Córdoba et le cinéma mondial : Ce que « The Battle At Lake Changjin » révèle sur nos récits de guerre

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Saviez-vous qu'un film chinois a détrôné Hollywood comme plus grand succès de guerre ? Plongez dans l'étonnant impact culturel de "The Battle At Lake Changjin".

Quand la Chine bouscule les codes du box-office mondial

En tant que journaliste curieuse de tout ce qui façonne notre regard sur le monde, je m’intéresse aussi à la manière dont le cinéma influence nos perceptions culturelles. Vous savez peut-être que "Der Soldat James Ryan" ou "Dunkirk" sont longtemps restés des références incontournables parmi les films de guerre. Pourtant, depuis quelques années, un film venu d’ailleurs fait trembler les classements : "The Battle At Lake Changjin".

Sorti en 2021, ce long-métrage chinois a non seulement battu des records financiers avec plus de 905 millions de dollars au box-office mondial, mais il est aussi devenu le film non-anglophone le plus rentable de l’histoire. Ce succès retentissant soulève bien des questions sur les récits dominants et la place croissante du cinéma asiatique.

L’histoire derrière « The Battle At Lake Changjin » : propagande ou chef-d’œuvre ?

L’intrigue du film se déroule lors de la bataille du lac Changjin (ou Chosin Reservoir), un épisode crucial de la guerre de Corée où les troupes chinoises affrontèrent l’armée américaine. Commandé par plusieurs organismes gouvernementaux chinois et dirigé par trois géants du cinéma asiatique – Tsui Hark, Chen Kaige et Dante Lam – ce projet colossal (200 millions USD de budget !) affiche clairement sa volonté de renforcer le sentiment national en Chine.

Certains critiques occidentaux y voient une œuvre ouvertement propagandiste. Le Guardian n’hésite pas à parler d’une "propagande pure, parfois presque comique". Cependant, réduire ce phénomène à son seul message officiel serait passer à côté d’un mouvement beaucoup plus profond dans la société chinoise contemporaine.

Le miroir du succès : pourquoi un tel engouement ?

Ce qui me frappe, c’est à quel point ce film cristallise des aspirations nationales. Dans un contexte où l’industrie cinématographique mondiale s’occidentalise moins qu’on ne l’imagine depuis nos salons européens, "The Battle At Lake Changjin" offre au public chinois une fresque identitaire épique.

Mais ce succès n’est pas anodin : il traduit une soif croissante pour des histoires locales racontées par des voix authentiques. En tant que Cordouane habituée à voir ma ville représentée sous différents angles touristiques ou historiques, j’y retrouve un enjeu universel : celui du droit à raconter sa propre histoire sans filtre extérieur.

Et si Córdoba se racontait ainsi ? Réflexions personnelles

Imaginez un instant : que donnerait une superproduction internationale centrée sur nos propres héros locaux ? La Mezquita-Catedral défendue pied à pied lors d’invasions passées, ou l’aventure palpitante des artisans des patios reconnus patrimoine mondial… L’impact sur notre fierté collective serait immense !

Les débats entourant le film chinois montrent toutefois les risques d’un récit trop uniforme ou idéologisé. Pour nous qui partageons chaque jour les multiples facettes d’Andalousie avec le monde francophone via Escapade à Cordoue, il est vital de croiser les regards et d’encourager la nuance.

Les dessous économiques : vers un nouveau leadership culturel ?

Au-delà du contenu même du film, c’est toute la mécanique économique mondiale du divertissement qui se transforme sous nos yeux. Avec deux blockbusters en tête du classement international en 2021 (le second étant « Spider-Man: No Way Home »), la Chine affirme sa capacité non seulement à produire pour son public local mais aussi à influencer l’échiquier global.

Pour ceux qui veulent creuser ces mutations, je recommande la lecture approfondie d’analyses économiques comme celles proposées par Le Monde diplomatique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Hollywood n’a plus le monopole du soft power cinématographique… et cela résonne jusque dans notre façon d’accueillir les visiteurs étrangers ici même à Cordoue.

Un regard andalou sur les récits collectifs contemporains

En explorant les quartiers historiques de Córdoba ou en arpentant des métropoles asiatiques lors de mes voyages-reportages, je constate combien chaque société cherche aujourd’hui à affirmer ses racines via le récit collectif — que ce soit au cinéma ou lors des fêtes traditionnelles locales.

La réussite spectaculaire (et controversée) de "The Battle At Lake Changjin" interroge donc notre propre rapport aux légendes fondatrices. Comment préserver authenticité et pluralité face aux tentations simplificatrices ? Ici en Andalousie comme ailleurs, c’est souvent dans la diversité des récits partagés — avec leurs zones d’ombre comme leurs éclats — que se tisse une culture véritablement vivante.

À méditer pour nos prochaines escapades culturelles…

Le cas unique de ce blockbuster chinois démontre que voyager — physiquement ou via l’écran — reste avant tout affaire de curiosité et d’ouverture aux multiples vérités du monde. Laissons-nous surprendre par ces nouveaux courants venus d’Asie ; ils pourraient bien inspirer demain nos propres manières de transmettre Cordoue au reste du globe…

Questions fréquentes

Pourquoi « The Battle At Lake Changjin » est-il considéré comme controversé ?

Parce qu’il a été commandé directement par les autorités chinoises pour promouvoir une vision nationale spécifique ; certains y voient un outil politique plus qu’une simple œuvre artistique.

Le film sera-t-il diffusé en France ou en Espagne ?

Sa sortie reste très limitée hors Chine pour l’instant ; quelques festivals européens l’ont projeté mais aucune distribution grand public n’est prévue début 2025.

Y a-t-il des équivalents andalous ou espagnols dans le cinéma historique ?

Oui ! Des films comme « La Guerre Civile espagnole » ou « Carmen » offrent eux aussi une relecture engagée mais toujours passionnante de moments-clés nationaux.

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