Islande et tourisme : vers un nouvel équilibre durable à ne pas manquer

A desert landscape with mountains in the distance

Saviez-vous qu’en Islande, la gestion du tourisme passe désormais par une fiscalité innovante ? Découvrez pourquoi ce virage intrigue tout le monde.

L’Islande face à son succès : quand le tourisme force à repenser l’équilibre

Si l’on m’avait dit il y a quelques années que l’Islande, ce joyau nordique aux paysages lunaires et à la nature farouchement préservée, deviendrait un terrain d’expérimentation pour une nouvelle politique touristique… Je n’y aurais peut-être pas cru. Pourtant, en tant qu’amateur de voyages authentiques et fervent défenseur des terroirs locaux, je suis fasciné par la tournure que prend aujourd’hui la relation entre l’Islande et ses visiteurs. À Cordoue comme à Reykjavik, la question est brûlante : comment concilier accueil chaleureux et respect de l’équilibre local ?

Explosion du tourisme : bénédiction ou fardeau ?

Depuis 2010, le nombre de touristes en Islande a augmenté bien plus vite que le nombre de moutons ! Passant d’à peine 1,77 million de visiteurs à près de 2,5 millions attendus en 2026 (source Statista), cette croissance spectaculaire apporte son lot de devises mais aussi de tensions. En 2023 déjà, le secteur représentait 8,5% du PIB islandais. Un poids économique indéniable… mais qui inquiète les habitants lorsque les infrastructures saturent et que les sites naturels souffrent d’une surfréquentation.

Quand la taxe devient un outil d’équilibre

Le gouvernement islandais n’est pas resté les bras croisés. Dès janvier 2024, il a réintroduit une taxe touristique applicable aux hôtels (4 € par nuitée) et élargi la mesure aux croisiéristes et campeurs. Loin d’être punitive à ses débuts – une sorte de mise en bouche fiscale –, cette contribution vise surtout à responsabiliser le voyageur et financer l’entretien des sites naturels. Une première dans un pays où l’hospitalité reste une valeur cardinale.

Mais ce n’est que le début : selon l’ancien Premier ministre Bjarni Benediktsson, une réforme plus ambitieuse se prépare. L’idée ? Faire payer davantage « l’utilisateur » en fonction de la saison ou de la pression exercée sur les « imanes touristiques » (pensons au fameux Blue Lagoon ou aux geysers de Geysir). Ce système flexible permettrait d’ajuster les flux pour préserver non seulement la nature mais aussi la tranquillité des résidents.

« Il ne s’agit pas de décourager les voyageurs curieux mais bien d’inviter chacun à devenir acteur du respect du territoire. »

S’inspirer ou s’inquiéter ? Leçons pour Cordoue et ailleurs

En tant que guide gourmand à Cordoue, je vois là une source d’inspiration précieuse. À chaque printemps lors du festival des patios fleuris ou au cœur des rues animées autour de la Mezquita, nous sommes confrontés aux mêmes enjeux : comment préserver notre patrimoine sans sacrifier ni l’économie locale ni la qualité de vie ?

L’exemple islandais propose une piste : sortir d’un modèle où « le visiteur profite sans contrepartie » pour instaurer un pacte plus équilibré. La clé ? Transparence sur l’utilisation des fonds collectés (restauration des chemins balisés, gestion écologique des déchets…), pédagogie auprès des voyageurs et adaptation fine selon les saisons ou événements exceptionnels.

Pour aller plus loin sur ces enjeux : L’approche responsable du tourisme selon l’OMT.

Tourisme intelligent : pistes concrètes venues du Nord… adaptées au Sud ?

Je me suis souvent retrouvé dans des villages andalous désertés en hiver puis envahis dès avril. Ce contraste saisonnier pose exactement le même dilemme qu’en Islande : comment répartir la fréquentation sans tuer ce qui fait l’âme du lieu ?

Parmi les solutions testées par Reykjavik ou Akureyri :

  • Modulation tarifaire selon la période (haute/basse saison).
  • Capacité limitée sur certains sites ultrasensibles (volcans actifs après éruption par exemple).
  • Signalétique pédagogique incitant au respect des usages locaux.
  • Investissement dans les mobilités douces pour limiter l’empreinte carbone.
  • Consultation citoyenne régulière sur la gestion touristique.

Ce qui fait toute la différence ? La volonté assumée d’impliquer habitants ET visiteurs dans un effort commun pour préserver ce qui rend chaque destination unique.

Mon ressenti après plusieurs séjours en Islande (et ailleurs)

J’ai eu la chance de parcourir les fjords isolés comme le Cercle d’Or bondé. Rien ne vaut un moment partagé avec un fermier autour d’un skyr maison ou une randonnée matinale loin du flot des cars. Mais combien d’endroits risquent aujourd’hui de basculer sous le poids de leur propre succès ? C’est là que j’applaudis le pragmatisme islandais : mieux vaut anticiper que réparer trop tard.

À mes yeux, si Cordoue venait à expérimenter ce type d’approche – moduler les entrées lors du festival des patios par exemple –, cela renforcerait encore notre capacité à offrir une expérience sincère ET durable.

Pour approfondir sur les bonnes pratiques européennes : Initiatives contre le surtourisme en Europe

Des défis communs, des réponses variées… mais convergentes ?

Venise taxe ses excursionnistes journaliers ; Barcelone limite les locations saisonnières ; Amsterdam bannit certains groupes bruyants… Partout où afflue le monde entier naissent ces compromis délicats entre vitalité économique et protection sociale/environnementale.
L’avantage islandais réside dans sa taille humaine et sa capacité à tester rapidement des modèles originaux – parfois plus facilement qu’à Cordoue ! Reste néanmoins cet enjeu universel : comment faire accepter au visiteur qu’il doit contribuer activement au maintien d’un art de vivre local ?

Cela passe par beaucoup plus que quelques euros ajoutés sur une facture d’hôtel : il s’agit surtout d’éduquer subtilement nos hôtes aux réalités locales et à leur fragilité.

« Être touriste éclairé aujourd’hui suppose autant de curiosité… que d’humilité ! »

FAQ – Le coin des questions fréquentes sur le tourisme durable en Islande (et ailleurs)

Pourquoi l’Islande choisit-elle maintenant d’alourdir ses taxes touristiques ?

Les autorités constatent une saturation progressive de certains lieux emblématiques ainsi qu’une pression croissante sur leurs ressources naturelles et sociales. Ces taxes servent donc directement à financer leur préservation tout en modulant intelligemment les flux touristiques selon les saisons.

Est-ce que ces nouvelles taxes vont vraiment décourager les voyageurs ?

Le but n’est pas tant de réduire drastiquement la fréquentation que de sensibiliser chacun au coût réel du voyage pour le territoire visité. D’autres destinations ayant appliqué ce modèle ont constaté peu d’impact négatif sur leur attractivité globale.

Peut-on transposer ce modèle fiscal dans des villes comme Cordoue ?

Chaque contexte est unique mais certains outils sont adaptables : modulation saisonnière des droits d’entrée lors d’événements phares, transparence sur l’usage des recettes fiscales ou développement accru du slow tourism peuvent renforcer durablement notre patrimoine local.

Photo by Adrien Milcent on Unsplash

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