Paco León et la révolution du genre : regards croisés entre cinéma, identité et luttes collectives

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Envie de découvrir comment Paco León et Lux Pascal bousculent les genres au cinéma ? Plonge avec moi dans l’envers vibrant de Miss Carbón !

Une rencontre qui bouleverse les frontières : le cinéma comme miroir des évolutions sociales

En tant que Cordouane passionnée par les croisements entre culture et identité, je ne pouvais pas passer à côté de "Miss Carbón", ce film singulier signé Agustina Macri. Ce n’est pas seulement une histoire argentine sur fond de mine patagonienne ; c’est un manifeste vivant sur la puissance du collectif, l’affirmation de soi et le renouveau du regard porté sur les genres. Paco León — que j’ai eu l’occasion d’écouter lors d’une table ronde à Séville en 2023 — incarne à merveille ce rôle d’"ingénieur témoin", catalyseur du changement aux côtés de Carlita (interprétée par la fascinante Lux Pascal). Leur duo m’a particulièrement frappée par sa sincérité et sa justesse.

À travers leur jeu tout en nuances, on ressent comment le cinéma européen s’imprègne désormais des luttes LGBTQIA+, dépassant la simple représentation pour interroger nos propres préjugés. Et si Cordoue semble loin de la Patagonie, ces histoires résonnent ici aussi : elles rappellent que chaque ville possède ses légendes… et ses barrières à faire tomber.

De Río Turbio à l’Andalousie : une universalité des combats invisibles

Río Turbio évoque un bout du monde perdu entre vent glacial et poussière noire. J’ai repensé aux villages miniers autour de Linares ou Peñarroya-Pueblonuevo près de Cordoue : mêmes solidarités masculines, mêmes mythes qui cantonnent les femmes — ou toute personne non conforme — hors des espaces supposés réservés. La performance sensible de Lux Pascal redonne voix à toutes celles qu’on n’entend pas d’ordinaire. En 2025, alors que les débats sur l’inclusivité battent leur plein en Espagne comme en France, ce récit nous rappelle combien il reste à faire pour reconnaître toutes les identités dans leur dignité.

La communauté trans féminine décrite dans le film m’a rappelé certaines rencontres dans des bars cachés du centre cordouan, où se tissent des liens salvateurs entre exclu·e·s du système. On pense souvent qu’il suffit d’un acte militant spectaculaire ; pourtant, comme le souligne Paco León lui-même : « Carlita avance sans fracas, portée par l’évidence d’être elle-même ». Quelle belle leçon d’humilité !

Acteurs d’aujourd’hui : Lux Pascal, Cole Escola… Un vent nouveau souffle sur la scène internationale

L’apparition de figures comme Lux Pascal — issue de Juilliard, rien que ça ! — ou Cole Escola (récompensé aux Tony Awards pour avoir incarné une femme sans assignation stricte) illustre bien cette révolution silencieuse. Comme María parlant aux voyageurs avides d’expériences authentiques à Cordoue, ces artistes offrent autre chose qu’un discours formaté : ils invitent chacun à repenser la notion même de talent.

Chez nous aussi cette énergie existe : je pense au théâtre Góngora où émergent depuis peu des troupes mêlant acteurs cisgenres et non-binaires. Loin d’être une mode importée, ce mouvement traduit une réalité profonde des sociétés ibériques modernes — refusant qu’on enferme qui que ce soit dans une case figée.

Entre féminisme et luttes trans : convergences nécessaires mais fragiles

Un point m’a touchée dans "Miss Carbón" : si certains collègues mineurs finissent par rejoindre Carlita dans ses revendications syndicales, les employées administratives persistent à l’ignorer. Cette séparation entre féminisme institutionnel et inclusion trans n’est malheureusement pas propre à l’Argentine… Combien de fois ai-je entendu ici encore « c’est compliqué » quand il s’agit d’intégrer pleinement toutes les femmes ?

Pourtant, si j’en crois mes échanges avec des militantes locales — notamment lors du festival AndaluTrans — il existe une conscience grandissante que la force vient toujours du collectif. Paco León a raison : « Les femmes trans ont beaucoup fait pour le féminisme ». Et cela me paraît essentiel à rappeler.

Pour approfondir ces enjeux passionnants autour de l’art et des droits humains en Espagne, je vous recommande cet excellent dossier du ministère espagnol de la Culture ainsi que le rapport annuel ILGA-Europe pour un éclairage plus large sur la progression (et parfois la fragilité) des droits LGBTQIA+ dans nos sociétés.

Le regard intérieur : comment raconter autrement ?

Ce qui distingue vraiment "Miss Carbón", c’est son refus des effets faciles ou dramatiques attendus. Je retrouve là la patte d’Agustina Macri : subtilité extrême – presque pudique – laissant le spectateur remplir les blancs avec sa propre expérience sensible.

C’est aussi ce que je tente modestement sur Escapade à Cordoue lorsque je raconte mes balades dans la Judería ou mes conversations avec ceux qu’on oublie souvent lors des visites classiques. Chacun porte son histoire ; c’est notre responsabilité commune de créer un espace où toutes peuvent se croiser sans jugement.

Conseils pratiques : voir le film… puis ouvrir le débat chez soi ou ailleurs !

• Où voir Miss Carbón ? Le film est sorti en salles espagnoles début 2024 ; surveillez également sa diffusion prochaine en VOD ou festivals francophones.
• Organisez un ciné-débat local après projection : invitez membres associatifs ou étudiants engagés pour enrichir les perspectives !
• Explorez vos propres histoires familiales : demandez autour de vous quels tabous ont existé (ou existent encore), car chaque territoire cache ses "mines invisibles"…
• Pour aller plus loin, renseignez-vous auprès d’associations telles que Fundación Triángulo très active en Andalousie sur ces sujets intersectionnels.

Questions fréquentes

Pourquoi parle-t-on autant du rôle des genres au cinéma aujourd’hui ?

Le cinéma reflète les changements sociétaux ; représenter différents genres permet non seulement de déconstruire des stéréotypes mais surtout d’offrir à chacun·e une place réelle – devant comme derrière la caméra.

Est-ce que Miss Carbón s’adresse uniquement aux personnes concernées par les questions trans ?

Absolument pas ! C’est avant tout une histoire universelle sur le courage face au rejet et sur la nécessité vitale du collectif – tout public peut y trouver matière à réflexion… voire remise en question personnelle.

Peut-on faire un parallèle avec la situation andalouse ?

Oui ! Même si le décor diffère, nombre d’obstacles sociaux restent comparables ici – exclusion professionnelle ou familiale notamment –, mais aussi dynamiques solidaires fortes qui rendent possible le changement au quotidien.

Photo by Brock Wegner on Unsplash