12 Et si Córdoba révélait ses vérités à qui sait regarder au-delà du visible ? Plongez dans une exploration sensible, guidée par l’essai "La mirada enferma".Voir Córdoba autrement : une invitation à la lucidité En arpentant les ruelles blanches de la Judería ou en contemplant la couronne dorée de la Mezquita au crépuscule, j’ai souvent réfléchi à ce que signifie « voir » vraiment sa ville. L’arrivée de l’essai « La mirada enferma » d’Antonio Manuel, professeur cordouan et auteur engagé, m’a rappelé combien nos regards peuvent être piégés par l’habitude ou altérés par les discours dominants. Aujourd’hui plus que jamais, Córdoba réclame une vision neuve — lucide mais empathique — face aux défis sociaux et culturels contemporains. De la beauté évidente… au sens caché On admire tous les dentelles de pierre et le parfum du jasmin en mai. Pourtant, combien d’entre nous s’attardent sur le bruissement discret d’une conversation entre voisins place de la Corredera ? Sur le graffiti poétique sur un vieux mur du quartier San Basilio ? Ce sont ces petits détails – souvent invisibles à l’œil pressé ou formaté – qui disent l’âme réelle de Córdoba. Antonio Manuel nous invite à questionner notre regard : est-il libre ou conditionné par les narrations collectives qui opposent, excluent ou effraient ? Il rappelle que le patrimoine ne vit qu’à travers ceux qui le vivent, l’interprètent et osent le réinventer. Démocratie en miroir : entre peur et ouverture L’auteur soulève une problématique universelle mais très ancrée ici : comment des sociétés autrefois symboles de coexistence – souvenons-nous du Califat multiculturel ! – glissent-elles aujourd’hui vers des récits de méfiance ou de repli identitaire ? En 2025, dans un contexte mondial parfois anxiogène, Córdoba n’échappe pas à ces tensions. Je le ressens dans certains débats publics où la différence suscite inquiétude plus que curiosité. Mais la ville nous enseigne aussi autre chose : partout se rencontrent traces juives, chrétiennes et musulmanes — mosaïque vivante, fragile mais persistante. Comme le souligne Antonio Manuel, c’est dans cette acceptation de la diversité et ce choix conscient d’empathie que résident nos plus grandes forces. Vous pourriez être interessé par Zarzuela à Córdoba : un trésor lyrique enfin révélé 16 mai 2025 Rufus T. Firefly à Córdoba: L’événement à ne pas manquer! 17 avril 2025 Prendre soin du regard collectif Cela commence modestement : s’intéresser aux histoires personnelles derrière chaque porte ornée d’un patio ; écouter avec bienveillance les opinions qui divergent. C’est là un véritable acte démocratique – un art de vivre ensemble hérité des meilleures heures andalouses. L’art comme antidote : créer pour guérir Ce qui m’a touchée dans « La mirada enferma », c’est cette foi profonde en la création artistique comme remède à nos aveuglements. Pour Antonio Manuel (et pour moi aussi), l’art est plus qu’un ornement urbain : il éclaire les zones d’ombre, relie les mémoires individuelles et offre des passerelles inattendues entre générations ou cultures. À Córdoba, cela se traduit par mille initiatives locales : concerts improvisés sous les arcades du Potro ; ateliers où jeunes graffeurs dialoguent avec anciens artisans du cuir ; festivals mêlant poésie arabe contemporaine et traditions flamencas ancestrales (Festival Internacional de Música Sefardí). Créer son propre chemin sensible Voyager ici (même quand on y habite !) devient alors un acte personnel : choisir ses itinéraires selon ce qui touche notre sensibilité plutôt qu’en suivant uniquement les parcours officiels. Oser sortir des sentiers battus pour s’ouvrir aux surprises — voilà le secret des plus belles découvertes cordouanes. Redécouvrir Córdoba avec « La mirada enferma » en tête : conseils pratiques & réflexions pour voyageurs éveillés Prenez le temps lors de votre balade au coucher du soleil sur le Puente Romano ; observez les passants autant que les pierres. Entrez sans crainte dans les patios privés ouverts pendant le Festival (en mai), échangez quelques mots avec leurs habitants : leur histoire est celle de la ville ! Lisez quelques pages d’Antonio Manuel avant votre visite (certains extraits sont accessibles via Ánfora Nova), cela donnera une saveur nouvelle à vos flâneries. Interrogez-vous sur vos propres filtres : quels préjugés apportez-vous peut-être avec vous sur Córdoba ou l’Andalousie ? Quelles histoires aimeriez-vous ramener chez vous ? Participez à un atelier créatif (calligraphie arabe, céramique mudéjar) pour renouer avec la main qui façonne et l’esprit qui relie. « Il n’y a pas de vraie rencontre sans écoute ni question », écrivait mon grand-père cordouan. C’est sans doute là tout l’esprit du livre… et celui que je tente d’incarner dans mes explorations quotidiennes. Quand héritage rime avec engagement : quelles pistes pour demain ? L’avenir de Córdoba dépendra beaucoup moins des politiques patrimoniales que de notre capacité collective à aiguiser notre regard. Sensibiliser dès l’école au pluralisme historique local ; encourager rencontres interculturelles régulières ; soutenir artistes émergents venus d’horizons variés… Voilà des leviers concrets pour éviter que notre « regard » ne tombe malade lui aussi ! L’essai « La mirada enferma » n’apporte pas toutes les réponses mais pose des questions brûlantes auxquelles chaque promeneur peut contribuer par sa curiosité et son respect vivant du passé autant que du présent. Questions fréquentes Où se procurer "La mirada enferma" lors d’un séjour à Córdoba ? Vous pouvez trouver cet essai dans plusieurs librairies indépendantes du centre historique (notamment Luque ou Títere), ainsi qu’en ligne via Ánfora Nova. Demandez conseil aux libraires : ils adorent échanger sur ce type d’ouvrage ! L’essai est-il accessible si je ne connais pas bien l’histoire locale ? Oui ! Antonio Manuel écrit dans une langue claire et sensible, rendant ses réflexions accessibles même sans connaissances approfondies en histoire. Son style poétique invite chacun·e à entrer doucement dans ses thèmes. Quels lieux cordouans illustrent le mieux cette “nouvelle manière” de regarder suggérée par Antonio Manuel ? Les patios privés habités (hors saison touristique), certains ateliers d’artisans dans San Lorenzo ou encore les fresques contemporaines près du Guadalquivir offrent chacun une expérience authentique si on prend vraiment le temps… N’hésitez pas non plus à engager la conversation autour d’un café Plaza del Potro ! Photo by Guillaume de Germain on Unsplash Démocratiefête du livrePoésie 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Córdoba et Dinamomusic : l’énergie cachée des concerts à ne pas manquer entrée suivante Córdoba et l’inspiration du Infinity Train : quand la gravité révolutionne les transports A lire aussi Orchestre de Cordoue : tu le savais ?... 5 septembre 2025 Cordoue, où l’amitié ressemble à un crush: voilà... 5 septembre 2025 Filmoteca de Andalucía à Cordoue : tu le... 4 septembre 2025 À Cordoue, Romero de Torres vs Warhol: tu... 4 septembre 2025 Sorolla revient avec une plage oubliée: ce que... 3 septembre 2025 Córdoba, résidence bretonne: mon carnet d’initié pour une... 3 septembre 2025 Arcana à Córdoba: la Mezquita chuchote une élégance... 2 septembre 2025 Córdoba et le violon flamenco: le retour fiévreux... 1 septembre 2025 Pozoblanco, deux générations en une nuit: Alvama Ice... 1 septembre 2025 À Córdoba, mon détour par le hangar “Eiffel”... 1 septembre 2025