13 As-tu entendu parler du complexe monastique chrétien découvert sous la Ronda Norte ? Une plongée fascinante dans le Cordoue oublié t’attend ici.Quand Cordoue dévoile un secret enfoui Parfois, il suffit d’un coup de pelle bien placé pour bouleverser tout ce que l’on croyait savoir sur une ville. C’est exactement ce qui vient de se passer dans ma chère Cordoue, où des fouilles préventives pour la future Ronda Norte ont mis au jour un incroyable complexe monastique chrétien datant du VIIIe siècle. Je te promets, même en tant qu’exploratrice aguerrie de notre patrimoine, j’en ai eu des frissons ! J’aimerais t’inviter à plonger avec moi dans les profondeurs de cette histoire méconnue. Car derrière les murs blanchis à la chaux et les ruelles animées de la Judería, Cordoue conserve encore bien des mystères. Un monastère chrétien… sous domination islamique ? Voilà l’aspect le plus fascinant : ce complexe religieux n’a pas été bâti avant l’arrivée des Omeyyades, mais bien pendant les premières décennies du pouvoir islamique à Qurtuba. Imagine une société en pleine mutation où se côtoient musulmans fraîchement installés, chrétiens mozárabes et une importante communauté juive. L’islamisation ne s’est pas faite du jour au lendemain – loin des idées reçues ! Le pouvoir andalusí de l’époque faisait preuve d’une tolérance relative : tant que l’ordre était respecté (et certains impôts payés), les autres cultes pouvaient coexister avec l’Islam dominant. Ce monastère découvert est donc un témoin concret de cette pluralité religieuse. Le contexte historique : Qurtuba, carrefour des mondes Vers 750-800, Cordoue connaît une transformation rapide : elle passe d’une cité tardo-romaine à la future capitale éblouissante d’Al-Andalus. Les sources historiques évoquent un mélange de traditions où rites wisigothiques et influences orientales s’entremêlent. Les archéologues pensent que le complexe récemment découvert servait non seulement de lieu de culte mais aussi d’accueil et d’apprentissage pour la communauté chrétienne locale. Vous pourriez être interessé par Atelier andalou : vive l’art et l’histoire à Medina Azahara ! 12 mai 2025 Documenta Madrid 2025 : le ciné qui pense 24 avril 2025 Ce type de coexistence n’était pas unique à Cordoue – Tolède ou Séville connaissaient aussi cette mosaïque confessionnelle –, mais notre ville occupe une place toute particulière dans cette dynamique grâce à sa taille et son prestige croissant. « Il faut parfois creuser profondément pour comprendre combien le passé cordouan fut riche en diversités… » Plongée dans les vestiges : Ce qu’on a réellement trouvé Sur le terrain, on découvre des fondations en pierre soigneusement agencées autour d’une grande salle rectangulaire — probablement l’église principale — accompagnées d’annexes plus petites qui pourraient avoir servi de cellules ou d’ateliers scriptoriaux. On a même retrouvé des fragments décoratifs typiquement chrétiens mêlés à quelques éléments réutilisés issus de constructions antérieures romaines ou wisigothiques. J’ai eu la chance exceptionnelle d’échanger avec Juan Serrano, responsable local des fouilles (un vrai puits de science !), qui m’a confié que certains objets – croix gravées sur pierre, lampes liturgiques – pourraient bientôt être exposés au Musée Archéologique de Cordoue. Pourquoi ce site change-t-il notre regard sur l’histoire ? Cette trouvaille balaie beaucoup d’idées toutes faites sur la conversion « éclair » de la population cordouane à l’islam après 711. L’existence concrète d’un monastère actif plusieurs décennies après marque bien cette transition progressive et nuancée. Elle démontre que les communautés chrétiennes ont continué à vivre (et bâtir !) sous administration musulmane. Elle nous force aussi à questionner nos représentations classiques du « choc » entre civilisations : ici c’est plutôt une forme d’osmose partielle. Enfin, cela ouvre mille pistes pour comprendre comment traditions architecturales et rituels religieux ont circulé entre groupes sociaux différents. Pour ceux qui veulent aller plus loin sur ce sujet passionnant, je recommande vivement cet excellent dossier universitaire (en espagnol) sur la coexistence religieuse en Al-Andalus. L’impact sur le patrimoine vivant cordouan aujourd’hui Au-delà du pur intérêt scientifique ou historique, je trouve essentiel qu’on mesure combien ces découvertes résonnent avec notre identité actuelle. Cordoue est encore marquée par cette stratification culturelle unique : chaque fête populaire (la Semaine Sainte comme le Ramadan) est teintée par ce passé partagé. Les habitants sont fiers de leur héritage multiple – mais on oublie trop souvent qu’il fut longtemps « invisible », caché sous nos pieds ! Cette nouvelle fouille invite chacun(e) à regarder différemment nos quartiers nord et interroge la façon dont on protège (ou non…) ces trésors lors des grands projets urbains. Personnellement, je rêve déjà qu’on puisse aménager un parcours pédagogique autour du site pour permettre aux curieux comme toi et moi de revivre cette page oubliée directement sur place… Affaire à suivre ! À quoi s’attendre pour la suite ? Les autorités locales sont face à un dilemme classique : comment conjuguer développement urbain (la fameuse Ronda Norte) et préservation patrimoniale ? Si certaines voix plaident pour déplacer le tracé afin de mettre en valeur ces vestiges exceptionnels, rien n’est encore acté officiellement en 2025. L’enjeu va bien au-delà du débat archéo contre urbanisme : il s’agit finalement de se demander quel futur nous voulons donner à notre mémoire collective. En tant que journaliste passionnée par ma ville natale, je milite sans réserve pour un compromis respectueux — qui permette aux générations futures d’accéder à ce pan méconnu mais fondateur du génie cordouan. Questions fréquentes Peut-on visiter le site archéologique du monastère ? Pour l’instant non : le chantier est réservé aux spécialistes mais des visites guidées seront peut-être proposées quand les travaux seront sécurisés et étudiés plus avant. Qu’apporte vraiment cette découverte sur le plan historique ? Elle prouve que la coexistence religieuse était concrète dans la Cordoue du VIIIe siècle et nuance fortement l’idée reçue d’une islamisation immédiate après 711. Où voir les objets trouvés lors des fouilles ? Certains objets sélectionnés devraient être prochainement présentés au Musée Archéologique Provincial de Cordoue ; renseignez-vous auprès du musée pour suivre les annonces officielles. Photo by Danielle-Claude Bélanger on Unsplash archéologieHistoire 0 FacebookTwitterPinterestThreadsBlueskyEmail María Fernanda González María est notre journaliste voyage basée à Cordoue. En tant que Cordouane et exploratrice du monde, elle possède un talent particulier pour connecter les voyageurs francophones à l'essence de sa ville. Sur Escapade à Cordoue, María partage ses découvertes, ses conseils d'experte locale et ses récits qui donnent vie au patrimoine et à la culture vibrante de Cordoue et de l'Andalousie. Elle explore aussi bien les ruelles historiques de la Judería que les métropoles lointaines, toujours en quête d'histoires qui relient les gens et les lieux. Ses contributions sont une invitation à voir Cordoue à travers les yeux d'une passionnée, offrant des clés pour un voyage enrichissant en Andalousie. entrée prédédente Back to the Future : pourquoi ce film captive Cordoue (et moi) depuis 40 ans ? entrée suivante Mecano à Córdoba : Pourquoi ‘Hija de la Luna’ me fascine tant ? 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