à la récente controverse autour du concours de cartels des fêtes de San Lorenzo, à La Rambla (province de Córdoba). Pour beaucoup ici, le cartel festif n’est pas un simple outil publicitaire : c’est une vitrine de notre identité culturelle et artistique. Et pourtant, cette année, c’est une création générée en partie par intelligence artificielle qui a remporté les suffrages du jury — ravivant ainsi une question brûlante : jusqu’où peut-on confier nos traditions aux algorithmes ?

Un héritage cordouan remis en cause

Je me souviens des étés où, enfant, j’attendais fébrilement la révélation du nouveau cartel. Chaque affiche racontait une histoire : couleurs vives inspirées des patios fleuris, silhouettes élégantes des femmes rambleñas en habits de flamenca, monuments emblématiques comme le Torreón du Castillo ou la paroisse Nuestra Señora de la Asunción… Cette année ne fait pas exception sur le papier : l’œuvre récompensée rend hommage à ces symboles.

Mais le parfum d’authenticité est-il préservé quand on sait qu’une part significative du travail a été confiée à une IA ? Le malaise est palpable chez nombre d’artistes locaux qui voient là une dévalorisation de leur savoir-faire artisanal — un savoir transmis au fil des générations, façonné par la main humaine.

L’intelligence artificielle : alliée ou menace pour la culture cordouane ?

Le cas de La Rambla suit celui très médiatisé de Peñarroya-Pueblonuevo, où un détail improbable (une danseuse avec quatre doigts) avait trahi l’intervention d’une IA. Dans les deux cas, le débat s’enflamme autour du rôle que devraient jouer ces technologies dans la création artistique publique.

J’ai échangé avec plusieurs créateurs cordouans qui m’ont confié leurs doutes : « L’IA permet parfois d’accélérer ou d’enrichir notre travail graphique… mais ce n’est plus tout à fait ‘notre’ œuvre si elle ne sort pas entièrement du cœur et des mains humaines ». On sent bien que le sujet dépasse le simple cadre artistique : il touche à l’identité même de nos villages andalous.

À mes yeux, refuser en bloc les outils numériques serait stérile — je vois chaque jour comment certains artisans s’en servent habilement pour sublimer leur créativité ou préserver leur patrimoine (en numérisant archives ou motifs traditionnels par exemple). Mais il y a une différence fondamentale entre outil et auteur : c’est là que se joue la frontière délicate entre inspiration moderne et dilution du sens local.

Pour approfondir cette réflexion sur l’avenir des métiers créatifs face à l’IA, je vous conseille la lecture de cet article éclairant publié par France Culture, qui interroge la légitimité artistique des œuvres générées par intelligence artificielle.

Faut-il revoir nos concours artistiques publics ?

La vraie question posée par cette polémique est celle-ci : nos institutions sont-elles prêtes à repenser les règles pour préserver l’esprit local tout en intégrant l’innovation ? Plusieurs municipalités espagnoles réfléchissent déjà à mieux encadrer l’utilisation de l’IA dans les appels à projet artistiques publics. Certains proposent des catégories distinctes (« œuvre 100% humaine » vs « œuvre assistée par IA ») ; d’autres exigent plus de transparence sur les procédés utilisés.

En tant que Cordouane attachée aux racines profondes de ma région, j’aimerais voir émerger une solution qui ne tourne pas le dos au progrès mais qui place toujours au centre la transmission vivante et sensible des traditions locales. Il est crucial que les jeunes artistes aient voix au chapitre sans être éclipsés par des algorithmes… ni privés non plus des nouveaux outils pouvant enrichir leur palette expressive.

Pour aller plus loin sur les enjeux culturels et juridiques liés à l’IA en Espagne, je recommande aussi cet excellent dossier publié sur El País.

Vivre nos fêtes avec discernement… et curiosité !

Ce débat aurait pu rester cantonné aux cercles artistiques ; il touche désormais chaque habitant désireux de défendre son patrimoine sans se replier sur soi-même. Lors de mon dernier passage à La Rambla, j’ai senti chez les Rambleños autant de fierté que d’interrogations face au célèbre cartel primé : « Est-ce encore nous qu’on célèbre ? » m’a soufflé un vieil habitant devant le Torreón baigné par la lumière dorée du soir.

Alors oui, ce genre d’affaire nous pousse tous — voyageur curieux comme résident passionné — à repenser notre rapport aux traditions dans une Andalousie toujours plus connectée. Peut-être est-ce là aussi l’opportunité rêvée pour inventer ensemble un nouvel art populaire… enraciné mais ouvert sur le monde numérique.

Questions fréquentes

L’IA peut-elle remplacer complètement les artistes locaux dans ces concours ?

Non, car si elle facilite certains aspects techniques ou créatifs, elle ne possède ni vécu ni sensibilité locale. Les artistes restent indispensables pour exprimer l’âme véritable d’un lieu comme Córdoba.

Pourquoi ces polémiques reviennent-elles régulièrement dans la province ?

Parce que Córdoba cultive un rapport viscéral avec ses traditions visuelles : chaque affiche festive touche au cœur identitaire régional. Toute évolution suscite donc méfiance… mais aussi débats constructifs !

Que penser si je découvre un cartel « suspect » lors d’un festival andalou ?

Soyez curieux ! Interrogez-vous sur sa genèse et discutez-en avec les habitants — c’est souvent le début d’échanges passionnants autour du patrimoine vivant… digitalisé ou non.

Photo by Daniella Pienaar on Unsplash

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