Córdoba face au défi du logement saisonnier : secrets d’une hôtelière locale

a large body of water surrounded by mountains

Savez-vous pourquoi les petits bars de Córdoba raccourcissent leurs horaires ? Derrière ce choix, un vrai casse-tête : le logement saisonnier des employés.

Le paradoxe du tourisme à Córdoba : une ville animée… mais en quête de serveurs

Si vous me suivez depuis quelque temps sur Escapade à Cordoue, vous savez combien j’aime décrire l’effervescence des rues cordouanes lors des beaux jours. Pourtant, derrière les façades blanches de la Judería ou les patios fleuris du centre historique se cache une réalité plus nuancée : celle du recrutement et, surtout, du logement des saisonniers dans notre secteur touristique.

Chaque année, Córdoba attire davantage de visiteurs – en 2025, l’Espagne devrait franchir la barre des 98 millions de touristes ! Mais ce succès n’est pas sans conséquence pour ceux qui font vivre nos terrasses et restaurants. À chaque coin de rue, j’entends la même rengaine chez mes amis restaurateurs : comment loger leurs équipes alors que les loyers s’envolent ?

Quand le logement grève la vocation : témoignages et réalités locales

J’ai recueilli pour vous quelques confidences de patrons locaux. José María tient une taverne familiale près de la plaza Corredera ; il m’avoue avoir renoncé à embaucher deux serveuses venues de Jaén car « elles ne pouvaient tout simplement pas se loger sans y laisser leur salaire ». Le prix moyen d’un appartement atteint ici plus de 14 euros/m² – un record si l’on compare aux salaires pratiqués dans la restauration.

Ce problème n’est pas propre à Córdoba : Malaga, Barcelone ou Palma vivent la même tension. Mais chez nous, où le tissu est composé majoritairement de petites structures familiales et non de grandes chaînes internationales comme Meliá ou Barceló, peu peuvent offrir hébergement et avantages attractifs. Les grandes enseignes réservent parfois des chambres à leurs employés l’été… Un luxe inaccessible pour nos petites adresses typiques !

Comment s’adaptent les professionnels cordouans ?

Face à cette impasse, nombre de propriétaires – souvent originaires du quartier comme moi – ont dû trancher dans le vif : réduction des horaires d’ouverture (près de 87% selon Turijobs), menus simplifiés voire fermeture partielle certains jours. Je pense au Bar Santos près de la Mezquita qui ferme dorénavant à minuit au lieu d’1h30 durant la haute saison. Ce choix pèse lourd sur le chiffre d’affaires… mais permet d’éviter l’épuisement des équipes.

Autre stratégie émergente à Córdoba : faire appel massivement aux étudiants locaux ou créer des partenariats avec les écoles hôtelières. J’ai vu fleurir ces derniers mois des offres combinant stage qualifiant + logement temporaire en colocation… mais cela reste marginal face à l’ampleur du phénomène.

Des pistes d’avenir inspirées d’ailleurs — et quelques initiatives inédites andalouses

Certains experts plaident pour une « désaisonnalisation » du tourisme afin d’étaler la demande sur toute l’année. Bonne nouvelle : on observe déjà une extension naturelle de la saison touristique jusqu’à novembre grâce au climat doux et aux fêtes locales (comme la Noche Blanca del Flamenco). Cela pourrait permettre aux travailleurs saisonniers de rester plus longtemps sur place et donc, négocier des locations annuelles plus accessibles.

Des acteurs locaux s’inspirent aussi d’initiatives vues ailleurs en Espagne : construction de logements sociaux destinés aux employés (une idée évoquée notamment aux Canaries) ou création d’accords avec les universités comme celui signé entre PortAventura World et l’Université Rovira i Virgili pour former et héberger les jeunes recrues. À quand un partenariat similaire ici ? C’est une piste dont plusieurs collègues discutent activement avec la Junta d’Andalousie.

Pourquoi ce défi nous concerne tous (et comment chacun peut agir)

En tant qu’habitante passionnée par ma ville, je ressens ce paradoxe jusque dans mon cercle familial. Ma cousine Isabel rêvait cet été d’un job étudiant dans un restaurant typique… mais faute d’offres compatibles avec son budget logement étudiant déjà élevé, elle s’est tournée vers un emploi hors secteur.

Pour les voyageurs avertis comme vous qui souhaitez profiter pleinement de l’accueil cordouan authentique,
je conseille toujours :

  • Préférez visiter Córdoba hors pics touristiques (mai-juin ou septembre-octobre) ;
  • Soutenez les établissements qui valorisent leurs équipes locales ;
  • Soyez indulgents si un service prend un peu plus de temps – c’est souvent le signe qu’on refuse ici le recours au personnel précaire venu de loin sans garanties dignes !

Si vous cherchez à comprendre vraiment notre ville et sa gastronomie vivante,
je vous encourage aussi à lire ce rapport sur le marché locatif espagnol.

Et demain ? Vers une hôtellerie cordouane plus solidaire et durable

Le défi est réel mais il pousse notre communauté à innover. Certains restaurants expérimentent déjà un modèle coopératif autour du logement partagé ou tentent l’intégration progressive des jeunes issus du quartier via apprentissage longue durée. C’est peut-être là que réside notre véritable force andalouse : savoir faire rimer hospitalité avec solidarité.

Je continuerai à explorer ces initiatives pour vous tenir informés — car découvrir Córdoba c’est aussi comprendre ceux qui lui donnent vie chaque jour.

Questions fréquentes

Pourquoi trouve-t-on moins de personnel dans certains bars cet été ?

Le manque de logements abordables empêche nombre d’employés venus d’ailleurs de travailler ici durant la haute saison ; beaucoup préfèrent ainsi limiter leurs horaires plutôt que recourir à du personnel précaire non logé correctement.

Existe-t-il des solutions concrètes mises en place par la ville ?

Certaines entreprises testent désormais stages rémunérés avec hébergement ou partagent des appartements entre salariés ; toutefois ces mesures restent ponctuelles face au besoin global.

Voyager hors saison aide-t-il vraiment ?

Oui ! Venir en mai/juin ou septembre/octobre permet non seulement d’éviter les foules mais aussi soutenir une activité plus stable et équitable pour tous les habitants.

Photo by Free Nomad on Unsplash

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